10/07/2002 On a beaucoup parlé de prévention à Barcelone, le mardi 9 juillet. La journée s'ouvrait avec une assemblée plénière dans le Palau Saint Jordi, où s'était tenue dimanche la cérémonie d'ouverture. Le Dr Helen Gayle, directrice du programme sida et tuberculose de la Bill & Melinda Gates Foundation, a présenté la prévention comme une urgence absolue de la lutte contre le sida. "Si nous ne nous lançons pas dans un nouvel effort agressif de prévention, nous pouvons attendre 45 millions de nouvelles contaminations au VIH dans la décennie qui vient", a-t-elle affirmé. Les contaminations d'aujourd'hui auraient selon elle pu être évitées. "En fait, ce n'est pas la prévention qui a échoué. C'est nous!" a-t-elle lancé, un rien lyrique. Kasia Malinowska-Semprunch, directeur d'une organisation pour la réduction des risques, est venu présenter la situation inquiétante des pays de l'Est. "En Russie, il y a officiellement 200000 cas d'infection par le VIH. On estime en réalité le nombre total de personnes vivant avec le VIH à au moins un million. 90 % sont des usagers de drogues", a-t-il déclaré. "Vous avez déjà entendu cela, bien sûr", a-t-il poursuivi, ironique, puis accusateur. "Souvenez-vous, il y a dix ans, quand les activistes ont alerté sur l'explosion de l'épidémie qui allait balayer l'Afrique et l'Asie. Pour des raisons variées, les gouvernements, les organisations internationales et les compagnies pharmaceutiques ont préféré ignorer l'imminence de la catastrophe en Afrique. Ce n'est pas seulement un désastre social et économique, c'est un désastre moral aussi." Kasia Malinowska-Semprunch s'en est notamment pris aux politiques répressives à l'égard des usagers de drogues et a appelé de ses vœux une politique de réductions des risques, à l'instar de celle menée depuis près de 15 ans dans de nombreux pays européens et qui a largement fait ses preuves. Dans l'après-midi, la session "Sida et maladies sexuellement transmissibles : une augmentation des comportements à risques chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes ?" a permis - pour quasiment la première fois depuis dimanche soir - de parler des homosexuels. En préalable aux discussions, le président de séance a d'ailleurs tenu à rendre un hommage bref mais émouvant aux gays : "Je voudrais rappeler que si le sida n'avait pas été une telle tragédie dans la communauté gay et si les gays n'avaient pas réagi avec force, cette conférence n'existerait pas". Les différents intervenants sont tous revenus sur la reprise de l'épidémie chez les gays, dont on parle beaucoup depuis deux ans. De ces études réalisées par des ONG dans les pays du Nord (Pays-Bas, Espagne, Etats-unis, Canada, Angleterre), pas toujours très précises, aux conclusions légèrement divergentes selon les pays, ont émergé deux certitudes. La première, c'est que si les pays du Nord continuent à négliger la prévention en direction des gays, ils ne pourront éviter une reprise dramatique des contaminations chez les homosexuels. La deuxième, c'est la nécessité de moderniser les outils de mesure et de surveillance de l'épidémie. |
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