02/02/2011 Une quinzaine de personnes se sont réunies lundi soir à Paris pour rendre hommage au militant homosexuel ougandais battu à mort mercredi 26 janvier. Reportage. Lundi 31 janvier. Le jour se dissout sur le Parvis des droits de l'Homme de Paris. Engourdis par le froid, des touristes admirent la Tour Eiffel, massive. Sur l'esplanade, une quinzaine de personnes se rassemble, avec banderole, drapeau et pancartes. Elles sont venues rendre hommage à David Kato, le militant homosexuel de Sexual Minorities Uganda (Smug) tué à coup de marteau le 26 janvier à Kampala, la capitale ougandaise. Sacrifié La police ougandaise n'envisage toujours pas d'évoquer la piste homophobe. Mais pour une partie des manifestants - parmi lesquels figuraient des membres de Tjenbé Rèd Fédération, d'Act Up-Paris, du Comité Idaho, d'An Nou Allé ou de Contact - David Kato a été sacrifié à cause de l'outing du tabloïd Rolling Stone et du projet de loi anti-gay du député David Bahati. «David Kato était quelqu'un qui s'assumait aussi, et ça faisait peur. En fait, la question ce n'est pas uniquement l'homophobie dans certaines sociétés africaines, c'est l'homosexualité assumée, affichée, vécue pleinement et contre laquelle luttent beaucoup de gens», commente Jann Halexander, responsable de la commission culturelle de Tjenbé Rèd Fédération, à l'initiative du rassemblement. «Le gouvernement a dirigé le fusil» Les mains enfoncées dans les poches, le visage rougit par le froid, Monseigneur Jacques Gaillot fait de son côté part de son «indignation». «On l'a tué parce qu'il était homosexuel, puisqu'il était [présenté] dans les journaux comme un homme à abattre», dénonce l'évêque de Partenia, qualifiant au passage le texte de David Bahati d'«anti-humain» et «raciste». Louis-Georges Tin, président d'An Nou Allé et du Comité Idaho, renchérit que «le gouvernement n'a pas tiré sur la gâchette mais dirigé le fusil». Alors que la Tour Eiffel scintille, des militants d'Act Up-Paris brandissent leurs pancartes «Uganda, Homophobia Kills» - en anglais, «Ouganda, l'homophobie tue». Au sol, des bougies encerclent une photo de David Kato où Tjenbé Rèd Fédération rappelle le discours du président américain Barack Obama suite à l'assassinat: «Les droits des LGBT ne sont pas des droits extraordinaires, ce sont des droits humains.» «C'est bien aussi de venir donner de soi» Vient le recueillement. David Auerbach Chiffrin, président de Tjenbé Rèd Fédération, résume les circonstances du drame. Avec une verve teintée d'une colère cynique, il revient notamment sur les obsèques de David Kato, troublées par le sermon homophobe du pasteur. Sur les proches qui durent eux-mêmes mettre en terre le disparu après que les fossoyeurs se soient désistés. Après une minute de silence, les manifestants se livrent à un «collective hug» chargé d'espoir. Mais la lutte continue. La co-secrétaire générale d'Act Up-Paris responsable des questions d'homophobie, Audrey Grelombe, conclut qu'«on va continuer à se mobiliser aux côtés des activistes qui luttent tous les jours pour les droits des personnes homosexuelles et transgenres en Ouganda». Et de conclure que la mort de David Kato «donne encore plus de colère». La colère, c'est aussi ce qui a poussé Olivier Lechevrel, simple citoyen, à se déplacer avec son ami et une collègue. «On voulait un peu marquer le coup. Parce que je pense que c'est bien de protester derrière son ordi, son téléviseur, mais c'est bien aussi de venir donner de soi.» |
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