07/02/2013 INTERVIEW. La député des Français résidant en Amérique du nord, responsable pour le groupe socialiste du projet de loi, raconte comment elle vit le débat à l'intérieur de l'hémicycle. Les débats sur le mariage pour tous, en cette huitième journée à l'Assemblée, auront un peu tourné en rond autour de l'amendement-balai ajouté par Erwann Binet en commission des lois. Cet amendement visait à en faire «tomber» beaucoup d'autres de l'opposition en inscrivant l'application aux couples de même sexe les textes de loi incluant les mentions de «père» et «mère». Un disposition critiquée par l'UMP sans discontinuer depuis hier. L'occasion de faire un bilan à mi-parcours avec Corinne Narassiguin, députée PS de la Première circonscription des Français de l'étranger (Amérique du Nord) et responsable pour le groupe SRC (socialistes, républicains et citoyens) du projet de loi sur le mariage et l'adoption pour tous. TÊTU: Quand on dit que le débat s'enlise autour de l'article 4 depuis hier, ce n'est qu'une impression? Corinne Narassiguin: Je crois que les députés UMP ont été vexés qu'avec l'article-balai, on élimine des modifications du code civil. Ils nous critiquent sans proposer de solution juridiquement recevable. Pour essayer de faire avancer les choses, les députés socialistes ont décidé de ne plus répondre aux provocations et prolonger inutilement les débats. On voit bien que, mis à part Jean-Frédéric Poisson et Hervé Mariton qui font des efforts, ils n'essaient même plus de débattre sur le fond et font des grands discours sur n'importe quoi. Je ne suis pas sûre que cela éclaire nos concitoyens. Hervé Mariton a semblé trouvé une faille en trouvant un texte lu par les maires lors des mariages qui n'est pas modifier par l'amendement-balai et qui mentionne toujours le père et la mère… On entre dans des dispositions interprétatives de la loi. L'équivalent existe en Espagne et ça marche. Le maire adapte évidemment son vocabulaire au couple qu'il a en face de lui, sans s'y tromper! Peut-on aujourd'hui savoir quand va se terminer le débat? Non, cela dépend d'une petite poignée d'irréductibles et de leur motivation à défendre systématiquement des amendements similaires. Une fois que le premier article a été acté, il n'y a plus de fondements à s'attaquer aux articles suivants. C'est pourtant sur cet article 4 qu'ils ont déposé le plus d'amendements. Il y en aura moins sur les articles suivants. Comment qualifieriez-vous l'attitude de la droite jusqu'ici? Elle est incompréhensible. Ils n'arrivent plus à sortir de leurs propres contradictions. C'est très compliqué pour eux d'expliquer qu'ils ne sont plus sur les mêmes lignes que lors des débats sur le pacs, alors qu'en réalité ils le sont toujours. Et l'attitude de la gauche? Elle a fourni un travail conséquent sur le projet de loi. Le comportement du groupe socialiste est admirable car ils sont à la fois déterminés et mobilisés, et conscients du fait qu'on doit faire preuve de beaucoup de retenue. Les citoyens méritent mieux que de se laisser entraîner dans un débat de caniveau. Justement, la particularité de ce débat est qu'il est extrêmement suivi par le public extérieur. Vous qui êtes dans l'hémicycle, comment le vivez-vous? C'est plutôt sympathique d'avoir autant de soutien par Twitter des gens qui nous regardent. Ça nous permet de faire baisser la pression, et parfois de garder son calme face aux provocations. Par ailleurs, il est excellent que les Français s'intéressent à ce point au travail législatif, même si beaucoup de choses se sont passées en commission. Vous échangez de nombreux messages avec le public, qu'est-ce que cela vous apporte? Ça nous permet de voir comment le débat est perçu, ce qui blesse les gens dans ce qu'ils entendent et cela nous pousse à réagir. Votre circonscription est particulière, puisqu'elle couvre les deux pays d'Amérique du Nord. Comment pouvez-vous dans ce cas prendre le pouls de vos administrés? Même si je n'ai pas beaucoup pu bouger ces dernières semaines à cause de ce projet de loi, je me suis beaucoup déplacée ces derniers mois dans les permanences où les gens sont venues me parler de ça. C'est ainsi qu'ils m'ont sollicitée sur le lieu dans lequel ils peuvent se marier, ne résidant sur aucune commune française (un amendement voté leur permet de se marier dans la dernière commune de résidence en France de l’un des conjoints, la commune de naissance ou celle de l’un des parents ou grands-parents). Je reçois aussi beaucoup d'e-mails, essentiellement pour nous soutenir, et aussi des photos de familles qui attendent d'avoir leurs droits parentaux pleinement reconnus par la France, et envisagent ainsi d'y revenir. Corinne Narassiguin sur Twitter. |
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