27/06/2011 INTERVIEW. Un mois après la Journée contre l'homophobie et la transphobie, son président fait le bilan des actions du gouvernement français et annonce un nouvel IDAHOmètre dès la fin de l'année. TÊTU: Que faut-il retenir de l'IDAHO 2011, un mois après, en termes d'actions? Louis-Georges Tin: Au niveau international, les campagnes lancées autour du 17 mai ont pu toucher plus de 200 millions de personnes, dans plus de 70 pays à travers le monde. La mobilisation augmente d'année en année, grâce au travail de terrain des activistes. Par ailleurs, le Comité IDAHO a obtenu deux avancées majeures au niveau institutionnel: tout d'abord, nous avons obtenu que la directrice générale de l'Unesco, Mme Bokova, fasse une déclaration le 17 mai, en soutenant la lutte contre l'homophobie et la transphobie. C'est une première historique. Ce sont des mots forts, qui devraient être suivis d'actes – il faudra être vigilant. Deuxième avancée majeure, le Comité IDAHO a obtenu le 17 mai que le gouvernement français demande à l'Organisation Internationale du Travail de prendre des mesures contre les discriminations que subissent les personnes LGBT dans le monde du travail, et de diligenter une enquête internationale sur le sujet. Il faudra faire pression pour que l'OIT accepte, mais que le sujet soit posé à ce niveau, c'est déjà une grande avancée, car ces enquêtes sont des outils majeurs pour lutter contre les discriminations. Peut-on dire que le gouvernement soit mobilisé contre l'homophobie? Le gouvernement, dans l'ensemble, non. D'ailleurs, le Premier ministre croupit dans les profondeurs du classement de l'IDAHOmètre que nous avons publié avec TÊTU le 17 mai dernier. Pareil pour l'Outre-Mer, la justice, la culture et l'Education nationale. Cela dit, à l'occasion de l'IDAHO 2011, plus de dix autres ministères se sont engagés à nos côtés en prenant des mesures effectives. Et dans certains cas, il s'agit d'avancées vraiment très importantes. C'est le cas du Quai d'Orsay, du ministère des Sports, du ministère de la Ville, et du ministère de l'Intérieur par exemple. Ce dernier s'est engagé à lancer une enquête nationale sur les violences homophobes et transphobes en France, à mettre en place un programme de formation pour les policiers, à garantir la présence de policiers référents dans tous les commissariats pour que le dépôt de plainte se fasse dans de meilleurs conditions, et à constituer une cellule de cyberpoliciers pour lutter contre les appels à la violence contre les personnes LGBT sur internet. Nous avons commencé à travailler sur tout cela. Si M. Guéant avait sur le racisme et l'immigration les positions qu'il a sur l'homophobie, ce serait un homme tout à fait charmant… «Il faut que les hommes et les femmes publiques s'habituent à la logique de l'évaluation publique. C'est une exigence citoyenne.» Quant à l'IDAHOmètre, dont vous avez parlé, quel impact a-t-il eu selon vous, et pensez-vous poursuivre cette initiative? Oui, tout à fait. Je crois que l'idahomètre a très bien fonctionné. Au début, dans les ministères, certains de nos interlocuteurs étaient surpris, parfois gênés, pour ne pas dire inquiets, mais en même temps, souvent, ils voulaient savoir comment ils étaient classés, et comment ils pourraient faire pour être mieux classés… Il faut que les hommes et les femmes publiques s'habituent à la logique de l'évaluation publique. C'est une exigence citoyenne, qui contribue au renforcement de la société civile en particulier, et de la démocratie en général. Du coup, nous poursuivons l'opération, et nous l'amplifions. Le 17 novembre 2011, six mois jour pour jour après l'IDAHO, nous publierons une deuxième vague de l'IDAHOmètre, pour indiquer au public (et aux électeurs) le degré d'avancement des projets lancés par chacun des ministères concernés, pour éviter que les promesses faites au printemps ne soient déjà mortes et fanées quand vient l'automne. Par ailleurs, pour le 17 mai 2012, nous avons l'intention de lancer un IDAHOmètre des collectivités territoriales, car s'il faut évaluer le gouvernement, il faut aussi passer au crible les politiques locales, les régions, les départements, et les principales villes. Le fait que l'Assemblée ait rejeté le mariage pour les homosexuels relève-t-il pour vous de l'homophobie? Oui, parfaitement. Il faut d'ailleurs s'inscrire en faux contre ceux qui disent, comme Nicolas Sarkozy: «Je ne suis pas homophobe, mais je suis contre l'ouverture du mariage aux couples de même sexe.» Des restrictions sur le droit au mariage ont autrefois été imposées aux noirs (qui ne pouvaient épouser des blanches), aux juifs (qui ne pouvaient épouser des Allemands non-juifs), et encore aujourd'hui à beaucoup de femmes (qui ne peuvent épouser qui elles veulent). Tout cela, c'est du racisme, de l'antisémitisme, du sexisme, non? Aujourd'hui, on interdit encore aux homosexuels de se marier librement. Qu'est-ce que c'est sinon de l'homophobie? Refuser l'égalité des droits entre homos et hétéros, c'est la définition même de l'homophobie! Une résolution vient d'être votée au Conseil des Droits de l'Homme des Nations Unies. Quelle est votre réaction? C'est une résolution importante, qui appelle le Haut Commissariat aux Droits de l'Homme à faire une enquête sur les violences et les discriminations faites aux personnes LGBT. Mais au-delà de ce rapport, nous croyons qu'il faut une résolution condamnant effectivement toutes ces violences. C'est notre objectif depuis plusieurs années, et nous appelons le gouvernement français à présenter une résolution sur ce sujet en décembre 2011. Après deux années de suite sur le thème de la religion, que réservera l'édition 2012? Pour 2012 et 2013, nos campagnes porteront sur le sida. Car le sida renforce l'homophobie, et l'homophobie renforce le sida. Et pareil pour la transphobie. C'est un thème indicatif, comme d'habitude, rien n'est imposé à personne. Mais nous voulons travailler sur ce sujet avec toutes les bonnes volontés, car la situation internationale devient très inquiétante. Pour une personne mise sous traitement, il y a deux personnes contaminées. Les traitements avancent, mais l'épidémie avance encore plus vite. il faut vraiment tirer la sonnette d'alarme! |
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