21/02/2013 La ministre de la Justice a le vent en poupe. Un sondage la sacre personnalité préférée de la gauche, et «Les Inrocks» lui consacrent leur une, assortie d'une interview dont nous publions des extraits. Alors qu'à sa nomination à la Chancellerie, l'UMP et le FN la qualifiaient de «maillon faible du gouvernement», l'ancienne candidate radicale des présidentielles de 2002 – accusée par la gauche d'avoir fait perdre Lionel Jospin – s'est bien rattrapée. Depuis le débat sur le mariage pour tous, Christiane Taubira a la baraka. Sa détermination politique et l'intelligence de ses discours ont séduit la majorité, qui l'a souvent ovationné dans l'hémicycle. Même l'opposition la respecte, salue sa maîtrise du sujet, et le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a fait part de sa «fierté» d'avoir à ses côtés une «grande garde des Sceaux» et dans la foulée, des militants bordelais lui offraient des fleurs. Une nouvelle popularité confirmée hier par le baromètre BVA-L'Express-France Inter-Orange. Depuis le mois dernier, sa cote d'influence a grimpé en flèche: la garde des Sceaux passe directement la 22e à la 5e place du classement des personnalités politiques préférées des Français, avec 39% d'opinions favorables, devant Nathalie Kosciusko-Morizet (37%) et Nicolas Sarkozy (37%) et même son chef, Jean-Marc Ayrault (38%). Devant Valls Et la gauche, en particulier, a fait d'elle sa nouvelle star. Le même sondage lui donne une popularité écrasante de 78% chez les sympathisants de gauche. Dans ce public, elle se paie même le luxe de devancer l'homme politique préféré des Français, Manuel Valls (64% à gauche, 56% dans l'ensemble de la population). Consécration suprême s'il en est, Les Inrockuptibles l'adoubent dans le numéro à paraître demain: «La gauche, c'est elle». Et c'est avec des étoiles dans les yeux que les journalistes semblent avoir rencontré celle grâce à qui «le niveau est soudain monté», selon l'édito de Frédéric Bonnaud, le nouveau directeur de la rédaction du magazine culturel. Voici ce qu'on a appris dans cette interview de Christiane Taubira aux Inrocks: Elle a mis du temps avant de comprendre le sens du projet de loi: «J'ai beaucoup travaillé, beaucoup lu. (…) Mais pour ma propre survie, il me fallait m'envoler de tout cela. (…) Quoi que je fasse, j'ai besoin de comprendre ce que je fais, d'en saisir l'importance. (…) J'ai besoin de comprendre comment j'inscris cette réfome dans l'Histoire de la France, de la République, dans l'histoire de ses valeurs. Je pense que, dès qu'il est possible de le faire, c'est important de rappeler aux Français ce qu'ils ont fait de grandiose. C'est la meilleure thérapie contre la morosité ambiante. Ce peuple doute de lui.» Elle revendique également la maternité de l'expression «mariage pour tous»: «J'ai dit (…) que je ne voulais pas inscrire cette réforme dans une réponse ou un dialogue avec un seul groupe de citoyens. Je propose alors le terme “mariage et adoption pour tous”. (…) le Président et le Premier ministre ont approuvé.» Elle non plus n'était pas à l'aise d'entendre François Hollande parler de «liberté de conscience» pour les maires: «Quand j'ai entendu l'expression, je me suis moi-même crispée sur mon siège.» Elle a résisté sans mal aux attaques contre elle: «Les agressions contre ma personne, franches ou sournoises, ça ne me touche pas. Ils n'ont pas dit la moitié de ce qu'ils ont dit au mois de mai et juin (à sa nomination, on l'a taxée de «laxisme», d'«incompétence», NDLR), et cela ne m'affectait déjà pas. (…) Les députés UMP ont compris que je n'allais pas pleurer, que j'allais les trucider, mais pas pleurer.» Elle a choisi ses citations auprès de poètes (René Char, Antonio Machado, Léon-Gontran Damas…) qu'elle connaît bien: «Je navigue chez ces auteurs depuis que j'ai 15-16 ans. (…) Je n'instrumentalise pas la poésie, je ne cherche pas un effet. Il y a des instants où j'ai le sentiment qu'un poète a mieux concentré, mieux choisi les mots, pour dire ce que je veux dire. (…) Les plus belles lettres de la politique, c'est de donner de l'amour aux gens. C'est ce que font la poésie et la littérature. Il est anormal que ces mondes soient disjoints. C'est moi la norme, maintenant, ça change!» |
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