19/06/2010 En six ans, Michael Rogers s'est fait une spécialité de révéler l'homosexualité de parlementaires anti-gays. Un jour, pourquoi pas un président? Rencontre avec celui qui fait trembler les politiciens du Congrès. Le Washington Post a dit de lui qu'il était l'homme le plus craint du «Hill», colline mythique du Congrès américain. Et pour cause, Michael Rogers, pape américain de la pratique très controversée de l'«outing», a pouvoir de destruction sur des carrières et des vies entières. «Les journalistes n'osent pas poser la question: "Etes-vous gay?"» Depuis six ans, sur son blog BlogActive, il révèle le nom de politiciens qu'il accuse d'être «hypocrites». Dans son vocable, ce sont des gays et lesbiennes qui, tout en étant dans le placard, adoptent une rhétorique et des positions résolument homophobes à des fins électoralistes. Sa dernière proie en date est le député républicain Mark Kirk qui a récemment voté contre l'abrogation de Don't Ask Don't Tell, la loi qui interdit aux homosexuels de servir ouvertement dans l'armée. «Je ne me suis jamais trompé, dit-il. Je ne peux pas me permettre de me tromper.» Démocrate, ancien de Greenpeace reconverti en journaliste-entrepreneur (il est entre autres le rédacteur en chef de PageOneQ, un site d'infos LGBT), Rogers a lancé son blog en 2004, à l'approche de la réélection de George W. Bush. En plein «gay-bashing», il partait en croisade contre le silence bien volontaire de ses confrères sur l'homosexualité présumée de certains politiciens. «Ils n'osent pas poser la question : "êtes-vous gay?" car ils ont peur que ça soit la dernière», affirme-t-il. Washington, Lincoln, Buchanan et... ? La première personne à laquelle Rogers a posé la question fatidique était Ed Schrock, un député de Virginie balancé par une source qui détenait un enregistrement audio du républicain contactant un prostitué. Le parlementaire a renoncé à se représenter par la suite. Depuis, Rogers, toujours à partir de sources anonymes, a «outé» une trentaine d'hommes et femmes politiques, pour la plupart républicains. Son «outing» de Larry Craig en 2007, sénateur respecté de l'Idaho, lui a même valu d'être l'objet d'un film, Outrage, qui raconte son travail. «Quand j'ai commencé, je ne pensais pas qu'il y avait autant de politiciens dans cette situation», admet-il. Mais pour Rogers, le plus gros des trophées de chasse est peut-être encore à venir. En effet, quand on lui demande s'il pense un jour «outer» un Président des Etats-Unis, il marque une pause. «Lincoln, Buchanan étaient gay, Washington était probablement gay. Et je pense qu'il y en a un quatrième...», répond-il d'un ton énigmatique. Vivant ? Mort ? Il refuse de donner plus d'informations. «Rappelez-vous, je ne me trompe jamais.» |
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