08/02/2012 A J-4 du débat politique de l'APGL, l'association des parents homos, certains partis rechignent à envoyer un élu parler en leur nom. Une difficulté qui pose la question de la place «communautariste» dévolue aux questions LGBT par les partis. Les invitations sont lancées depuis le mois de décembre et pourtant, à J-4 du débat organisé samedi par l'APGL*, la principale associaton des homoparents ne sait toujours pas quelle sera la composition du plateau. Les réponses apportés par certains des partis politiques invités sont loin de satisfaire l'association, qui se dit «scandalisée». L'UMP débloqué en dernière minute Cinq candidats à la présidentielle sont invités pour le volet politique du débat, qui doit faire le point sur les positions des candidats. Pour le Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon, l'ancienne conseillère de Paris Clémentine Autain a répondu présent. Dominique Versini, ancienne Défenseure des enfants, représentera le MoDem de François Bayrou dont elle est proche: des réponses «parfaitement acceptables» au regard de l'APGL. Côté UMP, en revanche, ça a bloqué jusqu'à aujourd'hui. «Hier encore, on n'avait personne. Et puis Thierry Guerrier en a parlé hier sur Europe 1 (dans son «buzz politique», le chef du service politique de la station dénonçait le tabou sur les droits homos de l'UMP, “qui ne répond pas à l'APGL”). Cela a produit son effet puisque dans la matinée, cela s'est débloqué», explique Dominique Boren, coprésident de l'association. Camille Bedin, secrétaire nationale en charge de l'égalité des chances à l'UMP, vient en effet d'être désignée pour représenter le parti de la majorité. «François Hollande ne répond pas à nos questions» A gauche, c'est un autre problème qui se posait ce matin aux membres de l'association: si les partis ont bien désigné un émissaire, celui-ci est trop bien connu des militants. Il s'agit en effet pour le PS de Gilles Bon-Maury, président d'Homosexualités et socialisme et chargé des questions LGBT au sein de la campagne de François Hollande. «On n'a rien contre lui, mais on n'en veut pas, explique Marie-Claude Picardat. C'est le point de vue de François Hollande que l'on veut entendre. Pour faire avancer les choses au sein du PS, on ne passera plus par HES et son président, trop confinés à ces dossiers, ce qui rend ce débat inaudible sur la scène publique.» Pas assez progressiste, le Parti socialiste? Les propositions de François Hollande ne satisfont pas les représentants des homoparents. En effet, si mariage et adoption sont à son programme, ainsi que l'ouverture de la PMA à tous les couples, «Il ne veut pas se mouiller et ne répond pas à nos questions, regrette la coprésidente de l'APGL. Les dernières propositions de loi du PS sur la question séparaient la question du mariage et celle de l'adoption, comme si c'étaient deux sujets différents. On leur a maintes fois demandé: quid de la filiation? La parentalité dont on nous parle inclut des responsabilités, mais pas la reconnaissance comme «père» ou «mère» à part entière pour les parents homosexuels. On souhaite la filiation complète, voire la filiation multiple quand il y a plus de deux pères ou de deux mères – dans le cas d'une coparentalité par exemple. On attend des réponses.» Représentant car militant? Le parti «de gouvernement» le plus avancé sur ces questions, estiment les militants, c'est Europe Ecologie-Les Verts. Mais même celui-ci ne trouve pas grâce à leurs yeux quant au choix de la représentante pour le débat: la présence de Caroline Mécary, certes élue (conseillère régionale d'Ile-de-France), poserait des problèmes «déontologiques»: «On a dit non aussi. Elle est trop proche de nous: elle est déjà l'avocate de certains membres de l'APGL qui seront présents dans la salle! En tant que juriste, on sait qu'elle est sur notre ligne. Mais en tant que représentante d'EÉLV, que peut-elle dire?» Les intéressés, on s'en doute, regrettent ce refus de l'APGL. «On me dit que je ne peux pas représenter François Hollande parce que je suis militant. Or, c'est parce que je suis militant que le candidat m'a choisi pour le représenter!» soutient Gilles Bon-Maury. Pas de raison, selon lui, de douter qu'il puisse parler pour le candidat: «Quand je représente François Hollande, je me limite aux engagements qu'a pris François Hollande, c'est évident.» Il explique que Najat-Belkacem, porte-parole de la campagne de François Hollande, est retenue dans son fief de Lyon pour la campagne législative et que George Pau-Langevin, chargée des questions sociétales, est à Londres. Un débat «communautariste» Quant à Caroline Mécary, elle juge «inacceptable» ce refus: «Ce n'est pas aux associations de choisir qui répond à leur invitation. C'est au candidat de choisir qui vient présenter la position de son parti. A ce compte-là, les personnalités de la société civile ne pourraient pas être choisies par un parti pour les représenter, c'est absurde!» fustige-t-elle. Mais Marie-Claude Picardat ne décolère pas et veut «sortir du concept: "les homosexuels parlent aux homosexuels". On se sent marginalisés, alors que les questions que nous posons sont universelles. Nos enfants vont à l'école publique; en tant que médecin, je ne reçois pas des patients en fonction de leur sexualité. On nous donne l'impression qu'être homo, c'est être un groupe à part, alors que c'est le contraire que l'on vit tous les jours. On réclame un réel débat, une fois tous les cinq ans. Pas que l'on nous enferme dans des débats communautaristes.» |
Webmaster / Éditeur : Monclubgay.com © | Réalisation : Nichetoo.net | ||
Conditions d'utilisation |
|