26/11/2012 Dans une déclaration émouvante, Jean-Pierre Guérin a pris la parole au conseil général de Seine-et-Marne, où il est élu. Lisez l'intégralité de son discours. C'est ce que l'on appelle «y mettre du sien». Vendredi, lors d'un débat sur l'égalité des droits au Conseil général de Seine-et-Marne, le chef de cabinet du Premier ministre – en qualité de conseiller général PS du canton de Mée-sur-Seine – a pris la parole pour dévoiler son homosexualité. Déclaration publique Il s'agissait de mettre à jour le réglement intérieur pour accorder aux agents départementaux homosexuels dont le conjoint vient d'avoir un enfant le congé «parental» de onze jours jusqu'ici réservé au père, et désormais reconnu par la loi. Mais l'opposition trouvant le projet «démagogique», Jean-Pierre Guérin a pris la parole. «Je vis avec mon compagnon depuis quinze ans déjà et j'ai un enfant qui a un peu plus de cinq ans. Nous formons une famille, a déclaré Jean-Pierre Guérin, selon le texte retranscrit sur son blog. Ce n’est pour moi ni un sujet de fierté ni un sujet de honte, c'est un fait. Nous formons une famille avec les mêmes soucis et les mêmes joies que toutes les autres familles.» Emotion palpable «Aujourd'hui, a-t-il poursuivi, le projet qui nous est présenté par le Président du conseil général va dans le même sens. Pourquoi celles et ceux qui participent à l'éducation de leur enfant auraient-ils moins de droits parce qu’ils ont une orientation sexuelle différente? Car derrière ce débat, c’est bien un sujet plus large que nous portons: celui du refus de toutes les discriminations! Notre République a le devoir de protéger tous ses citoyens, pas d'opposer les uns aux autres.» «L'émotion était palpable», note Le Parisien, tandis que le responsable du groupe d'opposition répond que «Le choix de vie de M. Guérin n’engage que lui. Je trouve qu’on politise trop ce genre de sujet.» L'assemblée a applaudi l'interview de Jean-Pierre Guérin – et finalement voté le texte. Sur son blog, l'élu PS commente: «Je n'en tire ni gloire ni honte, seulement le sentiment d’être fidèle à ce que je suis et à mes convictions.» L'INTÉGRALITÉ DU DISCOURS DE JEAN-PIERRE GUÉRIN: «C’est probablement la première fois que j’interviens dans une enceinte politique pour évoquer ma vie privée. J’ai toujours pensé que la préservation de l’intimité de chacun n’avait rien à faire dans le débat public. Je n’ai jamais rien revendiqué pour moi-même. Pourtant, ce débat aujourd’hui et la pusillanimité de mes amis de l’UMP démontre que le combat pour l’égalité est un combat de tous les instants. Il montre que, malheureusement, ai-je envie de dire, le combat contre toutes les discriminations est loin d’être terminé. Tout comme je suis las de voir dans ma propre commune certains utilisant ma vie privée, faisant circuler l’information sous le manteau, voire en la déformant et en la dévoyant. Je vis avec mon compagnon depuis quinze ans déjà et j’ai un enfant qui a un peu plus de cinq ans. Nous formons une famille. Ce n’est pour moi ni un sujet de fierté ni un sujet de honte. C’est un fait! Nous formons une famille avec les mêmes soucis et les mêmes joies que toutes les autres familles: l’inquiétude quand mon fils a de la fièvre, le sourire face à sa curiosité, la volonté qu’il réussisse à l’école, l’envie de lui transmettre des valeurs… Ce choix d’avoir un enfant, je vous l’accorde, n’était pas évident. Mais plus que d’autres peut-être, nous en avons pesé les conséquences, non pas tant pour nous, mais pour lui. Oui, je le dis simplement : nous formons une famille. A l’image de tant de familles recomposées dans notre pays. J’ignore si demain j’épouserai mon compagnon. Je ne revendique rien pour moi-même. Mais dans ce domaine comme dans tant d’autres, je revendique le droit à l’égalité. Aujourd’hui, le projet qui nous est présenté par le Président du conseil général va dans le même sens. Pourquoi celles et ceux qui participent à l’éducation de leur enfant auraient-ils moins de droits parce qu’ils ont une orientation sexuelle différente ? Car derrière ce débat, c’est bien un sujet plus large que nous portons: celui du refus de toutes les discriminations ! Notre République a le devoir de protéger tous ses citoyens, pas d’opposer les uns aux autres. Peut-être du fait de mon expérience personnelle, je suis plus sensible que d’autres au combat de celles et de ceux que l’on qualifie rapidement de minorités. Mais n’oublions jamais que nous sommes tous potentiellement victimes de discriminations, qu’elles soient liées au genre, à l’origine, à l’âge, au handicap ou à l’orientation sexuelle. Mais tous ensemble, nous formons une majorité.» |
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