11/02/2012 DANS LE VESTIAIRE DES FILLES. Un meeting exclusivement féminin voit le jour. La marraine en est la championne d'Europe du 200 mètres Myriam Soumaré, et l'une des porte-parole Muriel Hurtis. Rencontre avec les deux athlètes. Muriel HurtisIl paraît que dans des temps anciens, soit vers 1995, du côté de Reims, des organisateurs avaient déjà eu cette idée. Mais juste pour un «one shot» comme on dit. Depuis, plus rien. Jusqu'à cette année où le meeting d'athlétisme d'Eaubonne dans le Val-d'Oise, bien connu des fans de la discipline, a décidé, parce que, citons les organisateurs, «il s'essoufflait», de devenir exclusivement féminin. Et c'est ainsi que jeudi 16 février, la piste réputée rapide du CDFAS accueillera le «Meeting Femina du Val-d'Oise», qualificatif pour les Mondiaux en salle d'Istanbul. Oui, oui, vous lisez bien: de l'athlé de haut niveau, des courses, des sauts, avec rien que des filles dedans. Une championne olympique et un acte «courageux» Avant de s'interroger sur l'opportunité heureuse - ou non - de créer un événement exclusivement féminin, rassurons tout de go celles et ceux qui craindraient un meeting gadget. À l'image de sa marraine, la championne d'Europe sur 200m Myriam Soumaré (photo ci-dessous), pur produit du département puisqu'elle a grandi à Villiers-le-Bel et s'entraîne à Sarcelles, et qui effectuera là son unique sortie en meeting de la saison, le plateau réunit quelques-uns des grands noms de l'athlé mondial. Citons, entre autres, la championne olympique en titre du saut en hauteur Tia Hellebaut, la meilleure performeuse mondiale 2010 sur 60m et vice-championne du monde en salle 2011 Laverne Jones Ferret, la vice-championne d'Europe 2010 du 1500m Hind Dehiba ou encore Muriel Hurtis (photo ci-dessus), la championne du monde 2003 et d'Europe 2002 sur 200m, depuis passée au 400m. Laquelle donne très volontiers son point de vue sur la tenue d'une telle épreuve 100% filles. «Je trouve très courageux, dit la toujours aussi craquante Mumu, qu'une organisation soutienne un meeting féminin pour mettre à l'honneur la performance et l'élégance de la femme. Courageux et positif. C'est une première pour moi et j'en suis enchantée.» «Moi quand on m'a demandée d'être marraine, poursuit en écho Myriam Soumaré, j'étais super contente! On ne sera qu'entre femmes donc... on verra l'ambiance (rires)!» Soumaré«Continuer à mobiliser de plus en plus de femmes» Ces demoiselles hautement performantes ont-elles l'impression, comme pas mal de leurs consœurs sportives, qu'on leur en demande plus que les garçons pour être reconnues? Du style: être (dans l'ordre que vous voulez) à la fois belles et bonnes? «Oui et non, répond Muriel Hurtis. En athlé, nous avons la chance d'être autant regardées que les garçons, ce qui n'est malheureusement pas le cas de certains sports comme le foot et le rugby par exemple où les femmes sont souvent mises de côté. Maintenant, en tant que femmes, c'est vrai que nous avons un rôle: nous nous devons d'allier performance et féminité. Mais je trouve qu'il y a un effort de fait depuis quelques années, et c'est bien.» «On entend quand même parfois que l'athlé féminin est un peu à la traîne par rapport aux garçons, temporise Myriam Soumaré un sourire taquin aux lèvres. Alors, si on veut être aussi bien vues que les garçons, il faut qu'on aille chercher autant de médailles qu'eux!» Et transmettre ainsi la passion et le goût de l'effort au féminin. «La semaine dernière, j'ai rendu une visite à un collège de Villiers-le-Bel, s'enthousiasme ainsi la championne d'Europe du 200m, et les filles de l'atelier journal m'ont dit qu'elles s'étaient mises à l'athlé après mon titre à Barcelone! Même dans ma cité, j'ai motivé des filles à s'inscrire au club». «Les choses avancent tout doucement et c'est sûr qu'on ne peut pas tout révolutionner d'un coup, conclut Muriel Hurtis. Il y a d'autres pays très, très loin de nous à ce niveau-là, où la place de la femme dans le sport est inexistante. C'est pour cela qu'il faut continuer et mobiliser de plus en plus de femmes et de sportives.» Meeting Femina du Val d'Oise, jeudi 16 février à partir de 19 heures au CDFAS d'Eaubonne. Réservations au 01 34 27 28 51. |
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