27/06/2011 Les personnes séropositives sont toujours confrontées à des pannes d'approvisionnement dans leurs pharmacies. Des situations dénoncées par les associations, qui souhaitent un meilleur encadrement de la distribution des médicaments. Comment est-il possible qu'en France des personnes vivant avec une maladie grave comme le VIH ne puissent pas trouver leur traitement en pharmacie? Des internautes nous ont écrit pour nous signaler ces situations. Un collectif d'associations de lutte contre le sida, le TRT5, poursuit sans relâche son travail de collecte d'informations et de plaidoyer. Les pharmaciens rencontrent régulièrement le problème: une enquête réalisée par l'Union des syndicats de pharmaciens au mois de mars montrait que les trois quarts d'entre eux étaient confrontés à des soucis d'approvisionnement au moins une fois par semaine. Plus inquiétant encore, 9 pharmaciens sur 10 jugent que cela empire. Ces dysfonctionnements s'observent à Paris et dans toute la France. Le TRT5 a donc diffusé un questionnaire et examiné à la loupe 154 cas de ruptures d'approvisionnement, ce qui est bien sûr très inférieur au nombre de cas réels. Comme le souligne Hélène Pollard, du TRT5, «beaucoup de séropositifs restent très isolés et n'osent pas parler de leurs difficultés. Ils doivent penser à nous signaler le cas sur notre site. Et cela est valable pour les personnes séropositives à titre individuelle, mais aussi pour les militants associatifs et les professionnels de santé.» Une organisation faillible D'un côté, les pouvoirs publics et les médecins essaient de dire combien la prise des médicaments anti-VIH doit être extrêmement régulière afin de maintenir sa charge virale à un niveau indétectable. De l'autre, le système de distribution fonctionne mal, même si, en théorie, ça devrait marcher comme sur des roulettes. Les rôles sont en effet précisément définis: le laboratoire fabrique, le grossiste-répartiteur apporte les boites dans les pharmacies de ville. Celles-ci cependant n'ont pas d'obligation de stock et on est face à un fonctionnement en flux tendu. S'il est difficile de désigner un responsable, les observateurs associatifs estiment qu'une partie du problème viendrait des grossistes-répartiteurs. Ceux-ci ont une obligation de service public, celle d'avoir quinze jours de stocks pour 90% des médicaments vendus. Les 10% de médicaments restants sont diffusés comme ils l'entendent. Vendre un pourcentage de ce stock dans des pays où les prix ne sont pas règlementés, par exemple au Royaume Uni ou en Allemagne, est légal et très rentable. S'ajoute un autre phénomène qui n'arrange rien: parce qu'ils fabriquent un volume fixe de médicaments pas toujours suffisant, les labos soumettent ces grossistes à des quotas. Chacun se renvoie la balle et rejette la responsabilité sur l'autre. En principe, les grossistes-répartiteurs doivent pouvoir livrer un pharmacien qui le demande dans la journée. Dans les faits, sur de nombreuses molécules antivirales comme sur d'autres, ce n'est plus le cas. Un décret en préparation Parmi les témoignages recueills par le TRT5, 30% des séropositifs déclarent avoir vécu des ruptures de traitement qui ont parfois duré une semaine. Hélène Pollard, qui est aussi pharmacienne, conseille donc de s'y prendre au moins quinze jours à l'avance pour se réapprovisionner, afin d'éviter toute interruption de traitement. Ce conseil est doublement valable en été, où les cas de rupture sont nettement plus nombreux. Faire renouveler une ordonnance le samedi soir, quand on part le dimanche matin pour quinze jours, c'est une mauvaise idée. Il est bien sûr possible de passer à la pharmacie hospitalière, qui dispose de stocks plus conséquents. Mais comme on ne vend pas des médicaments comme des boites de petits pois et que les besoins évoluent selon les pays, les dépistages, et les politiques de santé, c'est le moment de remettre en cause la gestion en flux tendu. La semaine dernière, l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Affsaps), lors d'une réunion avec le TRT5, confirmait qu'un décret en ce sens était en cours de rédaction. Il devrait être publié avant la fin de l'année. Pour témoigner auprès de l'observatoire des ruptures d'approvisionnement, cliquez ici: http://www.trt-5.org/article250.html |
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