19/12/2008 La large communauté gay du Brésil était soulagée après l'arrestation d'un suspect dans une série de treize meurtres d'homosexuels à Sao Paulo, mais était en colère contre la lenteur de l'enquête, signe à ses yeux d'une société encore très homophobe. Les meurtres, commis par un homme surnommé par les enquêteurs de "maniaque de l'arc-en-ciel" en référence aux couleurs symboles du mouvement gay, n'ont été reliés entre eux que ce mois-ci par Paulo Fortunato, le nouveau chef de la police de Carapicuiba, dans la banlieue ouest de la grande métropole brésilienne. Auparavant, ces assassinats nocturnes perpétrés entre juillet 2007 et août de cette année dans le quartier du parc Paturis, un lieu de rencontre connu des homosexuels, avaient été classés hâtivement comme des homicides sans lien entre eux. Pourtant, toutes les victimes étaient des hommes, d'une vingtaine à une cinquantaine d'années. Tous, sauf un, ont été tués d'une balle dans la tête. La plupart ont été découverts dénudés. Ces crimes ont provoqué une onde de choc dans la communauté gay, la plus importante d'Amérique latine, avec une parade qui attire tous les ans à Sao Paulo des millions de personnes. Le tueur "n'aime pas les gays, c'est la principale raison de ces meurtres. Il essaye d'avoir une relation sexuelle avec eux, et quand il a les victimes en son pouvoir, il les tue d'une balle dans la tête", a déclaré Paulo Fortunato à l'AFP. Dans les jours suivant la constitution d'une équipe de quinze enquêteurs pour traquer le tueur en série, la police a arrêté début décembre un suspect: un ancien policier en possession d'une arme de même calibre que celle du tueur. Il a été identifié lors du dernier assassinat par un témoin qui a alerté les enquêteurs. L'ancien policier, reconverti comme garde de sécurité dans les supermarchés, Jairo Francisco Franco, "aime tuer", a affirmé Paulo Fortunato, en soulignant que le suspect avait tué sept personnes quand il était en service dans la police, prétextant qu'ils avaient résisté à leur arrestation. Egalement accusé d'avoir tué en octobre dernier un travesti qui l'avait suivi dans un hôtel, il risque jusqu'à trente ans de prison. L'Association de la parade de la Gay Pride a critiqué la lenteur de l'enquête. "Cela est frustrant", a déclaré le vice-président du groupe, Murilo Moura Sarno. "On a dû attendre que treize personnes perdent la vie pour avoir une enquête. Cela n'a aucun sens. Il n'y a aucune justification", a-t-il dit. Le militant gay a imputé ces errements à la réticence de la société brésilienne, encore largement influencée par l'Eglise catholique, à accepter l'homosexualité. "Le Brésil est un pays en transition. Il a encore de nombreuses moeurs conservatrices et de caractère homophobe". Les homosexuels aisés, selon lui, sont à l'abri du danger en restant dans des bars "sûrs" dans les quartiers à la mode. Mais, dans les quartiers pauvres, le risque est grand. Selon des statistiques compilées par l'association, 59% des homosexuels dans le pays ont été victimes d'agression verbale ou physique. "Vous courez le risque d'être tué parce qu'il y a des zones vraiment dangereuses si vous montrez que vous êtes homosexuel", a assuré Rudolfo, un jeune gay de 16 ans, dans un bar gay du centre de Sao Paulo. "J'ai déjà échappé à un skinhead qui voulait me tuer. J'ai couru comme une folle", a raconté un lesbienne de vingt ans, Aline de Assis. L'association tente depuis trois ans de faire reconnaître la discrimination contre les homosexuels comme un crime. En attendant, elle fait passer l'avertissement: soyez prudents. |
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