10/05/2011 INTERVIEW. Depuis 30 ans, l'Association des Médecins Gays tentent de répondre aux problématiques de santé liées à l'homosexualité. A l'occasion de cet anniversaire, Le président de l'AMG raconte à TÊTU le quotidien de son association. Qu'est-ce l'Association des Médecins Gays? Philippe Lagrée: L'AMG c'est la première association de médecins qui se disent ouvertement gays ou gays-friendly. Il y a 30 ans, les fondateurs ont remarqué qu'il y avait un problème de communication avec le patient homosexuel. A l'époque, comme aujourd'hui encore trop souvent, le médecin n'entend pas quand le patient lui fait part d'un problème physique lié à sa sexualité. Or, la sexualité fait partie de la vie d'un individu, et il faut l'intégrer dans le suivi du patient. Malheureusement, certains médecins rejettent leur patient homosexuel. Dernièrement, j'ai reçu une personne à qui son médecin traitant a fait comprendre qu'il ne voulait pas suivre un séropositif. On connaît les déserts médicaux mais nous, nous constatons aussi un désert des médecins gays. La semaine dernière, j'ai reçu l'appel d'un papa qui avait peur que son fils ne se suicide car toute sa famille le rejette à cause de son homosexualité. Nous essayons d'avoir des membres répartis dans toute la France, mais il y a des endroits dans lesquels nous n'avons pas de relais. En particulier dans les petites villes et dans les campagnes, là où les homosexuels sont finalement le plus isolés. Pourtant parmi tous les appels que nous recevons, 40% viennent de Province. Justement, comment l'AMG fonctionne-t-elle? Nous avons 150 membres appartenant à toutes les spécialités de la médecine, de la cardiologie à la psychologie en pensant par la sexologie. Nous offrons, deux fois par semaine, un service d'écoute téléphonique. Certains nous appellent pour nous demander des adresses de médecins gays ou gays-friendly, d'autres parce qu'ils ont un problème de santé ou des questions techniques, et ont peur d'en parler à leur médecin. Beaucoup de femmes nous appellent pour que nous les orientions vers des praticiens acceptant de suivre les inséminations artificielles. La semaine dernière, j'ai même reçu l'appel d'un papa qui avait peur que son fils ne se suicide car toute sa famille le rejette à cause de son homosexualité. Nous travaillons aussi avec de nombreuses associations - gays ou non - pour mettre en avant les problématiques de santé liées à l'homosexualité. Nous avons travaillé avec AIDS, avec l'APGL mais aussi avec MG France, le syndicat de médecins. Nous collaborons aussi avec le gouvernement, notamment au sein du groupe de travail sur le suicide, où nous travaillons plus particulièrement sur le suicide des jeunes homosexuels. Finalement, les homos ont-ils vraiment besoin de médecins gays? Ils ont besoin de médecins qui prennent leur sexualité en compte et qui ne les jugent pas. Les homosexuels ont des problématiques spécifiques: des MST plus courantes chez les homos que les hétéros, une tendance plus forte à la dépression, etc. Mais comme toute association, notre but ultime, c'est que plus personne n'ait besoin de nous. Malheureusement, nous sommes encore utiles car il y a un passif énorme de moralisation dans le corps médical. Cela est dû, en grande partie, à la formation des médecins. Nous, lorsque quelqu'un nous appelle pour nous dire qu'il a pris du poppers pendant le week-end et qu'il s'inquiète des conséquences, nous l'écoutons et nous savons de quoi il parle. La plupart des médecins ne savent ce qu'est ce produit, et s'ils en ont une idée, ils risquent de juger le patient. Pour remédier à cela, nous contribuons à sensibiliser et informer les médecins professionnels et les personnels paramédicaux. Avec MG France, par exemple, nous organisons des séminaires. Nous distribuons aussi des brochures aux professionnels, par exemple «Homosexuels, des patients comme les autres?». Evidement, nous aimerions aussi qu'il y ait une meilleure préparation des étudiants en médecine aux problématiques de la sexualité en général. Le site de l'Association des médecins gays : http://www.medecins-gays.com Permanences téléphoniques médicales : 01 48 05 81 71, lundi de 20 à 22h, et mercredi de 20 à 22h. Permanences téléphoniques psys : 01 48 05 81 71, jeudi de 20h30 à 22h30. |
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