03/06/2009 Commençons par le meilleur, en notant qu'à ce jour quatre pays de l'Union européenne autorisent le mariage entre homos: la Belgique, l'Espagne, les Pays-Bas et la Suède. D'autres États reconnaissent d'une manière ou d'une autre les couples de même sexe (unions civiles ou concubinage homo reconnu). C'est le cas en Allemagne, en Autriche, au Danemark, en Finlande, en Hongrie, en République tchèque, au Portugal et bien sûr en France, avec le pacs. Sur le front de la lutte contre les discriminations et l'homophobie, c'est la Grande-Bretagne qui est en pointe. L'homophobie au travail y a quasiment perdu son caractère tabou. L'étude réalisée en 2006 par le Coerc (Comparative Organisation and Equality Research Center), le confirme largement: dans le privé, «seulement» 18% des homosexuels se disent discriminés, et 22% dans le secteur public. Des chiffres qui reculent année après année. Discriminations ouvertes ou voilées En comparaison, la situation en France n'est pas reluisante. Selon l'étude menée par la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (Halde) en 2006, 85% des homosexuels se disent victimes de discriminations voilées (dénigrement ou rejet), et 40% d'entre eux affirment subir des discriminations ouvertes (blagues, insultes, harcèlement, voire violences physiques), émanant, la plupart du temps, de collègues. Rappelons que la discrimination sur l'orientation sexuelle est légalement prohibée depuis 2001 dans l'Hexagone, et depuis 2003, en Grande-Bretagne. Mais, selon le Coerc, 27% seulement des gays et lesbiennes britanniques pensent que celle-ci joue un rôle décisif. À leurs yeux, c'est plutôt la culture et l'engagement managérial qui comptent. D'ailleurs, les gays et lesbiennes britanniques bénéficient du soutien des syndicats, en pointe sur ce combat. Un rapport européen sur l'homophobie Mais il y a encore du boulot à l'échelle européenne. Ainsi, de nombreux gays, lesbiennes, bisexuels et transsexuels «sont toujours victimes de discrimination, d'intimidation et de harcèlement», voire «d'agressions physiques, parfois mortelles», comme l'a dénoncé, fin mars, le directeur de l'Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne. «Ces signaux sont alarmants dans une Union européenne qui revendique par ailleurs avec fierté le respect en son sein des principes d'égalité de traitement et de non-discrimination», a-t-il indiqué à l'occasion de la publication d'un rapport officiel demandé par le Parlement européen. Ce rapport montre que les discriminations homophobes démarrent tôt, dès l'école où le harcèlement est «un phénomène commun». Autre domaine pointé dans le rapport, celui de santé, où l'homosexualité est parfois traitée comme «un trouble ou une maladie», ce qui peut conduire les gays et les lesbiennes à éviter les cabinets des médecins. En matière d'emploi, non plus, la situation n'est pas idéale. «Des expériences désagréables, la crainte de la discrimination, le risque de licenciement» entraînent souvent les homosexuels à ne pas faire état de leur orientation sexuelle, note le rapport. Discriminations plus répandues en Europe de l'Est Pour changer la donne, l'Agence recommande aux gouvernements de «prendre des mesures concrètes visant à sensibiliser et former les services de police» pour qu'ils tiennent compte des plaintes déposées et enquêtent sur les crimes et délits homophobes «avec le même degré d'exigence et de qualité que pour d'autres formes de criminalité». D'autre part, si l'Agence n'entend pas décerner de bons et de mauvais points aux États membres, les conclusions du rapport montrent que certaines discriminations sont plus répandues dans les pays de l'Est, entrés le plus récemment dans l'Union. Même si un pays comme la Grèce, membre de l'Union Européenne depuis 1981, est également très en retard… La situation est particulièrement inquiétante en Pologne. Il faut rappeler que l'actuel président polonais Lech Kaczynski, alors qu'il était encore maire de Varsovie, s'était farouchement opposé à l'organisation de la gay pride dans la capitale polonaise. En 2007, l'ancien ministre de l'Éducation nationale polonais Roman Giertych avait même envisagé d'interdire le droit d'enseigner aux professeurs homosexuels, ce qui avait provoqué une vague de manifestations d'enseignants – homosexuels ou non. Mais à l'Est, les choses bougent également: en Hongrie, les parlementaires ont voté cette année pour une union civile à la hongroise. On se pourra se «pacser» dans ce pays d'Europe centrale dès le mois de juin. En Roumanie, la quatrième Gayfest-Marche de la diversité de Bucarest s'est déroulée en mai 2008 sans incident majeur, alors que la marche avait été émaillée de violences en 2007. Opinion publique divergente d'un État à l'autre Mais dans l'Europe entière, les changements de mentalités prendront du temps. Car l'opinion publique sur les questions et personnes LGBT est extrêmement divergente d'un État membre à l'autre. En effet, si l'enquête Eurobaromètre de 2006 sur la discrimination a permis de constater que la majorité de la population aux Pays-Bas (82%), en Suède (71%) et au Danemark (69%) était favorable au mariage homosexuel, seulement un très petite minorité de la population en Roumanie (11%), en Lettonie (12%) et à Chypre (14%) s'y déclarait favorable. De même, alors qu'aux Pays-Bas, 91% de la population se déclare être «à l'aise» avec l'idée d'avoir un homosexuel comme voisin, en Roumanie seulement 36% a été du même avis. L'enquête Eurobaromètre de 2008 sur la discrimination produit des résultats similaires en utilisant une «échelle de confort» de dix points: les Suédois (9,5), les Néerlandais et les Danois (9,3) ont été les plus «à l'aise» avec l'idée d'avoir un homosexuel comme voisin, mais un niveau de confort bien inférieur a été enregistré en Bulgarie (5,3), en Lettonie (5,5) et en Lituanie (6,1). Eh oui il y a du boulot en perspective… |
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