25/02/2011 Tito et Florent, mariés symboliquement le 5 février, inaugurent notre nouveau rendez-vous et répondent aux questions posées. Couple binational, ils se disent heureux de leur petit «pied-de-nez à la patrie des droits de l'homme» et entendent poursuivre le combat. Le 5 février dernier, Tito Livio Santos Mota et Florent Robin ont été «mariés» par Hélène Mandroux, la maire socialiste de Montpellier. Un mariage sans effets juridiques mais qui, quelques jours après le refus du Conseil constitutionnel d'autoriser le mariage entre personnes du même sexe, a réactivé le débat sur l'égalité des droits. Pour TÊTU, Tito et Florent ont accepté de répondre sans détours à vos questions. Pour vous, ils reviennent sur les raisons qui les ont poussés à se dire «oui». Question de loloDamdam: Comment s'est passée votre rencontre avec madame le maire de Montpellier? Très simplement. Lorsque nous avons appris que notre mariage, par décision de la Direction des Affaires consulaires portugaises, n'était plus possible, nous avons rédigé un communiqué de presse. La mairie de Montpellier a adressé un communiqué de soutien. Le lendemain, elle a fait savoir par voie de presse qu'elle était prête à nous marier si nous le lui demandions. Après, tout a été très vite. Le 21 janvier était inaugurée la «Maison des LGBT» à Montpellier, située juste en face de la radio dont, moi Florent, je suis président, Divergence FM. Un direct, à cette occasion, était prévu avec Hélène Mandroux sur notre antenne pour réitérer son soutien à la cause de l'égalité des droits entre gays et hétéros. Je lui ai officiellement posé la question, en direct, «Madame le maire, voudriez-vous nous marier, Tito et moi? Et si oui, quand?» Elle nous a proposé le 5 février suivant. Cela s'est passé ainsi. Simplement et dans un esprit militant, de part et d'autre. De Damien 35000: Pourquoi ne pas avoir demandé une inscription au registre d'état civil? Madame le maire, de par son mandat, ne voulait pas sortir de la légalité, ce que Tito et moi avons respecté. Ce mariage était symbolique, politique, militant et médiatique. En ce sens, nous croyons que le message est passé dans la dignité. Un aspect juridique, perdu d'avance, n'eut guère fait avancer la situation et l'aurait sans doute parasitée. De PetitPhoque: Ne craignez-vous pas une récupération politique de votre mariage? Non seulement nous ne la craignons pas, mais nous l'espérons! Depuis la décision du Conseil constitutionnel, la balle est dans le camp des élus de la République, au parlement où se débattent les lois. Aux femmes et aux hommes politiques de ce pays, maintenant, d'affirmer ou non leur courage et leurs convictions… De Oum-Berto: Quand vous aviez 20 ans, pensiez-vous vivre une relation aussi intense et dans la durée jusqu'à vouloir vous marier un jour? Quand on a vingt ans, on vit dans le présent et c'est très bien. Si l'on prémédite son avenir, on risque fort de le compromettre. Notre relation s'est forgée au fur et à mesure avec les épreuves, les coups durs que nous avons affrontés ensemble. Elle s'est imposée à nous comme une évidence. De JJW: Militez-vous dans une association ou un parti politique? Si oui, lequel? Nous militons depuis que nous avons quatorze ans! Tito est sympathisant PS et pour ma part, disons que je suis un électron libre. A gauche, mais libre. Tito vient du Portugal, il a vécu son enfance sous un régime fasciste. Il a connu la Révolution des œillets et connaît le prix de la liberté et de la démocratie. Depuis que nous sommes ensemble, nous nous sommes toujours sentis solidaires dès qu'une inégalité de droit frappait une partie de la population. Qu'il s’agisse des homosexuels, des immigrés, des sans-papiers, des femmes, etc. Nous avons parfois des désaccords, mais jamais sur le fond. Aujourd'hui, je suis président d’une radio associative locale où nous entendons donner la voix à «la mésintelligence raisonnée». Tito dirige Casa Amadis, une association culturelle de langue portugaise, qui tente de promouvoir sur Montpellier les cultures des pays de langue portugaise et accueille leurs ressortissants. De Reuillois: Quelles suites allez-vous donner à votre action? Lutter pour que les ambassades et consulats du Portugal à l'étranger officient des mariages? Lutter, certes! Auprès du gouvernement portugais, sans aucun doute! Mais sous quelle forme? Nous ne le savons pas encore. Lutter oui, mais pas seuls. Bien malgré nous, nous sommes devenus des figures médiatiques d'un jour, mais nous restons de simples citoyens. Nous nous tenons à la disposition des associations et des mouvements qui nous sembleront pouvoir faire avancer les choses concrètement et dans le sens d'une égalité des droits non communautariste. De Oum-Berto: A quel moment de votre relation avait eu envie de vous unir légalement? Le 8 janvier 2010. Lorsque nous avons appris que le Portugal venait de supprimer «de sexes différents» dans la loi relative au mariage. Après 25 ans de vie commune, pourquoi pas? Et puis, c'était un petit pied-de-nez à la «patrie des droits de l'homme», en retard vis-à-vis du Portugal. Si cela pouvait, ne serait-ce qu'un tout petit peu, faire avancer les choses ici… Il faut savoir que le Portugal a aboli la peine de mort en 1867 et a accordé aux femmes le droit d'être chefs de famille en 1911! De Nicolas Canut: Après cette initiative, avez-vous eu des retours négatifs? Honnêtement, aucun. A Montpellier, les gens nous arrêtent dans la rue pour nous manifester leur sympathie, leur soutien, parfois leur fierté que cela se passe dans leur ville: des jeunes gens, des pères et des mères de famille. Des sourires complices dans le tram, le train ou le bus… La question de TÊTU: La notion de mariage homo divise les Français, même les gays. Une modification du pacs offrant les mêmes droits que le mariage serait une meilleure option selon vous? Selon nous, le pacs a été une avancée de faux semblants. Il a été une miette accordée sous le principe du droit à la différence. Il n'a réussi qu'à évacuer la question de l'égalité des droits dans le mariage et ce, pour longtemps. «De quoi vous plaignez-vous, vous avez le pacs!» Au Portugal, ceux qui étaient contre l'égalité prônaient l'adoption du pacs à la française: «C'est déjà ça!» A notre sens, il aurait fallu procéder de manière inverse: d'abord, autoriser le mariage entre personnes du même sexe et ensuite, proposer le pacs pour tout le monde, hétéros et homos. L'égalité des droits, encore une fois, est la seule voie qui permettra le droit à l'indifférence! |
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