03/11/2012 Chargé par Vincent Peillon de rédiger un rapport sur les discriminations liées à l'orientation sexuelle, l'ancien député européen dévoile à TÊTU.com les grandes lignes de sa mission. Ancien député européen (PS), conseiller du candidat François Hollande sur les questions LGBT, Michel Teychenné a été chargé par le ministre de l'Education nationale Vincent Peillon de rédiger un rapport sur les discriminations liées à l'orientation sexuelle, dans le cadre du plan interministériel de lutte contre l'homophobie présenté mercredi dernier en conseil des ministres. TÊTU.com: Quel est l'objet de cette mission ? Michel Teychenné: Vincent Peillon m'a chargé de rédiger un rapport sur les actions et mesures qu'il serait envisageable de décliner dans les établissements scolaires. Ce qui révèle une volonté de lutter contre toutes les discriminations LGBT. Au niveau de l'Education nationale, la jeunesse est particulièrement concernée par ces problèmes. On ne le dit jamais assez: les adolescents et les jeunes adultes LGBT, filles ou garçons, ont statistiquement des risques de tentative de suicide nettement supérieurs aux hétérosexuels: entre 6 à 12 fois plus selon les études portant sur le suicide ou les tentatives de suicide chez les 15-25 ans. Les raisons en sont la solitude et la pression sociale, qui sont souvent aggravées par l'homophobie vécue ou intériorisée. L'annonce de ce rapport a été applaudie par le Collectif Education contre les LGBTphobies en milieu scolaire (regroupant neuf organisations syndicales, ndlr) qui dénonce le silence et l'inertie du précédent gouvernement. A juste titre ? Je partage clairement ce point de vue. Il ne s'est pas fait grand-chose, et même la circulaire de 2003 sur l'éducation sexuelle n'est pas appliquée dans les établissements. Dans le cadre du plan de Najat Vallaud-Belkacem, le ministère a créé un groupe de travail auquel je participe pour, déjà, appliquer cette circulaire en revoyant tout ce qui concerne l'éducation à la sexualité sous l'angle biologique, mais aussi sociologique et humain. SOS-homophobie est associée à ce travail. Pourtant, Luc Chatel avait lancé en 2010 une campagne de communication contre l'homophobie. En 2011, après la publication d'un rapport de la Direction générale de l'enseignement scolaire, il a mis en place un plan de lutte contre les discriminations et le harcèlement à l'école... Oui, avec un délégué national qui n'a jamais pris ses fonctions! On a assisté à de petites opérations de communication plus qu'à une véritable prise en compte des problèmes. La création de «la ligne Azur» est le seul point positif. Il faut développer et renforcer cette approche. L'enjeu de mon rapport est d'aborder sérieusement les problèmes de fond avec l'ensemble des partenaires: enseignants, parents d'élèves, associations LGBT. Le Collectif Education a fait un travail important autour d'une plateforme revendicative, un livre blanc qu'il faut maintenant expertiser. Il s'agit en tout cas d'une contribution majeure à mon rapport. Comment allez-vous vous y prendre pour rédiger ce rapport ? Nous allons, avec le groupe de travail rassemblant tous les partenaires, nous réunir régulièrement à partir du 14 novembre pour échanger, discuter sur les propositions des uns et des autres et sur leur faisabilité. Je suis d'abord là pour écouter les propositions de chacun sur la lutte contre les LGBTphobies à l'école et sur les violences scolaires liées à l'homophobie, en lien avec Eric Debarbieux, délégué national à la violence scolaire. Il y aura une réunion spécifique du groupe de travail sur les problématiques du suicide. Je dresse actuellement un état des lieux avec les recteurs, je me déplacerai dans certains établissements. Je ferai ensuite mes propositions au ministre début janvier. L'école de la République doit être le lieu d'apprentissage du vivre-ensemble. Les discriminations qu'elles soient racistes, sexistes ou homophobes, sont à appréhender dans leur globalité, même s'il y a des spécificités pour les discriminations LGBT. Cette école de la République et du vivre-ensemble doit jouer son rôle de la maternelle au lycée, avec bien sûr une approche différenciée. Les discriminations ne sont pas l'apanage des seuls adolescents mais concernent l'ensemble de la communauté éducative. Comment intégrer celle-ci au plan de lutte contre l'homophobie ? Il y a aujourd'hui une prise de conscience et une vraie attente au niveau des équipes pédagogiques. Il doit y avoir une sensibilisation lors des formations initiales et continues des enseignants, mais aussi auprès des personnels non enseignants. Des propositions seront faites dans ce sens. Elles devront être utiles. Mon objectif est que les mesures proposées soient reprises et appliquées dès la rentrée 2013. Ce n'est pas de produire un rapport de plus qui finira sur une étagère du ministère. |
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