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VIH : Un traitement préventif avant et après les rapports sexuels va être testé | 07/06/2011 INTERVIEW. Un nouvel essai de prise de médicament pour prévenir la contamination des gays séronégatifs va être lancé à la fin de l'année. Cette fois ce n'est plus un traitement continu mais ponctuel qui est testé. Toutes les explications. L'essai Ipergay, lancé par l'Agence nationale de recherches contre le sida (ANRS) a été validé, après de nombreux débats, par la communauté gay. Il va débuter fin 2011. Le professeur Jean-Michel Molina, chef de service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital Saint Louis est l'investigateur de cet essai. Il répond à nos questions. Le bénéfice du traitement donné en continu, en prévention, à des gays séronégatifs pour empêcher leur contamination est modeste. Pourquoi tester la même molécule en prise intermittente? Professeur Jean-Michel Molina: Nous savons aujourd'hui, comme l'a révélé l'essai Iprex que la prise en continu de deux molécules réduit le risque de contamination de 42% chez les séronégatifs. Nous pensons que la prise du médicament, sur cette population homosexuelle, pose des problèmes, elle n'a sûrement pas été très régulière, parce que c'est astreignant de prendre un traitement chaque jour. Dans Ipergay, nous allons tester une prise juste avant et juste après l'exposition au virus, c'est-à-dire avant et après le rapport sexuel, ce qui pourrait augmenter la protection chez le séronégatif gay dont il est question. C'est ce que nous allons essayer de démontrer et on espère que les résultats seront au moins aussi bons, avec beaucoup moins d'effets secondaires. Justement, le Truvada, comme bien des molécules, comporte une certaine toxicité... Notre essai va évaluer le rapport bénéfice-risque, ce que ça apporte à ceux qui le prendraient dans ce cadre - c'est-à-dire éviter de se contaminer- et les risques - tolérance de la molécule, création de résistance - ainsi que le rapport coût-efficacité. Une étude vient d'être arrêtée et laisse penser que ça ne fonctionne pas sur les femmes, mais une étude seule n'est jamais suffisante. Le Truvada, nous supposons qu'il se concentre mieux dans le tissu rectal que dans le tissu vaginal et qu'il serait donc mieux adapté aux gays. Cet essai risque donc de contaminer des gens? L'objectif est de réduire les contaminations chez les gays, dont le nombre reste très élevé et nous allons faire de notre mieux pour lutter contre ça. On va aussi encourager les participants à utiliser tous les outils existants: capote, accompagnement psychologique et comportemental, traitement post-exposition, et contrôle des infections sexuellement transmissibles. Une partie des participants recevra un placebo, est-ce justifiable? Oui, il faut pouvoir comparer entre le groupe qui va recevoir le traitement pré-exposition et celui qui ne va pas le recevoir. Mais on ne démarre pas avec l'idée que la Prép (traitement pré-exposition) va fonctionner, moi je demande à voir si elle a un bénéfice. Ne s'agit-il pas de relancer une molécule pas toute neuve? Non, les labos ont apporté les trithérapies. Ce sont des entreprises commerciales, mais impliquées dans la santé. Et si ce médicament, en plus de soigner, peut empêcher des contaminations, alors tant mieux! C'est la molécule sur laquelle nous avons le plus de données scientifiques, en pré-exposition. N'oubliez pas que le laboratoire ne fait que fournir la molécule, c'est l'Agence nationale de lutte contre le sida (ANRS) qui fait l'étude, et nous analyserons les résultats de manière scientifique et totalement indépendante. Pensez-vous trouver 1500 volontaires? Il nous en faudra 1900, c'est notre objectif final. Sur 2011, nous recruterons 300 personnes à Paris et à Lyon. Je sais qu'il va falloir convaincre et je reste vigilant. Rien n'est gagné d'avance. Le participant qui va choisir d'entrer dans cet essai le fera pour pour diminuer son propre risque de contamination, pour faire avancer la recherche, et bien sûr pour en faire bénéficier l'ensemble de la communauté gay qui est particulièrement touchée par cette épidémie. Plus d'informations sur www.ipergay.fr |
Source : Par Luc Biecq - Têtu.com
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