01/07/2011 Alors que le poppers est menacé d'interdiction, des voix s'élèvent contre une décision qui ne relève pas de l'urgence sanitaire. L'avis du Sneg et de Michel Pâques, le chercheur français qui a mis en évidence le lien avec les atteintes oculaires. Le poppers est moins toxique que l'alcool (45.000 morts par an) et le tabac (60.000 morts par an) mais tout d'un coup, il paraît urgent de l'interdire. Le liquide du célèbre petit flacon, essentiellement utilisé par sniff dans un cadre festif et sexuel, fait l'objet de vives critiques, sous la férule d'Etienne Apaire. Des produits plus dangereux sur internet Président de la Mission interministérielle de Lutte contre les Drogues et Toxicomanies (MILDT), l'homme est déjà contesté par les associations d'usagers de drogue, notamment pour son opposition farouche à certains dispositifs modernes de réduction des risques. Selon lui, le poppers serait mauvais pour la santé. Personne ne le nie… mais l'huile de palme et les pesticides le sont également. Le Syndicat national des entreprises gaies (le Sneg), dans un communiqué, juge qu'une telle décision ne sert qu'à détourner l'attention: «Tandis que le débat sur la dépénalisation du cannabis est relancé une énième fois, en période pré-électorale, cette mesure contre les poppers, produit non stupéfiant, témoigne de l'échec patent du gouvernement en matière de lutte contre les drogues dures, illicites, tenues par un marché sous-terrain et une économie parallèle.» Selon le décret du 22 mars 1990, le poppers est encore légal. Imaginer que les utilisateurs se tourneront vers leur médecin pour s'en faire prescrire massivement est peu probable. Le scénario prévisible est tout autre. Selon le Sneg, une interdiction mènerait, comme lors des dix-huit mois où il a été interdit (entre novembre 2007 et mai 2009), à des achats en direct ou sur Internet de produits fabriqués à l'étranger. Ceux-ci sont plus dangereux, puisqu'ils contiennent des nitrites. Il suffirait d'une mise en garde Michel Paques, ophtalmologiste au Centre d'Investigation clinique INSERM de l'hôpital des Quinze-Vingts (Paris), est l'un des chercheurs qui a décrit chez des patients une baisse de vision accompagnée d’éblouissements, peu de temps après l’inhalation des poppers, comme l'avait signalé TÊTU. Alors, docteur, selon vous, le poppers, mérite-t-il une interdiction? «La question est délicate» répond prudemment le médecin. Selon lui, les données actuelles justifient un premier conseil médical: «N'en prenez pas si vous exercez une profession de sécurité. Leur interdiction dans ce cas spécifique serait justifiée.» Faut-il pour autant s'affoler? «Il n'y a pas de lésion oculaire définitive rapportée pour le moment et les lésions ne semblent pas s'aggraver avec la dose administrée. Mon avis est d'indiquer sur les flacons une mise en garde notifiant le risque et d'indiquer d'arrêter d'en prendre et de consulter un ophtalmologiste en cas de problème visuel persistant.» Informer et sensibiliser plutôt qu'interdire, l'idée garde toute sa force, ça s'appelle de la prévention. |
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