09/02/2013 L'examen en séance s'est clos dans la nuit de vendredi à samedi, après 11 jours de débats intensifs. Compte-rendu des ultimes heures, avant le vote solennel mardi. Une page se tourne, mais «le combat ne fait que commencer». Alors que l'examen du texte s'est achevée tard dans la nuit, l'allégresse de la majorité vaut bien la détermination de l'opposition. Après 10 jours de travail acharné, on a senti poindre le soulagement derrière les cernes des socialistes, mais l'opposition était là pour rappeler que gagner une bataille, ce n'est pas gagner la guerre. L'opposition docile Dès le milieu de l'après-midi, l'éventualité de finir dès cette nuit bruissait déjà dans les couloirs de l'Assemblée nationale. En début de soirée, le président Claude Bartolone prévenait les députés de l'opposition: «Nous allons finir cette nuit. Seulement, c'est vous qui choisissez l'heure de fin.» Et l'opposition fut docile. Les articles ont défilé à vitesse grand V. Après le vote de l'article 4, les articles s'enchaînent. Reconnaissance des mariages contractés à l'étranger, application de la loi dans les DOM-TOM, régime des allocations à Mayotte, où seules les femmes pouvaient obtenir les prestations familiales. Une trentaine de députés de droite font acte de présence, continuent de défendre les amendements relatifs au texte, dans les deux minutes imparties, mais plus de stratégie d'obstruction ou de rappels au règlement intempestifs. Fausse-joie Vers deux heures du matin, toutefois, on a frôlé l'incident. Ils rêvaient de pouvoir rentrer dans leur circonscription, et François de Rugy (EELV) a bien failli briser leurs espoirs: « J'ai été absent une journée et je dois avouer que je ne suis pas dépaysé: le Breton est toujours là, le breton Le Fur aussi, le Poisson est présent également, même s'il nage en eaux troubles parfois, et le Troll de l'Assemblée. Et chez Valérie Pécresse, la seule chose qui a changé, ce sont ses vêtements.» Loin de s'en tenir à ces attaques personnelles, le député continue, alors qu'est examiné un amendement visant à interdire la reconnaissance des mariages contractés à l'étranger: « Avec vous, quand on est homosexuel, il vaut mieux se faire discret. Alors quand on est homosexuel et étranger...» La réponse de la droite ne se fait pas attendre. Lors d'un rappel au règlement, Christian Jacob menace: «si M. de Rugy ne nous présente pas ses excuses, nous demanderons suspension sur suspension!» Après une pause, le sage Claude Bartolone réussit tout de même à ramener le calme, et l'opposition lâche du lest. Dernier souffle sur la GPA Dès lors, c'est le chant du cygne. Ou plutôt du phénix, car à entendre Marc Le Fur «ce n'est qu'un début.» Alors que l'opposition défend ses amendements généraux sur le texte, modification du titre ou de report d'application de la loi aux prochaines municipales, ses interventions semblent résignées. «Merci pour la bonne tenue de ces débats» entend-on plusieurs fois, tout comme «Nous serons là le 24, avec les français.» Car pour eux, rien n'est joué. La Manif Pour Tous remet ça le 24 mars, et ils comptent bien mobiliser les français, suffisamment pour faire changer le gouvernement d'avis. D'autant que la circulaire Taubira a fait des petits: un site internet ukrainien l'a déjà utilisé pour inciter les français à venir faire des GPA: «En 8 jours, grâce à vous, quelques ukrainiennes supplémentaires vont vendre leurs bébés.» «Ce n'est que le début» «L'Ukraine a adopté une loi qui autorise la GPA uniquement pour les locaux.» répond Sergio Coronado (EELV) «Nous arrivons à la fin de ce débat, l'opposition use de ses dernières forces» «Ce n'est que le début!» répond en choeur l'opposition. «Nous aurons ce débat sur la PMA et sur la GPA, reprend le député des français d'amérique du sud. Nous l'aurons parce qu'il existe même en votre sein et il mérite d'être étudié avec sérieux. Nous aurons ce débat le moment venu.» Mais sur le projet de loi, l'UMP n'est toujours pas convaincue. «OUI pour reconnaître les enfants des couples homosexuels, défend Daniel Fasquelle. OUI à l'égalité des droits des couples homosexuels, mais NON à ce que vous mettez en place.» Et Christian Jacob, le président d'ajouter dans son discours final: « On quitte le débat avec de la tristesse. C'est une victoire, parce que nous vous avons fait reculer sur la PMA. Et de montrer qu'on n'est pas à la veille de retrouver la PMA dans un texte qui soit voté par cette Assemblée. Nous sommes fiers d'avoir mené cette bataille, et de continuer à la mener.» «Un bel exercice legislatif» Mais du côté du PS, rien ne pourra gâcher l'optimisme. Christiane Taubira salue la vigilance de Bartolone, l'engagement d'Erwann Binet, de Corinne Narassiguin, et le silence des députés face à l'obstruction: «Nous savons tous à quel point certains d'entre nous ont piaffé, vous avez renoncé à votre parole pour que ce texte magnifique puisse progresser.» «Ce qu'il va rester, c'est le contenu, le fond. Vous avez contribué à faire en sorte que cet exercice législatif soit un grand et bel exercice. Nous arrivons au bout d'une bataille, et je crois que la meilleure réponse que nous ayons obtenu, c'est l'évolution de l'opinion publique sur le sujet. Ce peuple a montré constamment dans son histoire qu'il savait se hisser, s'élever. Le plus beau cadeau que nous pouvions recevoir, c'est à vous que nous le devons.» |
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