20/02/2014 "Je suis normal, moi. Je ne suis ni gaucho, ni homo", avait lâché un avocat devant un représentant du Barreau de Lyon. Sans jamais être inquiété par la suite. «Je ne veux pas être une victime», a confié à Yagg l’avocat Pierre Fronton, inscrit au barreau de Lyon. C’est ce qui le pousse aujourd’hui à prendre la parole. Il dit avoir été la cible d’une insulte homophobe de la part d’un confrère il y a huit mois et entend porter plainte devant l’absence de réaction de l’Ordre des avocats. C’est pourtant en présence d’un délégué du bâtonnier Pierre-Yves Joly que Jean-Christophe Mamet a tenu des propos violents à l’encontre de Pierre Fronton. Maître Chantal Bittard, qui était également présente dans la pièce à ce moment-là, raconte: «Maître Mamet m’avait demandé d’assister à une réunion sur l’occupation des locaux. Maître Fronton a expliqué les difficultés rencontrées, j’ai ensuite pris la parole pendant deux minutes et ce fut ensuite au tour de maître Mamet qui a déclaré: “Je suis normal, moi: je ne suis ni gaucho, ni homo.” J’ai alors tapé de la main sur la table et j’ai quitté la réunion.» SILENCE Pierre Fronton, lui, est d’abord resté interdit. C’est la réaction de sa consœur qui l’a poussé à «ne pas accepter ce genre de conneries». Il a finalement conclu un arrangement avec l’Ordre des avocats: Jean-Christophe Mamet disposerait de six mois pour organiser son départ et quitter les locaux. Pendant un semestre, les deux hommes se sont croisés quotidiennement. Mais au terme de ces six mois, c’est à la machine à café que Pierre Fronton a appris de la bouche de Jean-Christophe Mamet que celui-ci ne partirait pas et que l’incident avait été considéré comme clos par le bâtonnier. «J’ai alors contacté l’Ordre mais je n’ai pas reçu la moindre réponse, a déploré Pierre Fronton. La stratégie a été de laisser la neige couvrir les choses qui gênent. Mais il y a le dégel et dessous, des canards qui ne sentent pas bon.» Face au silence de sa hiérarchie, Pierre Fronton a décidé de passer à l’offensive. «Si moi, je ne peux pas ouvrir la bouche, personne ne le pourra. Je ne suis pas un garçon unique.» L’Ordre étant soucieux de sa réputation, l’avocat attaque là où ça fait mal et raconte son histoire aux médias. Un article est publié dans 20 Minutes. Pierre Fronton, qui a été membre du conseil de l’Ordre des avocats, s’étonne de ne recevoir que deux appels de ses confrères et consœurs. L’Ordre comprend pourtant une commission de lutte contre les discriminations et une commission relative aux droits humains. «HOMOPHOBIE ORDINAIRE» «C’est là que j’ai compris que je n’étais pas totalement accepté, a glissé Pierre Fronton. J’ai 48 ans, je suis pédé et métis, je vis depuis 30 ans avec la même personne et nous n’avons jamais eu aucun souci. Je suis responsable associatif, je vis ma vie pleinement sans me cacher, mais peut-être que c’est un leurre et que vous n’êtes jamais vraiment avec eux. Mais je veux que l’Ordre réagisse devant cette homophobie ordinaire.» Maître Mamet a bien écrit une lettre d’excuses… qu’il a adressée au bâtonnier, pas à Pierre Fronton. Sollicité par Yagg au téléphone, il a d’emblée précisé qu’il fallait contacter l’Ordre au sujet de l’affaire, notamment «au niveau de la courtoisie et de la modération». «Pour le reste, je conteste et je ne tiens pas de propos homophobes», a assuré l’avocat avant de raccrocher. Lorsque l’on contacte l’Ordre, une collaboratrice du bâtonnier indique que celui-ci «ne souhaite pas communiquer sur le sujet» et qu’il «discute» avec les deux avocats. «À ce jour, il n’y a rien, je n’ai pas été contacté», a démenti Pierre Fronton. |
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