02/08/2011 «Les malades du Sud bénéficieront des dernières générations de médicaments à des prix abordables, et sans délais par rapport à leurs cousins du Nord», se réjouissent des militants de la lutte contre le sida. Le Medicines Patent Pool ou «communauté de brevets médicaux», fondé par Unitaid en 2010, a signé mardi son premier accord de licence sur des médicaments contre le sida avec le laboratoire américain Gilead, pour favoriser la vente à bas prix d'antirétroviraux aux pays pauvres. Brevets confiés aux génériqueurs «Pour la première fois, les malades des pays en développement auront accès aux mêmes médicaments que les malades vivant dans les pays riches», sans avoir à attendre l'expiration des brevets, a souligné dans un communiqué Philippe Douste-Blazy, directeur exécutif de Unitaid. Cette organisation a pour de négocier le prix des médicaments contre le sida, le paludisme et la tuberculose pour les pays pauvres. Ses fonds proviennent d'une taxe sur les billets d'avion levée dans 15 pays. Le Medicines Patent Pool est une fondation créée il y a un an en Suisse, où Unitaid a son siège. Selon l'ancien ministre de la Santé, il s'agit pour les laboratoires pharmaceutiques intéressés de confier «leurs plus récents brevets» au Pool, en en gardant la propriété intellectuelle. Les brevets sont confiés alors à des génériqueurs, pour production et distribution vers les seuls pays pauvres. Plusieurs molécules anti-vih L'Onusida a salué cette annonce qui ouvre «une nouvelle ère» dans la lutte contre le sida où «partenaires publics et privés travaillent main dans la main». «J'espère que l'annonce d'aujourd'hui va inspirer d'autres sociétés pharmaceutiques à emboîter le pas», a commenté le directeur exécutif d'Onusida, Michel Sidibé. L'accord signé à Londres doit permettre la production des molécules anti-VIH tenofovir (commercialisée par Gilead sous le nom de Viread), emtricitabine (Emtriva), et d'autres encore en développement clinique: cobicistat, elvitegravir, ainsi qu'une combinaison de ces produits en un seul comprimé, le «quad». La licence autorise aussi le développement et la fabrication d'autres combinaisons incluant ces produits. Pays les plus pauvres «Le Pool est un mécanisme innovant, qui permet d'augmenter l'accès aux médicaments brevetés, d'une manière favorable à l'industrie pharmaceutique et aux personnes infectées», a noté Gregg Alton, vice-président de Gilead pour les affaires médicales. Le laboratoire est le premier fabricant mondial d'antirétroviraux. Les royalties payées au laboratoire seront de 3 à 5% des ventes de génériques, tandis que les formes pédiatriques seront vendues sans droits. Les licences ne permettront cependant pas la vente dans tous les pays en développement, mais seulement dans les plus pauvres. Pour le tenofovir et l'emtricitabine, elles couvriront 111 pays, pour le cobicistat, 102, et pour l'elvitegravir et le Quad, 99. Négociations «Les malades du Sud bénéficieront des dernières générations de médicaments à des prix abordables, et sans délais par rapport à leurs cousins du Nord», s'est réjoui Khalil Elouardighi, de Coalition Plus, qui regroupe des associations de lutte contre le sida dans dix pays. Philippe Douste-Blazy s'est félicité de ce «premier pas important», et a souhaité que d'autres firmes pharmaceutiques «mettent leur propriété intellectuelle au service de la santé publique mondiale». Le Pool est en négociation actuellement avec six autres firmes. Relevant que Gilead «tire 80% de ses revenus du VIH, tandis que Merck et Johnson en tirent moins de 5%», la présidente de Coalition Plus, Lise Pineault, a regretté que ces laboratoires ne participent pas au Patent Pool, alors qu'ils disposent de médicaments de pointe contre le VIH, notamment le Raltegravir. |
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