30/10/2012 En accordant un «congé paternité» à une lesbienne, le conseil général de l'Essonne a montré que certaines entreprises et collectivités jouaient le jeu de l'égalité des droits au travail. Pourtant, trop d'homos s'abstiennent encore de les réclamer… Si elle continue de diviser, l'homoparentalité est déjà rentrée dans les mœurs d'une poignée d'entreprises et de collectivités locales, qui ont décidé d'accorder un congé de naissance et de paternité à leurs salariés homosexuels sans attendre une évolution de la loi. Une dizaine de grandes entreprises «Un enfant va naître. Il est normal que les deux adultes qui vont l'élever soient présents pour ses premiers jours. En accordant un congé légalement réservé au père, on répond à une situation concrète, on n'est pas dans l'idéologie», argumente le président PS du conseil général de l'Essonne, Jérôme Guedj, qui a accordé mi-octobre pour la première fois un «congé d'accueil à l'enfant». Un pragmatisme partagé par une dizaine d'entreprises (SFR, Monoprix, Orange, IBM, Vinci, etc.), les conseils généraux de Seine-et-Marne et de l'Essonne mais aussi par la ville de Lyon. Mi-octobre, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a lui aussi décidé la généralisation du congé de naissance (3 jours) et du congé de paternité (11 jours) à l'ensemble des fonctionnaires de la police nationale. Non-dits et anonymat D'autres entreprises restent plus discrètes mais accordent au cas par cas ces deux congés. «Il y a une mouvance qui s'est créée», se félicite Jérôme Beaugé, porte-parole d'Homoboulot, un réseau d'associations de salariés LGBT. «Cela leur permet d'avoir une excellente image et d'envoyer un symbole fort, nécessaire pour faire avancer les choses», dit-il. Pourtant, par peur d'éventuelles répercussions sur leur carrière, nombre de salariés LGBT hésitent à en faire la demande. «On ne sait pas mesurer l'efficacité de ces mesures. Peut-être y a-t-il encore dans l'entreprise des non-dits, des freins qui font que tout le monde n'ose pas profiter de ces congés malgré la garantie de leur anonymat», avance Armelle Bernard, responsable de la stratégie de l'entreprise Eau de Paris, pionnière en la matière. Un «certain nombre de personnes ne profiteront pas de leurs droits car cela implique de se dévoiler», confirme Catherine Tripon, porte-parole de L'Autre cercle, fédération d'associations LGBT luttant contre les discriminations au travail. Congé d'accueil à l'enfant «Pour rétablir une égalité de traitement entre les parents» et «prendre en compte la situation de toutes les familles», Françoise Clergeau, députée PS de Loire-atlantique, porte depuis 2006 un amendement visant à accorder le congé paternité, rebaptisé congé d'accueil à l'enfant, au partenaire d'un parent. A ce jour, les couples de même sexe ne peuvent bénéficier du congé de paternité mais sont reconnus pour certaines prestations sociales comme le congé parental. Cet amendement qui doit être examiné en fin de semaine lors de l'examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), a cette fois de bonnes chances d'être voté. Un acte d'amour «Si on ne légalise pas, cela ne changera rien. Les couples de même sexe continueront à s'aimer et à vouloir des enfants; c'est une réalité», affirme l'ex-internationale de football féminin, Marinette Pichon, dont la compagne attend un garçon pour fin novembre. Alors que le gouvernement s'apprête à ouvrir le mariage et l'adoption aux couples homosexuels, l'homoparentalité reste difficile à quantifier mais les associations parlent de 200 à 300.000 enfants concernés. En obtenant son congé accordé par le conseil général de l'Essonne, Marinette, 37 ans - qui sans être «militante» n'a jamais caché son homosexualité - s'est sentie «reconnue dans ses droits». «Certes, ce n'est pas la normalité mais ce n'est pas anormal non plus. Avoir une famille quand on est homosexuel est un véritable acte d'amour», assure Marinette, espérant que «l'exécutif ira au bout de sa démarche». |
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