20/07/2009 Les personnes concernées se taisent, et les études sur place intègrent rarement ce type de comportements sexuels. La stigmatisation qui entoure l'homosexualité en Afrique n'a pas que des conséquences sociales. C'est aussi un sérieux obstacle sanitaire, puisque le refus d'admettre l'existence de pratiques sexuelles entre hommes empêche de facto les campagnes adaptées de prévention et de soins contre le sida. Forte prévalence Des chercheurs de l'université d'Oxford ont ainsi passé en revue plus de 100 études traitant des risques d'infection par le virus du sida chez les hommes d'Afrique sub-saharienne, entre 1984 et 2004. Et seules 14 d'entre elles avaient inclus les pratiques homosexuelles comme facteur de risque potentiel. Pourtant les hommes ayant des pratiques sexuelles avec d'autres hommes dans cette région sont à haut risque d'infection par le VIH, «mais la stigmatisation dont ils font l'objet les coupent de l'accès aux programmes de prévention», souligne cette étude. Se basant sur des données rapportées entre 2003 et 2009, les chercheurs britanniques peuvent affirmer que la prévalence du virus du sida est généralement plus élevée en Afrique parmi les hommes ayant des pratiques sexuelles avec d'autres hommes que parmi la population masculine globale, une situation qui se retrouve dans la plupart des régions du monde. Mais dans certains pays d'Afrique de l'ouest, où la prévalence chez les gays est plus de 10 fois supérieure à la population masculine globale, déjà fortement touchée, le nombre de personnes potentiellement concernées est alarmant. Or, ce groupe n'est pas isolé de la population générale en termes de transmission du virus. Souvent les hommes qui ont des pratiques sexuelles avec d'autres hommes ont aussi des relations sexuelles avec des femmes. Evolution positive «Les hommes qui ont des relations sexuelles avec d'autres hommes ont le droit, comme tous les autres Africains, de bénéficier des programmes de prévention et de soins du sida», souligne Adrian Smith, qui a dirigé l'étude. Les chercheurs reconnaissent néanmoins une évolution positive, perceptible lors des dernières conférences africaines et internationales sur le sida. «L'enjeu est aujourd'hui de briser le silence, de reconnaître le problème et de commencer à développer et mettre en place les programmes de prévention et de soins dont la nécessité est urgente», concluent les chercheurs. Rappelons que l'homosexualité est illégale dans la plupart des pays d'Afrique sub-saharienne et passible de la peine de mort dans quatre d'entre eux. Les homosexuels sont rejetés par leur famille, humiliés publiquement, harcelés par les autorités. Nombre d'entre eux dissimulent leur comportement par crainte.. |
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