01/02/2011 Après neuf jours de procès, les quatre hommes accusés d'avoir torturé, battu et laissé pour mort Bruno Wiel en 2006 en raison de son homosexualité ont été condamnés à des peines conformes aux réquisitions du Parquet. Le verdict a été rendu. Il est conforme aux réquisitions de l'avocat général puisque les quatre tortionnaires de Bruno Wiel (en photo ci-dessus lors du procès) ont été condamnés vendredi par la Cour d'assises du Val-de-Marne à des peines de 16 à 20 ans de réclusion criminelle, pour avoir lynché et torturé ce jeune homme un soir de 2006 à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) parce qu'il était homosexuel. Fustigeant «un cas d'école de la barbarie» et de la violence homophobe, l'avocat général Benoist Hurel avait requis jeudi de 15 à 20 ans de réclusion, réservant les peines les plus lourdes aux trois accusés qui ont, au cours de ce même été 2006, agressé deux autres personnes dont «l'homosexualité était réelle ou supposée». «C'est un soulagement» Plongé dans le coma quinze jours, hospitalisé sept mois, Bruno Wiel, aujourd'hui âgé de 33 ans, avait dû réapprendre à parler et avait perdu tout souvenir de son agression. «C'est un soulagement c'est fini (…) J'attendais que ce soit bien jugé comme un acte homophobe et ça a été reconnu pour tous», a-t-il déclaré à la sortie de l'audience, tout en regrettant «de ne toujours pas savoir comment son agression s'est déroulée». «Maintenant je vais boire», a-t-il ensuite plaisanté. «Ce qui est important c'est que la tentative d'homicide et l'acte homophobe soient reconnues», a complété son avocate, Me Sophie Maltet. Tout au long des neuf journées d'audience, les accusés, quatre jeunes désœuvrés âgés de 25 à 30 ans, avaient le plus souvent louvoyé et nié la dimension homophobe de leur acte. Facteur déclenchant Condamné à 16 ans de réclusion, Yohan Wijesinghe avait reconnu du bout des lèvres qu'il avait lancé «on n'est pas des pédés» au moment d'asséner la première claque à Bruno Wiel. Ecopant d'une peine de 20 ans, Antoine Soleiman avait été plus explicite. «Il y a eu plusieurs facteurs déclenchants et on ne peut pas nier le fait que l'homosexualité en a été un», avait-il admis. «Ce sont des jeunes gens qui ont été condamnés des peines extrêmement lourdes (…) ils n'étaient pas en mesure de comprendre la gravité de ce qu'ils avaient fait il y a quatre ans et demi», a commenté l'avocate de M. Soleiman, Me Françoise Cotta. «Ils ont affirmé aujourd'hui à l'audience qu'ils avaient été capables de comprendre ce que c'est le respect de l'autre et de la différence», a-t-elle ajouté, regrettant que la Cour n'en ait pas davantage tenu compte. Violence interne Pendant leurs plaidoiries, ses collègues de la défense s'étaient attardés sur l'enfance des accusés, brisée par les violences familiales, parfois les abus sexuels. «Sa violence interne a vomi littéralement sur Bruno Wiel», avait plaidé Me Céline Bouchereau, avocate de David Deugoué N'Gagoué, condamné à 20 ans de réclusion. Partie civile au procès, le président de SOS Homophobie, Bartholomé Girard, a reconnu que les accusés avaient eu des vies «très difficiles» mais a ajouté que cela n'excusait «rien». Exemple «Cette peine exemplaire a une signification lourde: on ne minimise plus l'homophobie comme c'était le cas auparavant. L'homosexualité n'est plus considérée comme une déviance», s'est-il réjoui. Deux autres accusés qui étaient jugés pour leur participation aux deux agressions secondaires de ce procès ont été condamnés à des peines de 2 ans de prison avec sursis et huit ans de prison. Les accusés ont dix jours pour faire appel. |
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