02/08/2011 A l'initiative de l'association Elus locaux contre le sida, des personnes séropositives ont rencontré des hommes et des femmes politiques de tous bords. Ces entretiens font l'objet d'un livre. Une élégante méthode pour replacer le VIH dans l'actualité. Il dit qu'il lui a fallu dix ans pour organiser ces rencontres entre des personnes porteuses du VIH et des représentants de la classe politique. C'est long... Jean Luc Romero, un des rares hommes politiques a avoir fait état, publiquement, de sa séropositivité a d'abord écrit sur son parcours personnel. Cette fois, il s'efface pour laisser la place à une parole collective. L'ouvrage Paroles et vies au positif est gratuit en téléchargement (à cette adresse) et envoyé à ceux qui le souhaitent en échange du paiement des frais de port (8 euros). C'est aussi un travail qui fait écho à celui de TÊTU, puisque qu'on retrouve dans ce livre cinq témoins qui s'étaient largement exprimées sur des thématiques semblables ou proches dans les colonnes du magazine, ou celles du Guide Têtu + (lui aussi disponible gratuitement ici). Comme le président d'Elus locaux contre le sida le précise dans sa préface, «à travers les portraits des personnes séropositives, c'est la société qui se regarde, qui se confronte à ses croyances, à ses peurs irrationnelles et au rejet qu'elle continue à faire subir aux malades.» Des choix policés Qui a donc rencontré qui et pour dire quoi? Derrière ce choix, apparemment anodin se cachent quelques stratégies: Nora Berra, secrétaire d'état à la santé n'a pas rencontré une personne migrante confrontée à la violence administrative ou à des soucis de fin de mois, mais un Américain, charmant, qui juge le système de santé français «exceptionnel». Marie-George Buffet, une des femmes politiques les plus impliquées sur ces sujets (peut-être même la seule?), a rencontré un ex-prisonnier, Laurent, avec qui elle est globalement d'accord. Soit. Mais malgré ces quelques choix un peu convenus, les idées fusent. Certaines personnes réussissent à exprimer, avec une véhémence que l'on devine contenue, toutes les difficultés à vivre, travailler, aimer quand on est séropositif. Hélène éclaire judicieusement les violences imposées aux personnes transgenres, Pascale montre du doigt les discriminations professionnelles, Jean-Marc évoque les modifications corporelles... C'est donc un livre riche d'humanité. Il mériterait d'être lu par ceux qui s'opposent aux progrès et qui, par leurs attaques régulières contre le système de santé ou par leur refus d'accorder des droits aux homos et aux transgenres, favorisent une précarité galopante chez les porteurs du VIH et laissent l'épidémie se développer. Car comme le souligne Jean-Luc Romero, le sida se soigne aussi par la politique. Il reste donc à imposer le sujet dans les thèmes de la campagne présidentielle. C'est le moment. |
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