05/04/2011 La secrétaire d'Etat à la Santé a suscité une vive polémique, révélée en plein Sidaction, en citant «l'homosexualité», et non les pratiques à risque, comme «facteur de risque pour le VIH». MIS A JOUR à 18h30. «Insupportable», «honteux», un «danger»… Depuis ce week-end, les réactions scandalisées ne manquent pas sur les propos tenus la secrétaire d'Etat à la Santé, Nora Berra, arrivée au gouvernement en novembre 2010. Lors du débat sur la bioéthique devant le Sénat, mercredi 30 mars, celle-ci a en effet déclaré que «l'homosexualité est un facteur de risque pour le VIH» et justifie par conséquent «une contre-indication de don» d'organes. «Je suis scandalisé» «En plein Sidaction, je suis scandalisé!» s'est emporté Jean-Luc Romero, conseiller régional d'Ile-de-France et militant anti-sida. «Ne sait-elle pas que ce sont les comportements qui sont à risque? Chez les hétéros comme chez les homos! Grave pour un médecin…» «Les propos de Nora Berra sont insupportables» a pour sa part déclaré Pierre Bergé, sur France 3. Il a poursuivi: «C'est de la discrimination, et les propos choisis ne sont vraiment pas très malins. On sait très bien qu'il n'y a pas de population à risque, il n'y a que des pratiques à risque. Les homosexuels ont été les premiers touchés (par le virus du sida), ils se sont comportés dès sa découverte dans les années 80 de manière exemplaire. Ils ont donné l'exemple, ils ont pris les plus grandes précautions.» «Assise institutionnelle» Dans un communiqué, l'association Act Up-Paris estime que «c'est la première fois depuis le début de la pandémie qu'une responsable gouvernementale en charge de la santé stigmatise aussi ouvertement les gays et les lesbiennes». Nora Berra est donc «un danger pour les LGBT et les séropos». Elle «devrait encourager tout professionnel de santé à refuser la stigmatisation à l'égard des LGBT. Mais, parce qu'elle ignore les bases de la lutte contre le sida, elle renforce ces discriminations et leur donne même une assise institutionnelle au sein du Sénat», précise Act Up, qui rappelle que Nora Berra et Xavier Bertrand réduisent les subventions destinées aux dispositifs de prévention de terrain, notamment auprès des homosexuels, «quelques mois seulement après que l'Institut de Veille Sanitaire a signalé une augmentation des contaminations chez les gays, particulièrement chez les jeunes». La Secrétaire d'Etat a publié hier sur son blog une «réponse aux professionnels de la polémique», en l'occurrence au site Yagg qui a révélé ses propos. «C’est bien la notion de “pratiques à risques” qui doit être prise en compte comme facteur de risque du VIH et non pas, évidemment, le fait d'être homosexuel», écrit-elle, sans expliquer ni chercher à s'excuser de ses propos tenus au Sénat. MISE A JOUR 18h30: Réactions - «Nora Berra s'enfonce un peu plus», écrit Act Up-Paris dans un nouveau communiqué. «Comme nous l'avions prévu, Nora Berra parle d'incompréhension et ne demande pas d’excuses pour son choix malheureux de mots. (…) Mais quel malentendu une phrase aussi claire peut-elle susciter: «l'homosexualité est un facteur de risque pour le VIH»? «Quel degré d'homophobie faut-il à une personne pour s'imaginer que, quand elle parle d'une orientation sexuelle, son auditoire va penser immédiatement “risque de transmission du VIH”? Quel niveau d'incompétence faut-il pour qu'une personne au pouvoir entretienne de tels amalgames auprès du public? Berra nous présente son passé comme marque de bonne foi. Rappelons justement son passé récent: un conflit d'intérêt dû à ses dix ans passés dans l'industrie pharmaceutique, la dissimulation d'un rapport essentiel à un débat sur la santé des étrangers, la baisse des subventions aux associations de prévention: voilà un palmarès qui donne en effet confiance.» - HES (Homosexualités et Socialisme) se dit «scandalisée» par les propos tenus au Sénat. «Inacceptable également, le procès d'intention que la secrétaire d'État intente, en guise d'excuses, à celles et ceux qui ont fait part de leur légitime émotion et qui, au quotidien, sont engagés - eux - dans la prévention des COMPORTEMENTS à risque. Au dérapage, Nora Bera ajoute donc le mépris.» - Alexandre Marcel, délégué aux régions de l'Idaho (Journée mondiale de lutte contre l'homophobie), s'est de son côté dit «surpris qu'encore aujourd'hui il puisse y avoir dans les ministères des gens qui utilisent des clichés stigmatisant de facto les homosexuels. On a une ministre en train de dire “homo=sida”, c'est insultant.» |
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