15/02/2011 Hier, pour la Saint-Valentin, des gays et des lesbiennes ont investi le Pont des Arts à Paris pour le désormais traditionnel Kiss-in contre l'homophobie. Un rendez-vous amoureux, militant et surtout bon enfant. C'est presque devenu une tradition: pour la Saint-Valentin, des homos s'offrent une séance publique et collective de baisers militants. Cette année, le Kiss-in parisien s'est tenu sur le pont des Arts. Surplombant la Seine, avec vue sur le Louvre, la Tour Eiffel et l'Ile de la Cité, il se dresse comme un fief hétéro, où touristes et jeunes couples s'échangent roses et promesses dans un cadre romantique. D'ailleurs, en ce 14 février, à quelques minutes du kiss-in, les bancs sont principalement occupés par des couples hétéros qui se dévorent des yeux. Les femmes ont des roses à la main et les hommes débouchent le champagne. Ici ou là, quelques couples homos profitent de la carte postale: deux hommes sont enlacés et boivent une coupe, deux femmes s'embrassent langoureusement, deux garçons prennent des photos du panorama et s'échangent quelques baisers. Mais en moins d'un quart d'heure, les homos deviennent majoritaires et modifient le paysage, le rendez-vous du kiss-in attire des dizaines de personnes et, rapidement, le pont devient encombré. Si rien ne peut distraire des touristes face à la Tour Eiffel, d'autres passants parisiens se dévoilent vite. Face au rassemblement, un trentenaire, costard cravate et attaché case, souffle agacé aux deux amis qui l'accompagnent: «encore une manifestation d'homos, la preuve que Dieu n'existe pas...» «C'est une façon agréable de se battre» Mais autour de lui, l'ambiance est bon enfant. Les couples, en mode Saint-Valentin, s'embrassent tendrement. Ceux qui sont venus entre amis discutent, rigolent, se demandent qui ils vont pouvoir embrasser ou ce qu'ils vont faire après. Et à 20h, le coup de sifflet officiel retentit et lance les baisers de dizaines de couples. Selon l'énergie, leur étreinte s'épuise vite ou dure plus de cinq minutes, jusqu'au coup sifflet de clôture, qui soulève un tonnerre d'applaudissement. Avant et après les sifflets, Marie et Julie, deux parisiennes d'une vingtaine d'années, se sont embrassées. Pour elles, la Saint-Valentin est simplement commerciale, le rendez-vous était avant tout militant: «c'est important de lutter contre l'homophobie, on y est tous confronté et c'est une façon agréable de se battre», expliquent-elles. Adrien et Hugues sont eux venus entre amis, la Saint-Valentin n'est pas leur préoccupation, mais ils ont échangé un bref baiser à 20h. «Il faut montrer que l'on existe et que l'on a le droit de s'embrasser dans la rue, sans être provocateur ni ostentatoire», estiment-ils. Des touristes aussi A quelques mètres d'eux, deux garçons d'une vingtaine d'années s'embrassent toujours, sans paraître concernés par les rituels du kiss-in. Espagnols, ils sont en vacances à Paris. Militants, après avoir appris l'existence du kiss-In dans un bar, ils ont décidé de venir «pour lutter où qu'ils soient». Surtout amoureux, ils restent sans cesse l'un contre l'autre, se prennent en photo devant la tour Eiffel, et repartent dans Paris, main dans la main. |
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