18/12/2012 La ministre de la Santé revient sur ses propos de juin et déclare aujourd'hui qu'elle ne pourra pas permettre aux homos de donner leur sang. Explications. Il y a exactement six mois, la ministre de la Santé assurait que l'«on peut et on doit revoir cette politique» qui empêche les gays de donner leur sang, puisque «l'orientation sexuelle n'est pas en soi un risque». Marisol Touraine poursuivait la promesse faite par le président François Hollande avant son élection, et réaffirmée à TÊTU. Des promesses qui semblaient rétrospectivement bien hâtives, car, depuis, la ministre de la Santé s'est confrontée, comme beaucoup avant elle, à la résistance de l'Etablissement français du sang (EFS). Et elle a effectué un revirement à 180° ce matin au micro de RMC et BFMTV, en confirmant que le don du sang resterait interdit pour les homosexuels masculins. L'éternel dilemme «Je ne trouve pas normal qu'il y ait un élément de discrimination», a-t-elle répété. Mais «je ne peux lever l'interdiction qui existe que si on me donne une garantie absolue que cela n'apportera pas plus de risques pour les transfusés», a complété la ministre ce matin. «Aujourd'hui, je ne peux pas lever cette interdiction». Avant elle, Xavier Bertrand puis Roselyne Bachelot avaient promis de lever l'interdiction du don du sang ou d'organes par les gays, avant de se raviser l'une et l'autre. Sa prédécesseure, Nora Berra, avait même créé la polémique en parlant très maladroitement de l'homosexualité comme d'un «facteur de risque» pour le VIH. Discriminations contre principe de précaution Gouvernement après gouvernement, les ministres sont écartelés entre la situation d'exclusion des homosexuels de ce don et de celui du don d'organes, vécue par certains comme une discrimination, y compris par le Défenseur des droits Dominique Baudis, et l'intransigeance de l'EFS. Le nouveau président de cet organisme chargé de la gestion des produits sanguins en France, François Toujas, assurait encore en septembre que «le don du sang n'est pas un droit, c'est un acte de solidarité», évoquant en revanche «le droit du receveur» de ne pas courir de risque. Très prudents après l'affaire du sang contaminé, des professionnels de la santé justifient en effet l'interdiction par la plus grande prévalence du virus du sida dans la communauté homosexuelle, avec un nombre estimé de contaminations 200 fois supérieur à celui des personnes contaminées par un rapport hétéro… et une proportion évaluée à 20% de gays qui ignorent leur séropositivité. A noter enfin qu'après la contamination, il existe une période de 10 à 12 jours durant laquelle l'infection n'est pas détectable lors d'un dépistage. Lire aussi: Gays et dons de sang: Et si l'exclusion permanente était contreproductive? Mise à jour 19h30: Réaction de Sergio Coronado «Alors même que le gouvernement avance vers l'égalité des droits avec l'ouverture du mariage pour tous les couples, c'est une véritable discrimination d'Etat que vient d'entériner la ministre de la santé», écrit le député Sergio Coronado dans un communiqué cosigné de Pierre Serne, délégué thématique national “Genre et société” d'EELV et la commission LGBT d'EELV. «Triste jour pour les hommes homosexuels, mais bien pire encore pour les malades», annonce le communiqué. «Revenant sur la promesse de campagne de François Hollande, la ministre des Affaires sociales et de la santé, Marisol Touraine, a annoncé aujourd'hui qu'elle ne lèverait pas l'interdiction permanente du don du sang pour les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes», dit Sergio Coronado. «Il n'existe pas de “groupe à risque” mais bel et bien des comportements à risque, qui ne dépendent aucunement de l'orientation sexuelle des volontaires au don du sang", déclare-t-il. «Il est temps de cesser ces discriminations nocives pour la santé publique et le vivre-ensemble.» |
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