30/06/2012 Guylaine et Nathalie, en couple depuis novembre dans un village du sud-est de la France, dénoncent un «harcèlement» qui aurait conduit à leur agression en mai. Samedi, lorsque TÊTU s'est rendu à Signes, le pas de porte de Nathalie et Guylaine était jonché de restes de cartouches de carabines: «Ils ont profité de la fête du village pour venir tirer des coups de feu devant chez nous.» Adossé à une colline qui domine une plaine agricole de l’arrière-pays toulonnais, Signes. Trop loin des plages varoises, cette bourgade de 2.900 âmes est restée à l’écart de la flambée touristique. Dans ce dédale de ruelles au charme brut, l’ambiance demeure villageoise. Depuis plusieurs mois pourtant, une sale histoire agite les Signois. Deux lesbiennes en couple dans une des maisons du village se disent victimes de «harcèlement homophobe». Guylaine B. et Nathalie P., bientôt 51 et 44 ans, ont même déposé plainte pour «violence» et «injure non publique à raison de l'orientation sexuelle» au lendemain d’une agression qui marque le paroxysme de ces tensions. «Sale gouine» Guylaine nous donne sa version sur ce 29 mai: «Vers 19h30, je sortais dans la rue quand j’ai constaté que le chien des voisins urinait sur le pas de la porte. Je l’ai chassé en tapant du pied par terre et en lui jetant de l’eau. Son propriétaire est arrivé comme une furie en me traitant de “Sale gouine!” et en me donnant un coup de poing à la poitrine. Il sait que j’ai eu une mastectomie et que j’en suis à mon troisième cancer du sein. Sa copine et l’autre couple de voisins, qui nous avaient déjà agressées, l’ont alors rejoint en me menaçant de mort.» Nathalie poursuit: «Entendant les cris de ma compagne, je me suis précipitée dehors. J’ai attrapé les cheveux de la voisine qui venait de frapper Guylaine. Là, ils se sont rués vers moi en criant des insultes homophobes style “Sale race d’homo! Les homos, il faut les brûler!” Ils m’ont projetée à terre et m’ont frappée à plusieurs reprises. Je n’ai pas pu riposter. D’autres voisins ont assisté à la scène mais personne n’a bougé. Au bout de pratiquement une demi-heure, les policiers municipaux sont arrivés mais leur chef a pris fait et cause pour nos agresseurs.» Bilan de cette altercation: 27 jours d’ITT cumulés pour Guylaine; 26 pour le genou de Nathalie qui, dernièrement, lui avait valu une opération: «Avec cette agression, je suis revenue à six mois de rééducation en arrière.» «Il faut être très prudent et laisser les enquêteurs distinguer ce qui est ou pas de l’ordre d’un problème de voisinage» pour la gendarmerie. Un simple conflit de voisinage? Cet affrontement intervient dans un climat délétère, dans une rue où Guylaine s’est installée chez Nathalie en novembre. «J’avais déjà vécu ici auparavant avec une autre femme et je n’ai jamais connu le moindre problème, raconte la propriétaire. Mais il y a un an, se sont installés à quelques mètres deux jeunes couples hétérosexuels avec lesquels les relations sont rapidement devenues conflictuelles, particulièrement depuis l’arrivée de Guylaine.» Apparemment surtout depuis que cette dernière a aménagé, au sous-sol, une galerie pour exposer ses œuvres. «Je crois que ces gens ne supportent pas notre grande maison, la galerie, que ça marche et qu’on soit deux femmes», insinue Guylaine. Les relations se sont progressivement envenimées jusqu’à éclater plusieurs fois au grand jour en mai. Accrochages, insultes et même «menaces avec une hache»! La veille de l’agression du 29 mai, les deux femmes ont déposé une main courante à la gendarmerie. «On est discrètes, on ne s’embrasse jamais dans la rue. On est serviables et aimables. On n’a jamais fait quoi que ce soit qui puisse justifier une animosité pareille. On est clairement victimes d’homophobie», lâche Nathalie. Le procureur saisi Ce n’est pas l’avis du maire divers-droite Jean Michel: «Ce n’est pas de l’homophobie! C’est juste un conflit de voisinage. Elles ont posé des pots de fleurs dans la rue, le chien du voisin est venu faire pipi dessus et de là, ça a pris des proportions extravagantes. Ces dames ont frappé leur jeune voisine, plusieurs témoins l’affirment, et celle-ci s’est défendue. Il y a d’autres couples homosexuels à Signes. Ils n’ont, à ma connaissance, heureusement, jamais eu aucun problème d’homophobie. Nous avons affaire avec des dames procédurières qui ne s’entendent avec personne. Leur intimité n’a rien à voir là-dedans!» L’affaire pourrait donc se réduire à la parole des unes contre les autres. «Leur crédibilité ne fait aucun doute» pour l’avocat des deux femmes, qui a «saisi le procureur de Toulon. Il appartient dès lors au parquet de prendre l’initiative des poursuites». Sans attendre, la gendarmerie procède à une investigation préliminaire. «Il faut être très prudent et laisser les enquêteurs distinguer ce qui est ou pas de l’ordre d’un problème de voisinage», tempère le commandant de la compagnie de Toulon. SOS homophobie, Stop homophobie et d’autres associations LGBT veillent sur cette affaire. |
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