10/12/2009 Des associations camerounaises démarrent une opération de sensibilisation et d'interpellation du pouvoir, pour faire supprimer l'article 347 bis du code pénal de ce pays africain. Ce n'est pas un hasard si Prodhop et Alternatives-Cameroun ont choisi aujourd'hui, 10 décembre, Journée internationale des droits de l'homme, pour lancer leur action. Ces deux associations, qui travaillent notamment pour les droits des homos, viennent en effet d'envoyer «par courrier recommandé» une lettre au président camerounais, Paul Biya, pour l'appeler à dépénaliser les relations homosexuelles. Selon l'article 347 bis du code pénal, elles sont actuellement passibles de six mois à cinq ans de prison et d'une amende allant de 20.000 à 200.000 francs CFA (de 30 à 304 euros). Et, preuve que l'ostracisme ne se limite pas aux lois, des homosexuels présumés sont régulièrement victimes d'arrestations arbitraires, violentés et humiliés. «Nous sommes sur un combat de longue haleine» En dépit de ce contexte, le collectif d'associations camerounaises croit en ses chances de convaincre le chef de l'Etat. Ses arguments? Il se base sur l'anti-constitutionnalité du texte, qui jure par ailleurs avec les traités internationaux sur les droits humains ratifiés par le Cameroun. Des droits que le président a défendus le 10 février 2006 lors de son discours à la jeunesse: appelant au respect de la vie privée, il «avait stigmatisé la publication de noms de personnalités supposées homosexuelles dans certains titres de la presse locale», se souviennent les associations. Il n'empêche. Changer les mentalités n’est pas facile. C’est pourquoi Prodhop et Alternatives-Cameroun ont aussi lancé une opération de sensibilisation. Après six mois de préparation, elles ont lancé une vaste campagne pour la dépénalisation de l'homosexualité, le 5 novembre, à Douala, capitale économique du Cameroun. «Il est grand temps que les droits de tous les citoyens soient respectés, promus, protégés », lance le Steave Nemande, médecin et président d'Alternatives-Cameroun (photo). Déterminé, il ajoute que «la campagne ne s'achèvera que lorsque la dépénalisation sera achevée. Autant dire que nous sommes sur un combat de longue haleine». Pétition En quoi consiste le lobbying? Soutenu par Jacques Do Bell, membre de la commission nationale des droits de l'Homme, le collectif a rédigé un mémorandum et fait circuler une pétition à Douala, Yaoundé (la capitale politique), Buea et Ebolowa. Le tout a été remis courant novembre à l'Assemblée nationale. La pétition comptait alors quelque 1.600 signatures. De quoi faire pression sur le président de l'Assemblée, à qui les deux associations ont écrit. Dans la missive, datée du 16 novembre, Prodhop et Alternatives-Cameroun tentent rien moins qu’un l'électrochoc: «Qui fait plus de mal à notre pays? Quelqu'un qui détourne les 10 milliards de francs CFA qui devaient servir à construire 100 centres de santé dans l'arrière-pays ou quelqu'un qui, dans le secret d’une chambre, aime quelqu'un, fut-il du même sexe?» |
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