16/12/2011 INTERVIEW. Dans un communiqué publié hier, l’association SOS homophobie constate que les lesbiennes et bi sont souvent inconscientes des réactions lesbophobes -c’est à dire à la fois homophobes et sexistes- dont elles sont victimes. SOS Homophobie «Les lesbiennes et bi identifient rarement l'hostilité à laquelle elles sont confrontées comme de la lesbophobie.» C'est le redondant constat qu'effectue SOS homophobie dans un communiqué publié hier, et que développe, pour TÊTUE, Léa Lootgieter. Engagée dans l'association depuis 2009, elle y milite, à 26 ans, au sein de la commission écoute et de la commission lesbophobie. TÊTUE: Le communiqué de SOS homophobie parle de la lesbophobie comme d’un «phénomène encore largement nié». C’est-à-dire? Léa Lootgieter: Tout part du constat que les femmes appellent beaucoup moins sur la ligne de SOS homophobie que les hommes. En 2010 par exemple, elles ne représentaient que 15% du total des appels. En enquêtant sur la lesbophobie, en allant à la rencontre des femmes dans les soirées durant ces deux dernières années, on s’est rendu compte que toutes celles que l’on interrogeait nous répondaient «non, on n’a jamais été victimes de lesbophobie». Or, quand on instaure un dialogue avec elles, quand on leur pose des questions concrètes, par exemple «comment a réagi votre famille quand vous leur avez annoncé que vous sortiez avec une femme?», finalement elles nous disent «ça s’est très mal passé, je me suis fait insulter par mon père» ou bien «mon oncle ne veut plus du tout me voir». Des choses parfois très violentes... Ce n’est que là qu’elles prennent conscience de la lesbophobie. Et encore, souvent elles minimisent. Elles minimisent? Oui, elles disent par exemple «on peut peut-être comprendre», ou bien «j’irai pas jusqu’à employer le terme de lesbophobie...» Parfois même quand il s’agit d’insultes ou de coups! Lea / SOS homophobie Comment expliquer ce déni ? Par le fait que les lesbiennes sont peu présentes, que ce soit dans les médias ou même au sein du milieu et des assos LGBT. Elles sont toujours mises à l’écart. Même à SOS homophobie, il y a une majorité d’hommes et les questions de gayphobie sont davantage mises en avant. Pareil dans les lieux féministes, les lesbiennes sont assez invisibilisées... Elles ont donc du mal à s’identifier et à prendre conscience de ce dont elles peuvent être victimes. Il y a aussi le fait que les femmes trouvent plus normal d’être victimes, car c’est la position qu’elles ont encore aujourd’hui dans notre société très sexiste. La lesbophobie, comme le sexisme, sont souvent intériorisés. «Même quand il s’agit d’insultes ou de coups, les femmes ont tendance à minimiser la lesbophobie» Comment inverser cette tendance? En voulant recueillir le maximum de témoignages de victimes, on s’est dit qu’on mettait la charrue avant les bœufs et qu’il fallait élargir le champ. Il faut avant tout visibiliser les termes «lesbienne» et «lesbophobie». Depuis 2008, on milite, avec la CLF (Coordination Lesbienne en France), pour que le mot «lesbophobie» soit reconnu dans les dictionnaires de la langue française. On a aussi la volonté de ne pas axer notre communication uniquement sur les violences, c’est pourquoi on a participé au projet de brochure Tomber la culotte, de Sida Info Service et du Kiosque Infos Sida. C’est un moyen de positiver, d’aider les lesbiennes à s’identifier, à s’affirmer et à se sentir mieux, dans leur sexualité comme dans leur identité. |
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