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La haine dans les pages du Monde | 10/09/2002 Abject. Il n’y a pas d’autre mot pour qualifier le texte signé d’Hani Ramadan, directeur du Centre Islamique de Genève, que publie le Monde dans son édition datée du 10 septembre. Ce texte, intitulé " La charia incomprise " s’attache à justifier l’application de la charia, dite " loi islamique ", interprétation radicale du Coran. Sa justification même de la charia est d’une grande hypocrisie, ainsi M. Ramadan nous apprend qu’" il est exclu de couper la main du voleur dans un Etat qui ne donne pas à ce dernier le moyen de vivre dignement. " ou encore qu’" une grossesse illégitime peut également entraîner une mise en accusation ; Mais en affirmant avoir été contrainte ou victime d’un viol, ou en soutenant que l’enfant est bien légitime, la femme échappera à toute sanction " . Dans quel monde vit M. Ramadan ? Comme si les protestations de Safiya Husseini et d’Amina au Nigéria ou des femmes afghanes les avaient protégées de quoi que ce soit… Mais le texte se fait encore plus nauséabond lorsqu’Hani Ramadan évoque le sida et se demande " qui a créé le sida ? " . Il a évidemment son avis sur la question, jugez par vous même : " Observez que la personne qui respecte strictement les commandements divins est à l’abri de cette infection, qui ne peut atteindre, à moins d’une erreur de transfusion sanguine, un individu qui n’entretient aucun rapport extraconjugal, qui n’a pas de pratique homosexuelle et qui évite la consommation de drogue. Par rapport à ces principes de base, seuls s’exposent à la contamination ceux qui ont un comportement déviant. " Et le directeur du Centre Islamique de Genève d’enfoncer le clou de la stigmatisation : " la mort lente d’un malade atteint du sida est-elle moins significative que celle d’une personne lapidée ?" et pour finir : " Que ceux qui nient qu’un Dieu d’amour ait ordonné ou maintenu la lapidation de l’homme et de la femme adultères se souviennent que le virus du sida n’est pas issu du néant " . La publication d’un tel texte pose la question de la responsabilité du journal lui-même. Comment le Monde peut-il publier un tel appel à la haine, qui plus est à la veille du 11 septembre ? Gageons que la communauté musulmane qui n’a eu de cesse de lutter depuis un an contre l’amalgame musulman / intégriste n’avait pas besoin de ce texte. La communauté homosexuelle, les séropositifs ou malades du sida, n’ont quant à eux pas besoin d’un surplus de stigmatisation et de haine, d’autant plus incompréhensible quand il vient du journal grand public qui traite d’habitude très bien ces questions là. Certes, les avis qui s’expriment au sein des pages Horizons du Monde ne sont pas forcément ceux de la rédaction et le texte intelligent de Fehti Benslama, maître de conférences de psychopathologie et psychanalyse à l'université Paris-VII, publié page suivante, vient contrebalancer une partie du texte d’Hani Ramadan. Mais à ce niveau-là d’intolérance et d’horreurs, c’est la responsabilité de ceux qui ont choisi de publier ce texte qui est engagée. Lire l’article en ligne : http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3232--289540-,00.html |
Source : Xavier Héraud pour Têtu
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