05/04/2012 Elles font fantasmer beaucoup de filles, aiment leur métier et le font par vocation. Ce qui n'empêche pas certaines d'être victimes de lesbophobie de la part de leurs collègues policiers ou gendarmes... Lorsqu’on demande à des policières s'il y a, comme la rumeur le veut, beaucoup de lesbiennes dans la police et la gendarmerie, la réponse est claire: un grand «oui!» à l’unisson... Et si ça plaît aux filles? L'uniforme fait fantasmer... «Et c’est vrai que certaines sont curieuses voire fascinées par nos interventions», reconnaît Nat, 39 ans, qui travaille de nuit depuis 12 ans dans la police. Charlotte, 33 ans, confirme: «Tu représentes quelqu’un de solide, presque une sauveuse. Mais il m’est aussi arrivé, sur un site de rencontres, qu’on ne me parle plus du tout après avoir dit que j’étais fonctionnaire de police! C’est à double tranchant...» Une vocation Si elles ont choisi d’être flic, ce n’est pas pour plaire mais par vocation. Nat est fille de militaire et s’est toujours intéressée à la criminologie. Mais même si ce métier était une évidence, la peur de ne pas être acceptée en tant que lesbienne était bien présente au départ. «C’était ma crainte, explique Nat. Mais je n’ai jamais eu de problème, mes collègues sont très ouverts». «On a souvent droit à des blagues salaces sur les homos» Laure, 31 ans, policière depuis 11 ans, n’est pas aussi catégorique: «Mes collègues sont au courant et je n’ai jamais été ouvertement victime de moquerie, mais on a quand même souvent droit à des blagues un peu salaces sur les homos...» Charlotte a connu, elle, des débuts très difficiles: «J’ai dû changer de brigade à cause de mes collègues.» Pendant deux ans, sept personnes de son service s’en prennent à deux collègues masculins en lançant continuellement des blagues homophobes dans leur dos. «Ils savaient très bien que j’étais lesbienne et observaient mes réactions, faisaient aussi des blagues sur moi.» «L'homophobie est souvent insidieuse» Ils vont jusqu’à publier, sur internet, des montages photos représentant l’un de ses collègues sur des scènes pornos entre hommes. Charlotte essaie de masquer sa colère, jusqu’à ce qu’elle craque et leur demande d’arrêter. «A partir de là j’ai été mise en quarantaine, plus personne ne me parlait. Je me suis tellement sentie à l'écart que je suis tombée malade.» Elle décide alors d'aller voir son supérieur, qui la change de brigade le jour même. «Ça s’est passé il y a 4 ans et j’ai encore du mal à digérer tout ça.» Par peur de représailles, Charlotte n’a pas donné suite. «Les victimes hésitent souvent à porter plainte car l’affaire se retourne contre elles, explique Mickaël Bucheron, président de l’association Flag!, qui défend policiers et gendarmes LGBT. On considère qu’elles n’ont pas été solidaires avec l’institution». Les affaires de harcèlement moral sont en outre difficiles à régler. «Les actes sont souvent insidieux, il est difficile d’obtenir des témoignages et l’affaire touche parfois une hiérarchie haut placée, avec des enjeux politiques.» Un couple de femmes harcelé Sihem Souid en a fait les frais fin 2010. A la publication de son livre Omerta dans la police (éditions du Cherche Midi), cette fonctionnaire de police est suspendue par le ministère de l'Intérieur pour avoir manqué au «devoir de réserve». Un livre dans lequel elle dénonce notamment le harcèlement subi par un couple de femmes dans son service. L'association Flag!, qui compte 500 adhérents, lutte depuis plus de 10 ans contre l’homophobie dans la gendarmerie et la police. «Les filles sont généralement moins ciblées que les hommes, mais la lesbophobie existe réellement. Deux filles ont été séparées pour être placées dans deux services différents car elles étaient ensemble, raconte Mickaël Bucheron. Alors qu’un couple hétéro n'aurait posé aucun problème». Le combat n’est pas encore gagné. |
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