17/01/2013 Entre 340.000 manifestants, selon la police, et 800.000, selon les organisateurs, ont marché aujourd'hui pour protester contre l'ouverture du mariage à tous les couples. Les opposants au mariage pour tous ont réussi à mobiliser massivement dimanche à Paris lors d'une grande manifestation contre cette promesse de François Hollande, un rassemblement inédit à droite sur un sujet de société depuis près de trente ans. Mais, cette manifestation, qui est «consistante» et «exprime une sensibilité qui doit être respectée», «n'empêchera pas le débat au Parlement», prévu dès le 29 janvier, a immédiatement réagi l'Elysée. Entre 340.000 manifestants, selon la police, et 800.000, selon les organisateurs, ont défilé jusqu'au pied de la Tour Eiffel, à l'appel de «La Manif pour tous» qui s'était fixé l'objectif minimum d'au moins 200.000 à 300.000 personnes. Il s'agit du plus grand rassemblement à droite sur un sujet de société depuis celui pour la défense de «l'école libre» qui avait rassemblé au moins 850.000 personnes, de source policière, à Paris en 1984. Lettre à François Hollande Avec pour mot d'ordre «Tous nés d'un homme et d'une femme», les trios cortèges au départ de la Porte Maillot (XVIe), de la place d'Italie (XIIIe) et de Denfert-Rochereau (XIVe) ont rallié en fin d'après-midi le Champ-de-Mars (VIIe). Devant une foule compacte, les porte-parole de «La Manif pour tous» ont lu une lettre à François Hollande lui demandant de «suspendre ce projet de loi qui divise les Français». «Vous ne pouvez ignorer cette foule considérable!», a déclaré l'égérie de la manifestation, Frigide Barjot, qui avait revêtu un voile de mariée. Cette marche s'est déroulée sans incident alors que le plan de défense antiterroriste Vigipirate a été renforcé samedi, notamment pour les rassemblements de personnes. Des policiers étaient visibles aux principales intersections, mais restaient discrets le long des cortèges. Au total, 8.000 bénévoles du collectif «Manif pour tous» étaient chargés de la sécurité, reconnaissables à leur maillot jaune, aux côtés de milliers de membres des forces de l'ordre. Les manifestants, dont beaucoup de familles avec enfants, arboraient des écharpes roses et brandissaient des drapeaux ou pancartes où on pouvait lire: «On veut du sexe pas de genre», «Y'a pas d'ovule dans les testicules», «Vive la parité et d'abord dans le marriage». «La loi sera votée et personne ne reviendra dessus» «C'est une manifestation importante dont on doit respecter les motifs», a indiqué le ministre du Travail, Michel Sapin, sur BFM TV. «Est-ce que pour autant cela fait changer le cours des choses ? La réponse est non», a-t-il estimé, indiquant que «c'est au Parlement que la loi sera votée». «Je n'ai pas le sentiment d'une France coupée en deux», a aussi dit le ministre du Travail. «Il y a une partie de la France qui exprime une opinion très fortement». Michel Sapin a souligné que le projet du gouvernement d'ouvrir le mariage et l'adoption aux couples homosexuels n'était «pas le sujet fondamental de préoccupation des Français». Assurant que le Parti socialiste était «dans la clarté et la sérénité la plus totale», il a prédit que «dans quelques mois la loi sera votée et personne ne reviendra dessus». Contre-manifestants De rares contre-manifestants ont émaillé le parcours des différents cortèges de la manifestation contre le mariage homosexuel, affichant pacifiquement leur désaccord, faisant parfois l'objet d'injures, sans que cela ne donne lieu à aucun incident. Des consignes avaient été données aux manifestants dans un feuillet distribué avant le départ, signé par «La Manif pour tous», demandant de ne pas répondre «aux provocations, sinon par de grands sourires». «En cas de kiss-in (ou de provocation): restez bienveillant, souriez et embrassez votre chéri(e)! Scandez et brandissez des panneaux "Nous aussi, on vous aime!" et "S'embrasser, c'est pas s'marier!"» pouvait-on lire sur ce feuillet. Flopée d'insultes Des consignes qui n'ont pas tout le temps été respectées... Ainsi, lorsque trois filles en débardeurs se sont approchées d'un des cortèges avec un maquillage de sang et levant le poing face aux manifestants, elles ont été mises à l'écart par le service d'ordre, et l'un des manifestants leur a lancé: «Allez vous faire enc...». Ou encore quand des groupes de riverains ont brandi près de la place Pinel d'où est parti le cortège de Civitas, des pancartes avec comme slogan «hetero-gay mariage pour tous» et «amour et tolérance», ils n'ont reçu qu'une flopée d'insultes. Le long du boulevard Port Royal, plusieurs banderoles affichées aux fenêtres «egaylite», «oui au mariage pour tous, non a l'homophobie», «gay ok» ont été copieusement sifflées par les manifestants, relançant la vigueur des slogans. Au croisement de l'avenue Georges Mandel et de la rue Descamps, une douzaine de jeunes habillés en blanc se sont postés silencieusement devant les manifestants avec du scotch noir sur la bouche. «Réchauffer nos cœurs» L'association Inter-LGBT avait elle choisi de s'éloigner des défilés et d'organiser un «brunch géant» aux Buttes-Chaumont dans le XXe arrondissement. Une petite centaine de personnes a participé à ce grand pique-nique. «On se réunit pour passer un bon moment, manger des petits gâteaux, boire du thé, et se réchauffer en même temps physiquement et dans nos cœurs», a expliqué Emilie Jouvet, organisatrice, dans la cour d'un restaurant. «C'est triste que ces gens manifestent. La France est un pays de démocratie et de l'égalité. Elle est censée être un pays des lumières, aujourd'hui les lumières s'éteignent», a-t-elle regretté. L'association Act-up Paris a elle assuré dans un communiqué avoir déployé une banderole sur le Pont des Invalides «Hompophobie=mort», évoquant un climat «homophobe et transphobe généralisé». |
Webmaster / Éditeur : Monclubgay.com © | Réalisation : Nichetoo.net | ||
Conditions d'utilisation |
|