27/07/2009 INTERVIEW. Divers/Cité, le festival LGBT de Montréal, débute aujourd'hui avec la projection en plein air du film de Christophe Honoré, «Les Chansons d'amour». En ce premier jour des festivités, rencontre avec la pétulante directrice du festival, Suzanne Girard. Présent à Divers/Cité, TÊTU vous propose plusieurs reportages sur le festival jusqu'au 2 août. TÊTU: Comment définiriez-vous le concept de Divers/Cité? Suzanne Girard: C'est un festival artistique gay, différent de la gay pride qui a lieu cette année le 17 août. Nous, nous nous concentrons sur les arts de la scène, on propose de la musique, de la photo, de la danse... Ça se passe essentiellement en plein air. 80% de la programmation est gratuite, le reste a lieu en salle. On organise aussi des «parties», des grosses soirées qui durent toute la nuit. Quelle est la mission du festival? On ne fait pas directement de militantisme, mais bon, s'afficher LGBT est militant en soi. Notre objectif est surtout de célébrer la diversité, la différence, sous toutes ses formes. Ça se ressent aussi bien dans le public que dans notre programmation. On passe du blues à de la house, de la danse... On essaye de proposer de tout pour satisfaire tout le monde. A Divers/Cité, on n'a pas un coin, L, un coin G, un coin B, un coin T, on est tous ensemble. Ça fait 17 ans qu'on travaille là-dessus. Maintenant, on est même reconnu pour ça. On vient me voir pour me demander comment je fais pour offrir une telle mixité. C'est juste de la volonté ! Quels sont les temps forts de cette 17e édition? Je pense aux spectacles qui font notre renommée comme «1 boulevard des rêves», un plateau d'artistes québécois, dont c'est le 10ème anniversaire. Y'a aussi «Mascara», le plus grand show drag sur la planète Terre. Sans oublier «La Grande Danse», qui transforme la rue face à la grande bibliothèque du Québec en énorme piste de danse entre 13h et 23h. Quelques jours avant le début du festival, le gouvernement fédéral vous a refusé une subvention de 155 000 dollars canadiens (environ 100 000 euros). Vous avez même dû annuler le spectacle d'ouverture avec la célébrissime Mado. Comment expliquez-vous cette décision? C'était une nouvelle subvention du gouvernement fédéral, avec des critères très sélectifs. 150 événements ont fait la demande à travers le Canada. Ce qui s'est probablement passé, c'est qu'ils ont distribué tout l'argent et que les coffres sont vides. C'est en tout cas ce qu'on nous a dit... Par ailleurs, il y a aussi un contexte politique qui a sans doute joué. Les plus conservateurs du gouvernement fédéral ont été scandalisés par la subvention attribuée à la gay pride de Toronto. Au final, c'est donc certainement un mélange de beaucoup de facteurs. C'est quand même un peu déprimant à trois jours du début des festivités. On avait déjà engagé beaucoup de frais, on a dû annuler des spectacles... Mais le festival a toujours lieu. Aujourd'hui, un festival comme Divers/Cité est-il toujours utile dans un Canada plutôt gay-friendly? Il y a 17 ans, je me rappelle des premières manifs, on luttait pour la reconnaissance des droits, pour l'égalité. Même si la non-discrimination était déjà inscrite dans la constitution, il restait beaucoup d'étapes à franchir. Avec la légalisation du mariage en 2003, on a remporté une grande victoire. Beaucoup de barrières sont tombées. Enfin, dans les lois, oui, on est protégés, même s'il y a encore beaucoup de travail au quotidien pour lutter contre l'homophobie et les discriminations au sein de la société. Au fait, les artistes programmés sont-ils tous gays? Les gens ont tendance à croire que parce qu'on est un festival LGBT les artistes sont gays. Mais non ! On ne demande jamais l'orientation sexuelle des gens qui travaillent avec nous. Il y a des artistes qui ont déjà joué 5 ou 6 fois pour nous, pour autant ils ne sont pas gays. Divers/Cité, c'est une atmosphère, une ambiance, une sensibilité. Et c'est LE «party» de l'année avec le plus gros système son de Montréal ! Propos recueillis à Montréal par Stéphane Moran. Photos: S.M. et DR. Programme du jour : Cinéma dans le parc: Projection du film Les Chansons d'amour de Christophe Honoré, au théâtre de Verdure (parc Lafontaine). A 21h, entrée gratuite. |
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