27/03/2012 DANS LE VESTIAIRE DES FILLES. Demain, dimanche 25 mars, le choc de la 18e journée du championnat de France féminin oppose le PSG à Juvisy. Un duel de qualité. Et pourtant toutes les joueuses ne gagnent pas leur vie... Même celles qui sont titulaires en équipe de France. Il y a bien un jour où la rengaine selon laquelle à valeur égale et travail égal les femmes devraient bien entendu toucher autant que les hommes, sera un vieux souvenir. Un combat plus à mener parce que déjà gagné. Oui, même en sport. Mais pour le moment on en est loin, et du coup nous voici «condamnées» à évoquer une nouvelle fois ce genre de sujets ici-même. Car dans certains vestiaires, même parmi les nouvellement point trop mal médiatisés, certaines filles continuent à bien galérer. Et merci au journal Libération d'avoir, dans son édition du jeudi 22 mars, mis en lumière tout le décalage qu'il peut exister dans le sport de haut niveau à l'occasion de la rencontre pour le compte de la 18e journée du championnat de D1 féminine (oui, c'est du foot) qui oppose le PSG au FC Juvisy. Une prime de 150 euros... Soit le 4e contre le 2e. Avec un FC Juvisy qui se trouve accessoirement être sextuple champion de France et compter dans ses rangs rien de moins que Gaëtane Thiney (photo ci-dessus), l'attaquante-vedette de l'équipe de France, Sandrine Soubeyrand ou encore Elise Bussaglia (photo ci-dessous). Mais dont aucune joueuse - on dit bien aucune - ne peut se permettre de ne pas avoir un métier en parallèle. Car «sur les 53.357 licenciées que comptent les 90 clubs de football féminin français, peut-on lire dans le quotidien, seules les joueuses évoluant à l'Olympique lyonnais, au Montpellier-Hérault Sporting Club ou au PSG peuvent se permettre ce luxe: vivre de leur activité sportive. Leurs salaires oscillent entre 1.000 et 15.000 euros par mois, contre 40.000 euros en moyenne chez les hommes en Ligue 1». Car à Juvisy, avec 150 euros de prime en cas de victoire, il est forcément très compliqué de vivre de son art. Du coup, Gaëtane Thiney, toujours elle, part tous les matins au bureau. La milieu de terrain des Bleues a relativement de la chance, puisque le sien, de bureau, se situe dans les locaux de la Fédération française de football où elle est chargée de la promotion du football féminin en milieu scolaire. «Je suis heureuse comme ça, explique-t-elle. J'ai besoin de faire autre chose que de jouer au foot». Mais, confie-t-elle, «parfois, je n'arrive plus à décompresser. J'ai besoin d'oxygène. L'entraînement tous les soirs après une journée de travail, et les matches le week-end, c'est dur. Tu peux rarement sortir avec tes amis. Et quand tu es en couple, c'est pire. Mais bon, on l'a choisi». «Toujours prouver plus que les garçons» On l'a compris, pour l'heure la star de l'équipe de France se satisfait de cette situation. Parce qu'elle sait que demain, son avenir s'inscrira peut-être ailleurs que dans son club de cœur, là où l'herbe et les billets seront plus verts. «Avec une offre qui ne se refuse pas», reconnaît-elle. Même si cela ne se fera pas sans regrets car, poursuit-elle, «ici c'est familial, tout le monde se connaît et se parle, il n'y a pas ce côté professionnel où tu es payée sans avoir ton mot à dire». Mais certaines de ses coéquipières trouvent la réalité bien plus dure qu'elle. Comme Inès Dahou et Marion Mancion, qui vivent en collocation dans un F3 depuis leur arrivée au club et travaillent à mi-temps en tant qu'animatrices dans une école primaire pour gagner «péniblement le Smic». «Avec 1.000 euros, tu dois payer ton loyer, tes factures... Sans compter le train, si je veux aller voir ma famille à Toulon. Parfois, je ne m'en sors pas, confie à Libération Inès Dahou. Vu tous les sacrifices que j'ai faits plus jeune, je ne suis pas bien payée. Cette vie me conviendrait si j'avais 20 ans, mais aujourd'hui j'aimerais vraiment évoluer: avoir mon appartement, ma voiture». Toujours pas adepte de la langue de bois, Bruno Bini, le sélectionneur national de l'équipe féminine, n'envisage pas l'embellie pour tout de suite. «C'est le début de l'ère professionnelle chez les filles, prévient-il. Pour avoir plus de moyens, il faut faire le dos rond. C'est par notre sérieux, la qualité de notre jeu et nos valeurs qu'on arrivera à convaincre. Les femmes doivent toujours prouver plus que les garçons». CQFD. Et certaines plus que d'autres. Alors ce dimanche 25 mars, au stade ou devant Eurosport, on y pensera forcément. Et ces demoiselles de Juvisy, on ne les regardera plus de la même façon. |
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