19/04/2013 À la pointe du jour, les députés ont fini l'examen du texte voté au Sénat sans le modifier, dans une ambiance exceptionnelle marquée par un vif incident de séance. On le savait, les règles devaient drastiquement changer pour cette deuxième lecture du texte ouvrant le mariage pour tous à l'Assemblée nationale. De fait, l'ambiance cette nuit était exceptionnelle dans l'hémicycle. Les députés ont fait nuit blanche pour terminer l'examen du texte dans la séance parlementaire de nuit, deux jours avant le délai envisagé par l'agenda de la chambre basse. Temps de parole épuisé Un peu avant quatre heures du matin, l'UMP avait épuisé les 11 heures de temps de parole qui lui étaient allouées – pour une bonne partie, la discussion sur le temps de parole elle-même était d'ailleurs l'objet de ses interventions, et la «répression» de la «Manif pour tous» du jour pour l'autre partie. Rappelons que le «temps programmé», innovation de la droite, était le ressort choisi en conférence des présidents pour ne pas voir le débat s'éterniser comme en première lecture (10 jours et presque autant de nuits).Pendant une heure, le président de l'Assemblée, Claude Bartolone, a donc seulement énuméré les centaines d'amendements restants, les soumettant au vote sans que l'UMP ne puisse les défendre (l'UDI, représentée par le seul Jean-Christophe Fromantin, étant le seul groupe d'opposition à disposer encore de temps). Les députés du groupe socialiste et des autres groupes ne sont quasiment pas intervenus. Vers un vote conforme Les seuls amendements soumis au vote étaient ceux retouchés au Sénat – sans les deux premiers, les plus importants, sur l'ouverture du mariage et de l'adoption aux couples homos, votés à l'identique dans les deux chambres. Tous les amendements ont été rejetés et les article retoqués ont été approuvés. Si l'Assemblée vote, mardi prochain, le texte dans son intégralité (comme cela devrait être le cas), le texte sortirait donc «conforme» de la seconde lecture, et serait approuvé définitivement par le Parlement, sans repasser par la case Sénat. Après l'examen du dernier article, vers 5h30 du matin, les députés avaient toutefois le droit de s'exprimer à nouveau, ce dont ils ont largement usé: pas moins de 26 membres de l'UMP se sont inscrits pour 5 minutes chacun d'explication à la tribune, soit encore plus de deux heures de discussion sans riposte. Mais, à cette heure, la très grande majorité des députés avait quitté les lieux. Les orateurs ont donc parlé à une opposition presque uniquement composée de la garde des Sceaux, Christiane Taubira. Un incident «jamais vu» Auparavant, la séance de nuit a été marquée par un très violent incident de séance. Un peu avant 1h du matin, des députés UMP, excédés par la réaction amusée d'un collaborateur de la ministre de la Justice, se sont précipités vers les bancs du gouvernement – créant plusieurs minutes de tension physique où les députés ont failli en venir aux mains. En plein milieu d'une intervention de Marc Le Fur (UMP) qui revenait de la manifestation et racontait la blessure d'une manifestante, des députés UMP se sont précipités en bas de l'hémicycle en criant «Dehors! Dehors!». Regardez les premières secondes de l'incident, avant l'interruption de séance: «Ça fait trente que je siège dans cet hémicycle et je n'ai jamais vu cela», a réagi Alain Vidalies, le ministre des Relations avec le Parlement, qui a ajouté: «Il faudra que le président du groupe donne des explications car la situation où l'un est venu au contact des ministres est parfaitement inadmissible.» Pas de vidéo «Rien ne justifie une espèce de descente avec une menace physique comme celle à laquelle on a assisté», a lancé Claude Bartolone. «Rien ne peut justifier la descente qu'il y a eu pour menacer un membre du cabinet de la garde des Sceaux», a-t-il dit. «Malheureusement il n'y a pas d'image car les caméras se coupent aux suspensions de séance», a-t-il dit, avant de dire qu'il était pour continuer les débats jusqu'au petit matin car sinon ce serait «une prime» à ce genre d'incident. «Si nous qui votons la loi, donnons l'impression de faire la justice nous même (…), il y a quelque chose qui ne fonctionne pas», a-t-il dit. «Nous ne sommes pas dans un cour d'école», a-t-il encore ajouté. Le député Bernard Roman (PS) a affirmé que «quelques coups de poing sont partis». Un collaborateur visé Le moment de confusion a duré pendant plusieurs minutes. Juste après l'incident, le président des députés UMP, Christian Jacob, a plaidé «la fatigue» et fustigé «l'attitude pas acceptable de la part de collaborateurs». «Les nerfs lâchent, ils cherchent toutes les occasions inimaginables pour tendre l'atmosphère (…). Ils ont pris prétexte d'un soupir d'un collaborateur, qui sans doute comme nous était un peu fatigué, pour créer un incident dans un climat qui rappelait plus le Parlement russe», a raconté pour sa part Jean-Jacques Urvoas (PS). «Si vous en êtes à foncer en masse contre des fonctionnaires», a lancé la garde des Sceaux, Christiane Taubira, en prenant le soin de préciser que le collaborateur n'était pas un membre du cabinet mais un fonctionnaire. «Vous n'êtes jamais responsable de rien», a-t-elle ajouté. |
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