03/08/2012 Mercredi, dans la capitale, un couple de lesbiennes canadiennes a été victime d'une agression particulièrement violente, à caractère transphobe, homophobe et raciste. La scène s'est déroulée sous les yeux de leurs enfants… Mise à jour 16h24: après leur visite à la médecine légale, on connait le nombre définitif de jours d'ITT prescrits au couple agressé: quatre pour Marie-Eve et six pour Claire. Cela devait être quelques jours agréables, en famille, à faire du shopping et se promener dans Paris. Mais depuis leur agression en plein jour mercredi dans le 18e arrondissement, Marie-Eve, Québécoise transgenre et sa compagne Claire, d'origine française, n'ont vu de Paris qu'hôpitaux, commissariat et pharmacie. Contacté par TÊTUE, le couple, qui s'est pris en photo dans la soirée, a donné sa version des faits. Un homme, une femme et deux chiens Il est un peu plus de 13h ce 1er août. En voiture avec leurs filles de six et sept ans, Marie-Eve et Claire sont arrêtées à un feu rouge, boulevard de Clignancourt, quand une Clio blanche leur coupe la route pour passer au vert avant elles. Marie-Eve klaxonne la voiture et se fait copieusement insulter en retour par la conductrice, accompagnée d'un homme et de deux chiens, un rottweiler et un pit-bull. De sa voix grave, Marie-Eve répond aux insultes, mêlant québécois et français. Les deux femmes sont alors identifiées comme Canadiennes par le couple, et Marie-Eve comme transsexuelle: «C'est deux femmes mais y'en a une c'est un mec à qui on a coupé les couilles, on va vous rentrer dedans!», auraient lancé la conductrice et l'homme à ses côtés, selon Marie-Eve. Les insultes continuent, et de la Clio, Marie-Eve et Claire se font cracher dessus, toujours selon leur témoignage. «Y'en a une c'est un mec à qui on a coupé les couilles, on va vous rentrer dedans!» Déchaînement de violences Marie-Eve sort alors de la voiture. L'homme tente de lancer un des chiens contre elle, sans succès, et, à travers la fenêtre ouverte, lui assène un violent coup de pied au visage. La suite n'est qu'un déchaînement de violences: sorti de sa voiture lui aussi, l'homme continue à donner des coups de pied à Marie-Eve, à terre. Claire, qui tente de lui venir en aide, se fait quant à elle agresser par la femme qui conduisait. Les deux filles du couple, restées dans la voiture, assistent à la scène, tétanisées. Ce n'est qu'au bout de plusieurs minutes qui leur paraissent une éternité que les sirènes de la police se font entendre. Entre-temps, Claire tente d'appeler à l'aide, mais les passants ne réagissent pas. Certains s'en prennent même au couple, comme le raconte plus tard la jeune femme, qui entend alors distinctement des: «Rentrez chez vous!» Sept heures à l'hôpital, séparées Les deux agresseurs parviennent à prendre la fuite, la femme à bord de la même voiture, l'homme grâce à l'arrivée d'une troisième personne en scooter. Et si Claire et un témoin ont réussi à mémoriser le numéro de plaque d'immatriculation de la Clio, la police, en raison des embouteillages, n'arrive pas à les rattraper. Blessées au visage, mordues, griffées et pleines de bleus, Claire et Marie-Eve sont conduites à l'hôpital Bichat, où elles passent plus de sept heures, séparées. «On nous a expliqué qu'on était séparées car nous n'étions pas blessées au même degré. J'ai dû insister pour garder les enfants avec moi, je voulais voir Claire, mais personne n'en avait rien à faire. C'était long, pour les filles, et personne ne leur a proposé à manger», déplore Marie-Eve. Violence en raison de l'orientation sexuelle Le lendemain, direction le commissariat, mais celui du 5e arrondissement: «On ne voulait surtout pas aller dans celui du 18e, explique Marie-Eve, vu comment les passants avaient réagi pendant notre agression.» Une plainte a été déposée par le couple, pour violence volontaire en réunion ayant entraîné plus de huit jours d'ITT et violence en raison de l'orientation sexuelle. Prochaine étape pour Claire et Marie-Eve: la médecine légale, ce matin, pour faire constater leurs blessures. Puis le retour au Canada, demain, avec un énorme sentiment d'amertume et beaucoup de discussions en perspective avec les enfants, comme l'explique Marie-Eve: «Le mieux, c'est d'expliquer les choses. Nous avons beaucoup discuté avec les filles, mais au début c'était dur. L'une des deux, qui est toujours très expansive, n'a pas parlé de la journée jeudi.» Appel à témoin lancé Quant à Claire, qui a vécu 13 ans à Paris, elle est confortée dans son choix d'avoir émigré: «Je suis très contente de m'être installée au Canada. À Montréal on est beaucoup plus en avance qu'ici.» «Nous reviendrons en France, pour voir notre famille, mais dans le sud, pas à Paris», confie-t-elle. Un appel à témoin a en outre été lancé par l'association LGP Montpellier Languedoc-Roussillon, qui a accompagné Claire et Marie-Eve dans leurs démarches administratives: «Toute personne ayant assisté à cette agression ou disposant d’éléments est invitée à contacter l’association au 06 76 31 36 31, ou le commissariat de police du 5e arrondissement», annonce-t-elle. |
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