20/04/2012 Le comité IDAHO rend public son «IDAHOmètre 2012» mesurant la contribution du gouvernement à la lutte contre l’homophobie et la transphobie. Triste constat cette année: un net recul de l’implication ministérielle vers un immobilisme inquiétant. Nouvelle année, nouvelle Journée de Lutte Internationale contre l'Homophobie et la Transphobie (le 17 mai prochain), et donc nouvel «IDAHOmètre 2012» réalisé par le Comité IDAHO (International Day Against Homophobia) en partenariat avec TÊTU afin de mesurer l'implication des politiques au pouvoir dans le combat contre les discriminations de genre ou d'orientation sexuelle. L'infographie parle d'elle-même: le rouge illustrant une implication «très faible ou nulle» des ministères est cette année la couleur dominante (11 ministères contre 5 l'an passé), alors que le vert d'une implication «très forte» a totalement disparu (l'an dernier, les Affaires étrangères et le ministère des Sports s'étaient pourtant distingués). Un triste bilan pour l'ensemble des organes du gouvernement qui ont tous stagné ou été rétrogradés par rapport à 2011. Sports, Affaires Etrangères, Enseignement Supérieur: les illusions perdues Alors qu'il faisait figure de bon élève l'an dernier avec les initiatives de Rama Yade et de Chantal Jouanno en matière de lutte contre les discriminations dans le sport, la nomination de David Douillet au poste de ministre et sa réplique malheureusement célèbre sur les «tapettes» n'ont pas amélioré l'engagement du ministère des Sports en 2012. On retiendra notamment son récent refus d'accorder son agrément en tant que fédération affinitaire à la Fédération sportive gaie et lesbienne (FSGL). Il était le premier de la classe en 2011 avec une très forte implication contre l'homophobie et la transphobie: de la déclaration historique de Rama Yade aux Nations Unies pour la dépénalisation universelle de l'homosexualité à la création d'un fonds de soutien à plusieurs projets internationaux dans le domaine, le Quai d'Orsay donnait l'exemple. Aujourd'hui, il semble moins disposé à porter le message de la dépénalisation, mais reste tout de même premier du classement, au vu des piètres performances des autres ministères. Autre chute brutale, celle de l'enseignement supérieur. Malgré les engagements de Valérie Pécresse l'an dernier sur le lancement d'un groupe stratégique intitulé «Genres et orientations sexuelles», le comité IDAHO constate que les promesses n'ont pas été tenues. En réalité un groupe de réflexion sur le genre a bien été créé, mais il ne fait appel à aucun des chercheurs ou spécialistes des questions LGBT. Le Comité IDAHO a lui-même été mis à l'écart d'une réunion sur cette thématique qui devait se tenir en juillet 2011! Des avancées... insuffisantes Pour le reste, IDAHO ne peut que constater l'atonie des différents organes ministériels qui ont malheureusement laissé de côté les thématiques LGBT en 2012. Comment l'expliquer? Stratégie de droitisation du président? Climat défaitiste à l'approche des présidentielles contribuant à l'immobilisme politique? Pourtant, le mandat de Nicolas Sarkozy a aussi été porteur d'avancées significatives: le discours de Rama Yade aux Nations Unies en 2008 sur la dépénalisation universelle de l'homosexualité, la déclassification du «transsexualisme» de la liste des maladies mentales en 2009, les efforts diplomatiques pour interpeller l'Unesco sur les questions LGBT. Reste qu'en 2012, à l'approche des présidentielles, le gouvernement a visiblement abandonné ces questions et le programme du candidat Nicolas Sarkozy ne semble pas y apporter de nouvelles réponses. Nécessaire «examen de conscience» Le Comité IDAHO reconnaît les actions menées, mais ne peut que constater que depuis un an, l'inertie l'a emporté sur l'audace et la volonté. En témoignent les propos du Premier Ministre qui a invoqué la «sécurité» des enfants pour s'opposer à l'homoparentalité, la vraie-fausse exclusion de Christian Vanneste à l'UMP suite à ses propos homophobes, ou encore l'éternel refus du mariage et de l'adoption malgré une opinion française aujourd'hui majoritairement prête à avancer sur ces questions. C'est donc un bilan en recul que dresse le Comité IDAHO, qui constate l'échec du gouvernement Fillon dans ce domaine et «invite la droite française à un rigoureux examen de conscience dans les prochains mois, quels que soient les résultats des élections». |
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