22/09/2009 REPORTAGE. Signe d'une lente évolution des moeurs en Chine, un magazine de mode a brisé un tabou en consacrant un gros dossier sur plusieurs gays de tous les horizons. Un grand bond en avant, à quelques nuances près... Sourire amusé, coupe de cheveux fantasque et le corps recouvert d'un velours noir froufroutant... c'est dans cette tenue d'Adam moderne que Xander Zhou a posé cet été en Une d'iLOOK, un magazine de mode chinois. A 26 ans, Xander appartient à une nouvelle génération de stylistes chinois, qui a voyagé et n'a pas peur de briser les tabous. En lettres blanches sur fond noir, le terme «GAY CHINA» barre la page. Il fallait oser, dans un pays où les magazines gay sont inexistants. Le succès fut d'ailleurs à la hauteur de l'audace, comme l'explique Hung Huang, éditrice du mensuel : «Habituellement, nous vendons à 70 000 exemplaires. Mais cette fois-ci nos ventes ont grimpé de 20% et nous avons dû réimprimer 5 000 exemplaires, car beaucoup de gens ont passé commande via Internet.» A 2€ le numéro, l'investissement n'est pas négligeable pour un Chinois moyen. Traduit en chinois par «content» Sur son blog consacré aux soirées gay qu'il organise à Pékin, Ben Zhang ne boude pas sa joie. «Pour la première fois, un magazine de mode masculin de référence publie le mot «GAY» en couverture, écrit-il. Plus de 100 pages d'articles sont consacrées à des gays issus d'horizons divers. Un numéro de choc, très impressionnant.» A une nuance près cependant : le mot GAY de couverture a été traduit en chinois par «content». «Si nous avons joué sur le mot "gay", souligne Hung Huang, c'est parce que nous pensons qu'une société tolérante est une société heureuse. C'est aussi parce qu'en écrivant le terme chinois pour dire "homosexuel", nous aurions sans doute été interdits.» Entre les articles consacrés à la mode, l'architecture, ou la déco, iLOOK a eu l'idée intercaler une série de portraits de gays intitulés «Rainbow coalition». Sur les 50 couples approchés, beaucoup ont décliné l'interview ou les photos. «Ceux qui ont donné leur feu vert l'ont fait à la condition de ne pas être interrogés sur leur sexualité et seul un couple a accepté d'être photographié.» Architecte, maître-nageur, directeur de pub, styliste, etc., tous parlent volontiers de leurs goûts vestimentaires, aucun de leur vie personnelle. Briser le tabou Habitué des coups médiatiques, iLOOK ne se revendique pas gay pour autant. «Nous couvrons la mode sous un angle culturel et pas seulement commercial, précise Hung Huang. Or la culture gay a une très forte influence sur la mode actuelle.» Par-delà l'aspect fashion, il s'agissait aussi de briser le tabou qui sévit dans la presse. «Nous sommes pour la diversité et nous voulons que la société soit plus ouverte et plus tolérante. Nous avons tous des amis gay, mais personne ne parle jamais d'homosexualité.» Parmi les personnalités interviewées, figure le gérant de l'unique boîte gay de Pékin, le Destination. Interrogé sur le mariage gay, il explique qu'il faudra encore attendre probablement 10 ans pour qu'il n'entre dans les mœurs en Chine. On trouve aussi Tiffany, organisatrice de la première gay pride chinoise. Dédiées à la photo, les 50 dernières pages sont sans doute les plus percutantes. Défilés de mode parisien, hommes en uniforme, séances de maquillage et parties nocturnes... Tout y est. |
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