22/11/2012 La polémique sur le mariage pour tous est relancée après les déclarations de François Hollande sur la possibilité pour les maires de refuser d'unir des couples de même sexe. Des militants appellent à se réunir ce soir. En tentant d'apaiser les maires défavorables au mariage pour tous, François Hollande a fait exploser la polémique. Hier, devant le congrès des maires, le président a reconnu la possibilité pour ces d'invoquer leur «liberté de conscience» afin de déléguer leur signature à des adjoints. Depuis, les réactions affluent – et sur Twitter, le hashtag «libertédeconscience» est toujours parmi les plus repris douze heures plus tard. L'opposition s'est saisie aussitôt de ce qu'elle voit comme un «recul»: «Cette manière de dire en passant, dans un discours dans lequel on attendait tout sauf ça, cette évocation de la clause de conscience – pourquoi sur ce sujet plus que d'autres ? – m'amène à dire qu'il y a probablement un début de recul, un vrai début de recul. Je le vois plus comme un recul que comme un apaisement», a ainsi déclaré le président de l'UMP Jean-François Copé, qui veut y voir un signe de «mal à l'aise» du président sur le sujet. «Il fallait se pincer pour y croire» «S'il pose des problèmes si graves que l'on considère – c'est rarissime – que les maires ont droit à une liberté de conscience, alors il n'y a pas de place pour un passage en force et il faut vite se remettre autour de la table pour trouver des solutions d'apaisement» a déclaré Laurent Wauquiez, le maire du Puy-en-Velay, qui était dans la salle: «Il fallait se pincer pour y croire, dit-il. Ça donne un impression incroyable de cafouillis.» Xavier Bertrand demande pour sa part un «renoncement» au projet de loi. Du côté des partisans de la loi, c'est l'indignation: C'est «un recul, une soumission, une esquive», lance Noël Mamère dans Libération. «Cela signe la victoire idéologique de la droite, (…) une capitulation en rase campagne, (…) une mollesse politique inexplicable», ajoute le maire de Bègles (Gironde) qui avait marié un couple gay en 2004. Citant le droit de vote des étrangers, le cannabis ou le droit à mourir dans la dignité, il juge «ce recul révélateur d'une gauche de 2012 frileuse sur les sujets de société». Opération déminage Le premier secrétaire du PS a donc dû tenter d'expliquer qu'il ne s'agissait pas d'un recul du chef de l'Etat: «Non, le président de la République a rappelé hier que le droit au mariage pour tous serait garanti partout, dans toutes les communes, a déclaré Harlem Désir sur Radio Classique. Il a rappelé simplement que les maires ont la possibilité de déléguer, comme ils le font déjà, à leurs adjoints ou d'autres membres du conseil municipal la célébration d'un mariage.» «Il défend ce mariage pour tous, c'est un progrès de l'égalité, une protection pour toutes les familles» et «il a voulu s'assurer que partout, dans toutes les municipalités, ce droit au mariage soit effectif». Pour lui, Noël Mamère dénonçant une «victoire idéologique» de la droite «fait une mauvaise interprétation». D'autres membres du gouvernement se lancent dans l'opération déminage: «Le maire fera comme d'habitude», insiste Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur: les édiles «ne font pas tous les mariages actuellement.» Vincent Peillon, ministre de l'Education, relativise: «J'entends les critiques et je vois ceux qui avancent. Le président de la République propose le mariage gay. Nous allons le voter sans diviser la société française. Alors on peut grogner, on peut dire qu'on recule quand on avance.» «Nous tiendrons cet engagement», a répété Dominique Bertinotti, ministre de la Famille, au sortir du conseil des ministres ce matin, et la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, assure de la «détermination pleine et entière» de François Hollande à mener la réforme. Sur France Info, Christine Taubira, ministre de la Justice, assure qu'il n'y a «aucune réserve» de Hollande sur le mariage pour tous: Les associations «scandalisées» Dans ce contexte, l'Inter-LGBT muscle sa position et annonce qu'elle suspend «toutes ses relations» avec le gouvernement, qu'elle rencontrait régulièrement pour préparer le projet de loi. «Scandalisée» par les déclarations de François Hollande, l'association «exige d'être reçue rapidement par le président de la République afin d'obtenir de sa part des explications sur ce qui est au mieux une maladresse, au pire une trahison». Stupéfaite, l'association SOS homophobie parle de «violente attaque» contre le projet de loi, «pourtant déjà réduit à son minimum». Au-delà du seul sujet du mariage pour tous, SOS homophobie «s'inquiète de cette possibilité d'invoquer la liberté de conscience d'élus qui ont l'obligation de respecter la loi. Où s'arrêtera cette liberté? S'appliquera-t-elle également aux mariages de couples mixtes, aux mariages de couples de certaines religions?» Les militants LGBT se mobilisent dès ce soir: ils appellent à manifester à 18h30 au siège du PS à Paris, rue de Solférino. Au même moment, l'association des Dur-e-s à Queer se rassemblera devant le siège du PS à Nantes, rue des Tanneurs. MISE À JOUR 14h45: François Hollande vient de répondre à une question sur les inquiétudes des pro-droits LGBT. «La loi doit s'appliquer partout dans toutes les communes de France», a simplement déclaré le président, qui s'exprimait lors d'une conférence de presse en compagnie de son homologue italien. |
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