10/05/2011 Est-il encore utile de présenter Ralf König? Depuis 1993, cet illustrateur met en scène le quotidien des gays et leurs petits travers. Dans son dernier album, il est à nouveau question d’ouverture, de tolérance et d’acceptation. En terme d’écriture, le ton König est aussi identifiable que ses personnages au nez rond: il explore les nombreux clichés de la communauté LGBT pour mieux aborder les aspérités des uns et des autres. Chez König, l’homo répond à des archétypes: il est velu et musclé ou précieux et futile, il est macho ou sophistiqué, bourrin ou raffiné, il est séduisant ou repoussant, une dynamique simple mais qui met efficacement en exergue les relations entre les individus et le rapport que la société entretient avec eux. Spectacle de marionnettes Pain d’épice, son dernier album, est le reflet de cette illustration par le clivage: opposant les nationalités, les ethnies, les genres, les sexualités, König fédère ses personnages autour d’un même socle: celui de la découverte de l’autre, avec ce qu’elle implique de bouleversement et de transformation dans notre mécanique sociale. Il canalise dans cet ouvrage les différents thèmes abordés par bribes tout au long de sa bibliographie: homophobie, intolérance, ostracisme, fanatisme religieux, revendications, invraisemblances citoyennes ou politiques, rien n’échappe à l’oeil aiguisé du créateur des désormais célèbres Conrad et Paul. A la manière d’un spectacle de Guignol, König s’amuse de ses marionnettes et crée des situations utiles (comme par exemple le conflit gentillet et beauf qui oppose des gays et des turcs dans un parc public): l’humour est gras, mais jamais sans un fond bien pensé, qui amène le lecteur à nourrir une réflexion sur ce (et ceux) qui l’entourent. Ainsi, pour saisir son lectorat au plus près, König tient compte de l’évolution des moeurs et des comportements des nouvelles générations et du déplacement moral des derniers tabous. A la provocation des années 70 (alors qu’il publiait dans des magazines underground) et au militantisme des années 80 (où ses ouvrages s’adressaient encore exclusivement à un public gay), succède une énergie d’harmonie et d’intégration. Ses propositions ultra queer sortent du carcan étroit de la «communauté» pour épouser la réalité de la vie quotidienne, mélangeant des personnages homos et hétéros, qui n'interagissent plus entre eux uniquement pour se critiquer. Saynètes hilarantes Véritables chroniques de vie, les ouvrages de Ralf König ont séduit au fil des années un public mixte et gay friendly, qu’il a doucement mais sûrement sensibilisé à des sujets graves comme l’exclusion ou encore la maladie, mais qu’il a aussi su familiariser avec le quotidien de couples considérés comme «en marge » et qui finalement transpire une normalité rassurante. Comme le démontre une nouvelle fois König à travers Pain d'épice et ses saynètes hilarantes, l’éducation par l’humour reste le plus sûr moyen de toucher les uns et les autres. Sans jamais tomber dans le pathos ce dernier a su rallier ses lecteurs autour d’un univers drôle et détonnant, homosexuel oui, mais pas seulement. Pain d'épice, de Ralf Konig, Editions Glénat, 2011 |
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