13/01/2009 Les réactions s'enchaînent depuis que neuf gays sénégalais ont été condamnés, le 6 janvier à Dakar, à huit ans de prison pour «comportement impudique et contre-nature et association de malfaiteurs», sentence bien supérieure à la peine prévue au Sénégal pour homosexualité. Mais si les médias anglo-saxons, à l'instar du New York Times, ont largement couvert l'événement, il est curieusement passé sous silence par la plupart des grands médias français … Ainsi, seule RFI, la radio française internationale, a creusé l'affaire, interrogeant notamment une responsable de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'Homme (Raddho) basée dans ce pays, Khady Ndiaye, qui a mis le Sénégal face à ses contradictions: «On ne peut vouloir travailler contre le racisme et l'homophobie et ne pas penser aux mesures idoines pour dépénaliser les peines ou les délits liés aux orientations sexuelles». Sur France 24, Sidiki Kaban, le président honoraire de la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH), a lui aussi appelé l'État «qui se targue de défendre la démocratie et les droits de l'homme», à s'engager «sur le chemin de la dépénalisation de l'homosexualité». Une étape qu'il juge indispensable si Dakar «veut être crédible et en conformité avec les conventions internationales des droits de l'Homme qu'il a lui-même signées et ratifiées». Jointe par Têtu, Alice Nkom, présidente de l'Association camerounaise pour la défense de l'homosexualité, s'est dite «très choquée que cela se passe au Sénégal, pays de liberté, que nous mettions sur la même liste positive que l'Afrique du Sud». L'avocate poursuit: «J'espère vivement que le président [Abdoulaye] Wade, avocat, donc ayant la culture de la défense des libertés, va réagir et remettre les valeurs de justice, d'égalité et de liberté au centre de cette affaire pour que la décision ainsi rendue soit rapidement infirmée.» De son côté, le président de l'Organisation nationale des droits de l'homme du Sénégal, Assane Dioma Ndiaye, a expliqué au quotidien local Le Soleil que «cette condamnation sévère risque d'être une voie pour aller vers une volonté de stigmatisation de l'homosexualité. Nous craignons qu'elle soit une porte ouverte à la chasse aux sorcières.» En France, le Centre LGBT Paris Ile-de-France souligne qu'il est «indispensable de manifester un soutien aux accusés». Christine Le Doaré, la présidente, estime notamment que «l'État français peut user de son influence pour convaincre les pays qui exercent une homophobie d'État à y renoncer. Un mouvement de solidarité internationale peut aussi porter ses fruits». Ce mouvement de solidarité déjà en marche: plusieurs associations, dont la Commission internationale pour les droits des gays et lesbiennes (IGLHRC), Solidarité Internationale LGBT et Act Up-Paris, préparent une lettre ouverte à l'attention des autorités sénégalaises. |
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