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Judith Butler a refusé un prix du Courage civil à la gay pride de Berlin | 25/06/2010 Lors de la gay pride berlinoise, l'intellectuelle star des «gender studies» a dénoncé l'instrumentalisation d'une homosexualité «commerciale et islamophobe» devant une foule interloquée... Depuis six ans, la gay pride de Berlin est clôturée par une cérémonie au cours de laquelle deux prix du Courage civil sont décernés. Après l'édition 2010, samedi dernier, qui a rassemblé 500.000 personnes, les organisateurs avaient choisi de mettre en avant la défense des droits des intersexuels. Ils avaient donc décidé de remettre cette distinction à Judith Butler. A 55 ans, la philosophe fait figure de pop star des Gender Studies. Seulement voilà, lorsque l'auteure de Trouble dans le genre, pour un féminisme de la subversion monte sur scène, elle dénonce l'instrumentalisation de l'homosexualité à des fins commerciales et islamophobes et refuse le prix. Un «affront» selon les Verts berlinois Judith Butler aurait voulu qu'il revienne aux associations de soutien aux immigrées lesbiennes (LesMigras) et de lutte contre toutes sortes de discriminations (ReachOut). Elle a ensuite invité le public à se rendre le 26 Juin à la deuxième gay pride de Berlin, la «Transgenialer» appelée aussi «CSD alternative» organisée par ces mêmes associations. La décision de Judith Butler a été applaudie par une certaine partie du public, alors qu'elle est qualifiée d'«affront» par les Verts berlinois. Les organisateurs, dont Judith Butler avait accepté l'invitation, ont quant à eux diplomatiquement souhaité rappeler que l'association LesMigras avait déjà reçu ce prix. Judith Butler: «…Par exemple, certains organisateurs se sont expressément dit racistes ou ne se sont pas désolidarisés de telles expressions. L’organisation refuse d’intégrer des politiques antiracistes dans leur travail. C’est pourquoi je me désolidarise de cette complicité avec l’antisémitisme et l’anti-Islam. Nous, personnes LGBT, pouvons être instrumentaliésés par des va-t-en-guerre qui souhaitent une guerre culturelle contre les immigrants et l’Islam, et pour la guerre en Irak et en Afghanistan. En cette période, nous somme recrutés dans un combat nationaliste et militariste. De nos jours, les gouvernements européens qui défendent les droits LGBT veulent nous faire croire que la lutte contre les immigrants a pour but de nous protéger. Nous devons dire « non » à cela, car c’est scandaleux. Mais qui dit « non » parmi les LGBT aujourd’hui? Si j’acceptais ce prix du Courage, ce ne serait que pour le passer aux groupes qui font preuve réellement de courage aujourd’hui. D’abord, GLADT qui est une association queer qui aide les migrants et lutte contre toutes les discriminations. Ensuite, à SUSPECT, un groupe de queers qui luttent contre l’homophobie et contre le racisme. Puis à REACH OUT, qui lutte également. Ces groupes s’opposent à cette gay pride commerciale. Je veux les féliciter pour leur courage. Moi, je ne peux accepter ce prix.» L’organisateur: «Personne ne peut dire que notre gay pride n’est pas politique. C’est faux. Nous refusons catégoriquement l’allégation de racisme. Vous pouvez crier tant que vous voulez, mais vous ne représentez pas l’opinion majoritaire. Nous souhaitons continuer de travailler avec vous, mais vous le refusez.» |
Source : Par Maud Koetschet - Têtu.com
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