05/06/2009 Les enfants de mères lesbiennes auraient moins de risques de souffrir de troubles psychiatriques que les autres. Ce sont les conclusions d'une enquête réalisée par l'Institut danois de la santé publique, publiée le 18 mai dans le «Scandinavian Journal of Public Health». Entretien avec Merete Laubjerg, chercheure à l'Université de Copenhague, qui a dirigé l'étude. TÊTUE: Comment a commencé l'enquête ? Nous n'avions jamais réalisé d'étude quantitative de ce genre au Danemark, à partir d'un registre de statistiques. Mais nous sommes une équipe «têtue». Nous avons donc décidé de nous y mettre. Nous travaillons beaucoup sur les questions de genre et sur le droit des enfants. Nous voulions en savoir plus sur l'état psychologique de ceux qui ont été adoptés, et en particulier, par une femme seule. Comment avez-vous procédé ? Nous avons comparé le statut psychiatrique des enfants adoptés à celui de ceux qui n'ont pas été adoptés. Notre but était de voir s'il y avait des différences entre les enfants qui grandissent dans des familles nucléaires et ceux qui sont élevés dans des structures non traditionnelles, avec une seule mère, ou même deux mères lesbiennes. Quelle est l'étendue de l'enquête? L'étude porte sur 853 513 enfants, dont 13 524 adoptés, tous nés entre 1978 et 2005. Parmi les adoptés, nous avons inclus 387 enfants, qui ont été adoptés par la partenaire de leur mère biogénétique à partir de 1999, quand c'est devenu légal au Danemark. Tous avaient moins de onze ans. Nous avons ensuite essayé de voir, pour chaque groupe, combien avaient eu des contacts avec la psychiatrie, avec quelle fréquence et quels diagnostiques avaient été établis. D'autres variables ont-elles été inclues? Pour chaque groupe, nous avons considéré le sexe des enfants, leur âge, leur lieu de résidence, le revenu et le niveau d'éducation des parents, ainsi que leur statut familial. Quelles sont les conclusions? Les résultats montrent que les enfants qui grandissent avec une mère seule, par exemple, ou deux mères, se portent bien. En tous cas, pas plus mal que les autres. Évidemment, les choses peuvent changer avec le temps. Les enfants inclus dans l'étude sont jeunes et certaines maladies se développent surtout après 15-17 ans. Quels sont les résultats dans le cas des enfants de mères lesbiennes? Ces enfants, adoptés par la partenaire de leur mère, ont moins de risque de souffrir de troubles psychiatriques. Selon notre enquête, 1,8% d'entre eux ont été en contact avec la psychiatrie, contre 5% des non adoptés. C'est le seul groupe qui ait un risque inférieur aux enfants non adoptés. Comment expliquez-vous ces résultats? Ce sont des enfants qui ont grandi avec des femmes qui ont dû apprendre à s'accepter. On peut imaginer qu'elles ont traversé des situations existentielles problématiques et qu'elles ont réussi à s'en sortir. Elles ont aussi dû accepter une situation, qui les place en dehors de la norme, ce qui a pu les rendre plus fortes et plus résistantes. Elles sont plus sûres d'elles-mêmes, dans un monde qui peut les considérer comme controversées. Leur combat pour avoir un enfant a-t-il eu un rôle? Leur désir d'enfant a souvent été profond et réfléchi, ce qui ne veut pas dire que ce n'est pas le cas pour tout le monde. Mais pour ces femmes, la lutte a été plus longue. Elles sont aussi souvent plus âgées, ce qui leur donne une certaine maturité. Tout cela contribue au bien être de l'enfant, qui a pu hériter de cette robustesse et de cette confiance en soi. Mais pour en savoir plus, nous devons maintenant mener des études qualitatives. |
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