06/01/2012 L'interdiction de réaliser des «soins de conservation» sur les personnes atteintes du virus du VIH est en passe d’être confirmée. Face aux associations, qui continuent de s’indigner, le ministre de la Santé organise mardi une réunion de toutes les parties concernées. «Absurdité dangereuse», «discrimination insoutenable» sur le plan scientifique... Le maintien possible de l’interdiction de réaliser des soins funéraires «de conservation» sur les corps de personnes séropositives décédées continue de provoquer l’indignation. Près de 40 associations de lutte contre le sida s'en inquiètent. C'est le Conseil national du sida (CNS), instance consultative placée auprès du ministre chargé de la Santé, qui a redonné l'alerte à la veille de Noël. Levée de boucliers Devant la levée de boucliers qui a suivi, le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, a décidé d'organiser une réunion de toutes les parties concernées, présidée par le Directeur général de la Santé mardi prochain. Les soins de conservation des corps (thanatopraxie), qui visent à retarder le processus de décomposition, sont interdits depuis 1998 sur les personnes atteintes de la maladie de Creutzfeld-Jakob, de tout état septique grave, d’hépatites virales B et C, et d’infection à VIH. Une fausse sécurité? Ces soins consistent en particulier à injecter dans le système vasculaire un produit antiseptique et conservateur (formol) à la place du sang. En mars 2009, le CNS considérait déjà «qu’aucun argument scientifique ne peut justifier une interdiction fondée sur le statut sérologique avéré ou supposé de la personne défunte, dès lors que des précautions universelles sont suivies». Quelques mois plus tard, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) recommandait au contraire le maintien de l'interdiction. «On ouvre le parapluie, sans même chercher à savoir si le parapluie est efficace», explique le président du CNS, le Pr Willy Rozenbaum, rappelant qu'«il y a au moins un tiers des personnes contaminées (par le VIH, ndlr) qui s'ignorent». Pour ce spécialiste du sida, une «disposition spécifique en fonction d'une pathologie» est «une fausse sécurité», les mesures de précautions devant s'appliquer à tous les cadavres. «Discrimination légale sans fondement scientifique» Pour leur part, les associations, parmi lesquelles Act Up-Paris et Sidaction, dénoncent une «discrimination légale sans fondement scientifique». Cette mesure «cautionne dans son raisonnement même les discriminations illégales que vivent les séropositifs dans la vie quotidienne», estime Jérôme Martin d'Act Up-Paris. «C'est le même type de raisonnement qui est à la base des refus de soins par les dentistes, par exemple», ajoute-t-il. Le président d'Elus locaux contre le sida (ELCS), Jean-Luc Romero, qui avait cosigné une lettre ouverte à Xavier Bertrand sur ce sujet dès septembre dernier, a d'ailleurs saisi le Défenseur des Droits, Dominique Baudis, jugeant l'interdiction «particulièrement néfaste quant aux efforts faits par les acteurs de la lutte pour briser les préjugés» entourant le sida. Du côté des professionnels, on explique être tenu d'appliquer la réglementation, mais on précise que rien dans les textes n'empêche la toilette et l'habillage des personnes décédées séropositives, et qu'il n'y a pas d'obligation de mise en bière immédiate. «On ne peut pas passer outre une réglementation», déclare Pierre Larribe, responsable juridique de la Confédération des professionnels du funéraire et de la marbrerie (CPFM). Selon le HCSP, la pratique de conservation des corps «est en augmentation», avec quelque 200 000 actes par an en France. «Entre 45% et 50% des défunts reçoivent des soins de conservation», précise Pierre Larribe. |
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