30/06/2012 Parce qu'ils considèrent qu'obtenir une résolution à l'ONU est une urgence, trois militants du Comité IDAHO ont cessé de s'alimenter depuis lundi. Le Quai d'Orsay, directement visé, réclame «plus de temps». Trois militants LGBT ont entamé lundi une grève de la faim. Trois membres du Comité IDAHO, qui organise chaque 17 mai la Journée mondiale contre l'homophobie et la transphobie: Louis-Georges Tin (photo), son président, Usaam Mukwaya, réfugié ougandais en France, et Alexandre Marcel, qui en est à sa deuxième action de la sorte puisqu'il avait déjà entamé une grève de la faim contre l'exclusion des gays du don du sang. Depuis cette date, ils n'ont que bu de l'eau. Contre «l'inaction honteuse du gouvernement» Leur seule revendication: que la France enclenche activement les manœuvres pour présenter aux Nations-Unis un projet de résolution pour la dépénalisation universelle de l'homosexualité. Et ce, au plus vite: le soutien des Etats-Unis sera indispensable, estiment-ils, et seul l'administration de Barack Obama serait susceptible d'œuvrer en ce sens, or celui-ci devra affronter en novembre une élection en vue de sa ré-élection. «Si les conservateurs remportent l'élection, préviennent les militants, on ne pourrait plus compter sur le soutien des Etats-Unis, et tout espoir de résolution serait suspendu pendant 4 ans, voire 8 ou 12 ans». D'où cette action contre «l'inaction honteuse du gouvernement»: François Hollande, déjà élu mais pas encore installé à l'Elysée, avait promis à Louis-Georges Tin de tenter de faire voter une telle résolution. Il l'avait d'ailleurs déjà promis à TÊTU dans une interview. Or, pour le Comité IDAHO, les choses n'avancent pas assez vite. «Il nous faut du temps» Du côté du Quai d'Orsay, l'heure n'est pas encore à la panique. Une source diplomatique, interrogée par TÊTU, trouve cette manœuvre «extrême» et «comprend l'empressement»… tout en rappelant que, le nouveau cabinet ministériel n'étant installé que depuis un mois, les équipes s'occupent avant tout de la crise en Syrie. «Il nous faut plus de temps que cela, la diplomatie ne peut pas se fonctionner en quelques jours. Mais la France reste engagée dans le dossier et, d'ici la fin de l'année, un succès paraît envisageable.» Une vision à laquelle ne souscrit pas du tout Louis-Georges Tin: «On nous mène en bateau! fustige-t-il. Lorsque Rama Yade avait travaillé avec les Pays-Bas et réussi à passer une simple déclaration pour la dépénalisation universelle, le travail actif avait commencé à la veille du 17 mai 2008. Cette fois, pour une résolution qui est beaucoup plus contraignante, on a déjà moins de temps!» Une réunion avec les assos LGBT Pourquoi enfin les Etats-Unis seraient-ils indispensables à toute action contre l'homophobie dans le monde? «Parce qu'on ne peut pas se passer de la première diplomatie du monde», répond Louis-Georges Tin. «Bien sûr il y a un antiaméricanisme dans le monde qui peut rebuter. Hillary Clinton, en particulier, a un engagement très personnel envers les LGBT. Qu'on le veuille ou non, même si notre chauvinisme le fait oubiier, nous n'avons pas d'équivalent en France côté engagement et efficacité. Or elle a annoncé que, réélection d'Obama ou pas, elle ne serait plus Secrétaire d'Etat après novembre.» Une raison de plus, selon les militants, d'agir en urgence. Ce matin, les trois militants se disent en bonne santé et «toujours aussi déterminés». Ils se rassurent sur la capacité d'écoute du gouvernement avec l'annonce d'une réunion, annoncée lundi au premier jour de leur grève de la faim, entre des représentants du gouvernement et des associations pro-LGBT internationales comme l'ILGA, Human Rights Watch, Amnesty international, Aides, l'Inter-LGBT ou la Fédération des ligues des droits de l'homme. Elle aura lieu demain. «Notre grève les a fait réagir, mais je ne suis pas certain qu'ils soient vraiment convaincus pour autant», souffle Louis-Georges Tin. |
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