27/06/2011 A en croire les chiffres officiels, il n'y a eu que 36 000 participants cet après-midi à la gay pride parisienne, quand les organisateurs en ont compté 500 000. Pourtant ils étaient bien des dizaines de milliers à scander le mot d'ordre: «En 2011, je marche, en 2012, je vote!». Compte-rendu. L'an dernier, la préfecture de police de Paris avait dénombré moins de 100 000 personnes à la Marche des fiertés de la capitale, en faisant une distinction subtile entre 34 000 personnes suivant le cortège, et 65 000 badauds. Un chiffre «scandaleux», déclarait à l'époque à TÊTU l'inter-LGBT, qui estimait de son côté à 700 000 le nombre de participants. Rebelote Cette année, rebelote. Sauf que la préfecture de police n'a même pas pris la peine d'estimer le nombre de spectateurs sur les trottoirs, et affirme que cette marche des fiertés a rassemblé en tout et pour tout 36 000 personnes. Un chiffre absolument hallucinant pour ceux qui ont défilé cet après-midi sur les boulevards parisiens, et alors que l'Inter-LGBT, qui organise la marche, revendique quant à elle un demi-million de participants. Est-ce le mot d'ordre éminemment politique qui a poussé une fois encore les autorités à minimiser l'ampleur du mouvement LGBT et sa capacité de mobilisation? Toujours est-il que de 14 h à 20 h, de Montparnasse à Bastille, ils étaient des dizaines et des dizaines de milliers de gays, de lesbiennes, de bi, de trans et d'hétéros à reprendre le slogan choisi cette année: «Pour l'égalité, en 2011, je marche, en 2012, je vote». Et les pancartes brandies résumaient les revendications d'une marche «très politique», selon les propres termes de Nicolas Gougain, porte-parole de l'Inter-LGBT. «UMP en décalage total» «Ce n'est pas encore le moment de donner une consigne de vote mais il s'agit de dire, dès maintenant, aux politiques que nous serons exigeants sur cette question», a-t-il prévenu. A en croire un sondage Ifop pour Dimanche Ouest-France, le mariage homosexuel recueille désormais l'assentiment d'une large majorité de Français (63%), tout comme l'adoption par les couples homosexuels (58%). Mais l'électorat de droite reste plus rétif, avec 41% de personnes favorables au mariage et 37% à l'adoption. Tandis que Nicolas Gougain a regretté «un raidissement de la majorité et du gouvernement» sur ces questions, Thierry Coudert, élu UMP au Conseil de Paris, également présent dans le carré de tête, assure que son parti est «en train d'évoluer» : «J'espère qu'à l'occasion de la prochaine présidentielle, notre majorité fera un pas sur cette question». «L'UMP est très en retard, les députés de ce parti sont en décalage total avec la société française qui a évolué», a regretté pour sa part Emmanuel Blanc, président de Gaylib, l'association des homosexuels de l'UMP, qui en avril avait prévenu sur son blog TÊTU: «Si vous voulez nos voix, donnez-nous nos droits!». Dans le carré de tête, on trouvait également Eva Joly d'Europe Ecologie Les Verts, Jean-Luc Mélenchon candidat du Front de gauche à la présidentielle, ou encore Harlem Désir pour le PS. «La France piétine» Dans le cortège, la décision des sénateurs new-yorkais de reconnaître le mariage homo était dans tous les esprits, et confortait les militants, selon Nicolas Gougain: «Cela montre que d'autres avancent alors que nous, en France, on piétine». «Il y a dix ans j'ai eu beaucoup d'espoir quand le pacs est passé. Depuis tout stagne. En Espagne et au Portugal, la religion est très importante et pourtant le mariage (homosexuel) est permis», relève Marie Lasserre, 50 ans, venue défiler avec sa compagne et leurs deux filles. L'Inter-LGBT demandait cet après-midi la reconnaissance des familles homosexuelles, l'ouverture du mariage et de l'adoption aux personnes de même sexe, ou encore une loi sur l'identité de genre facilitant le changement d'état civil pour les personnes transsexuelles. «Le sida, pour les pédés» Seul point noir de cette journée de Marche, hormis les chiffres fournis par la préfecture de police: des catholiques traditionalistes ont scandé des slogans homophobes au passage du cortège à proximité de l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet. «Le sida, pour les pédés», «Gay Pride, hors d'Europe!», «Première, deuxième, troisième génération, nous sommes tous des enfants d'hétéros» faisaient partie des slogans entendus aux abords de l'édifice. Une quarantaine de catholiques, réfugiés derrière les grilles de la paroisse, invectivaient les manifestants en brandissant des drapeaux tricolores (photo ci-dessus). «Chaque année, il y a quelques manifestants en marge du défilé mais qui ne sont pas représentatifs de l'opinion de la population, c'est très marginal», a relativisé Nicolas Gougain. «Ce sont des gens qui n'ont pas compris l'évolution de la société. Une majorité de Français est favorable au mariage des couples de même sexe. Nous n'enlevons rien aux droits des hétérosexuels, nous demandons les mêmes droits pour tous», a-t-il poursuivi. Un cordon policier avait été mis en place pour séparer les deux groupes, et il n'y a semble-t-il pas eu d'incidents. |
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