04/04/2013 «On ne lâche rien», martèlent les militants de la Manif pour tous. Sur-organisés, on risque bien de les entendre encore durant le débat qui s'ouvre ce jeudi au Sénat. Une ministre huée à la sortie de l'opéra à Lyon, une autre chahutée à Rennes: les anti-mariage homo adoptent désormais une stratégie de harcèlement, qui s'appuie sur une organisation bien rodée et une communication via les réseaux sociaux. Avec ce mot d'ordre, martelé à chaque sortie et encore ce soir, à la veille de l'ouverture du vote au Sénat: «On ne lâche rien». Sifflements «Je crois que François Hollande se fiche totalement de nous. Donc il va falloir qu'on continue (…) et nous avons plein d'idées!» a déclaré jeudi soir Frigide Barjot, chef de file du mouvement, à l'issue de l'intervention sur France 2 du président, qui a redit sa détermination à voir cette réforme aboutir. «Malgré nos actions de masse, le gouvernement fait l'autiste, nous avons donc décidé de multiplier les actions et notamment de réserver des comités d'accueil aux ministres partout où ils iront», a indiqué à l'AFP Albéric Dumont, l'un des coordinateurs nationaux du collectif. Samedi, les ministres de l'Education et de la Famille, Vincent Peillon et Dominique Bertinotti, ont fait les frais de cette stratégie à Rennes, où la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem avait été sifflée la veille par une centaine de manifestants. Deux jours plus tôt, c'est la ministre de la Justice, Christiane Taubira, qui avait croisé 250 protestataires à la sortie de l'opéra de Lyon. Autre personnalité visée: le député PS Erwann Binet, rapporteur du projet de loi, empêché de tenir un débat dans les Yvelines mardi et qui a dû partir sous protection policière. Aucun coût Les organisateurs de la Manif pour tous appellent également à mettre la pression sur les élus. Ainsi, avant l'examen du texte au Sénat, qui débutera demain, un site internet a été créé qui permet en quelques clics de connaître les coordonnées de son sénateur et de lui envoyer un courrier électronique, déjà rédigé, contre le mariage pour tous. Cette mobilisation tous azimuts s'appuie sur une communication parfaitement rodée et ultra réactive grâce aux réseaux sociaux. «Les SMS et les réseaux sociaux nous permettent de prévenir énormément de gens en un temps record sans avoir à imprimer aucun visuel, et donc cela n'occasionne aucun coût», a précisé M. Dumont, avant d'ajouter: «Et en plus, cela nous permet de nous passer des médias traditionnels qui veulent nous bâillonner.» Caisse de raisonnance Pour chaque action décidée, des dizaines de SMS sont envoyés aux militants de la première heure, aux bénévoles, aux photographes et vidéastes amateurs… Les infos sont ensuite diffusées sur internet et les petites mains qui s'affairent derrière leurs écrans sont nombreuses: 20 à 30 personnes se relaient jour et nuit pour poster des messages, qui sont ensuite reproduits des dizaines de fois par les internautes soutenant le mouvement. «La caisse de résonance que constitue Twitter est un outil formidable pour nous», a raconté l'un des jeunes qui donne chaque jour quelques heures de son temps. Le compte de La Manif pour tous poste maintenant jusqu'à une cinquantaine de messages par jour. Petite entreprise Bien sûr, les médias ne sont pas oubliés. Depuis des semaines, un point de presse par semaine est organisé, avec souvent dans la salle plus de bénévoles que de journalistes. Et, lors de la dernière grande manifestation, huit communiqués de presse ont été envoyés aux médias dans la journée. Avec 150 personnes constituant les équipes centrales à Paris, La Manif pour tous est une véritable petite entreprise qui vend de nombreux produits dérivés (tee-shirts, bracelets, écharpes…), mais qui a aussi besoin de fonds conséquents pour gérer toute cette mécanique. A chaque rassemblement, sur le site internet, des appels aux dons sont faits et, pendant la dernière grande manifestation, les bénévoles incitaient à donner des billets plutôt que des pièces. |
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