08/08/2011 Peut-on s'aimer quand l'un est séropositif et l'autre pas? Oui! Quatre couples heureux racontent comment l'amour a fait son nid. Car après une déclaration sentimentale doublée d'une révélation pas facile, ils ont choisi de vivre ensemble et de s'aimer. Tout simplement. C'est une belle rencontre, un soir de printemps. Jérôme croise la route de Sylvain, la complicité est immédiate et l'envie d'être ensemble grandit chaque jour. L'histoire pourrait s'épanouir, entre langueur polissonne et câlins rassurants, si Sylvain, 33 ans, n'était pas persuadé de porter des stigmates que Jérôme ne voit pas. «Je l'aimais avec ces cicatrices et il ne croyait pas que c'était possible.» Il s'est battu, Jérôme. Des cicatrices, il en porte lui aussi, comme tout le monde. Et puis, il a cédé devant l'insistance de Sylvain qui voulait s'éloigner. Que se passe-t-il donc quand un virus partie intégrante de l'histoire homosexuelle fait irruption lors d'une de ces conversations de début de love-story, quand on se découvre en se dévoilant? Imagine-t-on le nombre de fois où ceux qui le disent ont entendu des paroles de rejet qui les hantent longtemps? Jamais il ne nous viendrait à l'idée de nier la stigmatisation des gays porteurs du vih. Cette violence-là, tous nos témoins ou presque l'ont vécue. Pourtant, un jour, la vie leur a réservé une surprise. Un homme, plus informé, moins peureux s'est mis à les aimer et la vie est devenue plus belle, comme en témoignent ces quatre histoires. Pour Eric et Greg, coup de foudre au dîner «C'est tellement banal qu'on ne va pas nous croire», disent Éric et Greg, 31 et 32 ans. Un dîner chez des amis, une première nuit ensemble, convaincante, puis une deuxième. Éric, qui est séropositif, vit alors avec quelqu'un d'autre. mais il planifie tout de même un week-end en duo avec Greg. après s'être «taraudé l'esprit», il opte pour la non-révélation, «par peur de le faire fuir». mais lors d'un dîner, en parlant de coming out, il fait un lapsus et emploie le mot «séropositivité» à la place d'«homosexualité». Oups, la langue a fourché. L'inconscient a fait son job. Face à lui, Greg répond, en le pensant, que ce n'est pas grave. il a déjà connu un garçon séropositif assez pédagogue et il est déjà un peu accro. «C'était un détail parmi d'autres tant il me plaisait. Je ne sais pas comment dire que c'est simple, je sentais que ça allait durer et je n'allais pas m'arrêter pour ça.» Cette annonce, rapide et naturelle, n'a pas été précédé d'un long moment plein de tension. Un an et demi après, le couple se porte comme un charme et vit sans stress : « Rien n'a changé, je suis le même. La seule chose, c'est que je le sais. » Le virus n'a jamais entamé leur libido, d'autant plus que le safer-sex leur est naturel. « Ce n'est pas une troisième composante de l'acte sexuel. Je n'y pense pas tout le temps, car la capote est un automatisme. » Comme Éric ne prend pas de traitement, la seule inquiétude commune survient lors des résultats des analyses biologiques. mais Greg, séronégatif, n'anticipe aucune difficulté. Pacsé depuis l'été dernier, ce couple heureux ne laisse pas de place au virus dans leur belle histoire. Pour Alexe et Frédéric, un rendez-vous arrangé C'est une amie commune qui a joué les entremetteuses. Parce qu'elle les voyait bien ensemble, elle a insisté. Alex, 29 ans, comme Frédéric, n'y croyait pas. Face à la photo de son futur «mari», il est subjugué. «Je me sentais hideux et je ne voyais vraiment pas pourquoi il s'emmerderait avec un séropo comme moi.» Fine mouche, la copine les réunit et le jour J, Alex, ébloui, fait le difficile, laissant Frédéric déployer tous ses charmes. il faudra trois soirées pour qu'Alex, qui n'a rien d'un pudibond, accepte une invitation à domicile. Le bel Alex a appris sa séropositivité quelques mois avant leur rencontre: il s'est retrouvé plusieurs fois mis à la porte, au sens propre, par des garçons à qui il avait fait cette confidence. Ne souhaitant pas cacher quoi que ce soit, il lui balance l'info au beau milieu d'une partie de jambes en l'air endiablée. «On a discuté trois minutes et on a recommencé», raconte, rigolard, Frédéric. mais très vite, il explique à Alex qu'ils ne doivent pas faire comme si ça n'existait pas. Ensemble, ils vont donc s'interroger, parler de tout, s'autoriser à verbaliser toutes leurs petites inquiétudes. Cette stratégie antidéni trouve son efficacité parce que Frédéric, soucieux, perçoit bien le ViH comme le problème du couple et pas comme celui d'Alex: «Il vit avec le virus, on vit tous les deux, on doit partager les difficultés potentielles.» Si Alex a très peur de contaminer Frédéric lors d'une fellation, cela ne les empêche pas de faire l'amour, beaucoup et... bien. il accepte peu à peu d'être aimé, désiré et même heureux. Début 2008, le professeur suisse Bernard Hirschel publie un avis qui laisse entendre que les séropositifs avec une charge virale indétectable ont bien moins de risque de transmettre le virus, dans des conditions strictes. Pour Alex, c'est une bouffée d'oxygène. Pour se rassurer totalement, pour être sûr de minimiser au maximum le risque, il décide de prendre un traitement. Le premier mois est un pur cauchemar: une molécule transforme Alex, joyeux et drôle, en créature irritable et angoissée. C'est invivable. après un changement de thérapie, tout rentre dans l'ordre. aujourd'hui, le couple, pacsé, fusionnel et tactile, affiche un amour fougueux. La capote, perçue par Frédéric comme hygiénique et protectrice, ne freine pas le plaisir. Si la libido va et vient, c'est plutôt lié au stress ordinaire. « Nos soucis de couple n'ont rien à voir avec le VIH.» Toutefois, Alex perçoit son compagnon comme un soutien sans faille. Frédéric, quant à lui, se montre sévère avec ceux qui refusent de faire l'amour avec un séropo : «Ils loupent des choses, ils peuvent passer à côté de l'amour. Ce critère de sélection n'est pas justifié.» À SUIVRE... Découvrez demain les témoignages de Michel et Franck, et de Bernard et Gilles. |
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