17/01/2013 REPORTAGE. Ils étaient une centaine, hier dans le parc de l'est parisien, à se remonter le moral autour d'un brunch alors que les anti-mariage défilaient dans la capitale. «Je pensais qu’on serait dix!» lâche Emilie Jouvet, organisatrice improvisée d’un brunch qui a réuni hier après-midi une centaine de personnes dans le Parc des Buttes Chaumont à Paris. Emmitouflée dans sa doudoune à capuche pour résister au froid tout l’après-midi, la réalisatrice explique comment elle a réuni homos et hétéros friendly pour affronter ensemble cette journée de manifestation anti-mariage et adoption: «Tout est parti d’un message posté sur ma page Facebook. Je proposais à mes amis de passer le dimanche ensemble, plutôt que de rester chez soi à déprimer en écoutant les infos.» Un appel informel auquel ont répondu, dès 15 heures et jusqu’à la tombée de la nuit, des couples, des groupes d’amis et des invités solitaires venus se réchauffer grâce aux thermos de café, pancakes et autres beignets mis à disposition sur une grande nappe à carreaux blancs et rouges. «Se réunir autour de quelque chose de positif» L’idée semble avoir séduit en particulier ceux qui voulaient se faire entendre d’une autre façon qu’en allant contre-manifester. «Je soutiens ceux qui vont aux contre-manifs, c'est important de le faire», précise Emilie Jouvet. «Mais je crois que beaucoup ont été blessés, profondément, par ce que les antis ont dit de nous, qu'on était pédophiles, incestueux, que nos enfants allaient être des terroristes. C'est très douloureux, et ça nous fait du bien de se réunir autour de quelque chose de positif. L'idée c'est de passer un moment sympa et de recharger les batteries pour ensuite aller manifester le 27 janvier!» L’ambiance conviviale ferait oublier ce qui se passe un peu plus loin dans Paris, mais les propos, eux, sont amers. Venue avec un groupe d’amies, Marianne, la vingtaine, a du mal à cacher sa colère: «J’ai pas envie d’être chez moi en sachant que des gens sont en train de manifester contre mes droits. Ça me donne envie de pleurer.» «Ça me donne envie de pleurer» Un peu plus loin, Ywen et Malik, venus tous les deux seuls au brunch, font connaissance. «Le fait qu’un jour je me marie avec un homme, qu’est-ce que ça va changer pour les couples hétéros mariés? s’indigne Ywen, 36 ans, qui raconte son parcours. «J’ai donné cinq ans de ma vie dans l’armée, j’ai participé à des opérations extérieures, j’ai un travail, je paye des impôts, je fais partie de la société! Pourquoi n’aurais-je pas les mêmes droits que les autres?» Malik, 25 ans, tente de ne pas se laisser abattre: «Il n’y a pas de débat à avoir avec les anti, ils sont juste haineux. Je viens de Marseille, où il ne se passe jamais rien, alors ça fait du bien d’être là aujourd’hui pour parler.» Beaucoup avouent attendre la manifestation 27 janvier avec impatience. Mais pour Justine, 23 ans, cela ne suffira pas: «Il faut qu’on se réunisse de manière plus visible. Pour l’instant on est pris dans le système manif/contre-manif, ça ne peut pas durer comme ça.» |
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